La Guerre de la France au Cameroun - polémique

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Sat, 11 Jul 2015 Source: Aziz Salatou

Pour envenimer « le ressentiment antifrançais », des médias proches du gouvernement tentent de récupérer la promesse de François Hollande.

Deux petites phrases de François Hollande pour des millions d’interprétations. Ainsi peut-on résumer la polémique qui n’en finit pas d’enfler, depuis que le président de la France a dit : « C’est vrai qu’il y a eu des épisodes extrêmement tourmentés et tragiques même. Puisqu’après l’indépendance, il y a eu une répression en Sanaga-Maritime, au pays bamiléké,et nous sommes, comme je l’ai fait partout, ouverts pour que les livres d’histoire soient ouverts, les archives aussi. » Depuis, les débats autour de ce « tabou » que François Hollande a brisé se font passionnés.

Il y a par exemple eu cette réaction pleine d’espoir de cet octogénaire dans une émission de radio « C’est une bonne chose, je vais enfin savoir de quoi mon père était mort ». Il y a des intellectuels, des historiens surtout, qui se réjouissent d’avance de l’opportunité que va leur donner cette déclassification de documents conservés dans les archives françaises.

Ils espèrent qu’une fois ouverts, les livres de la France vont leur permettre d’en savoir davantage sur la période de « rébellion ou dumaquis » des nationalistes camerounais qui ont subi la « répression » qu’à évoqué l’hôte du Cameroun, vendredi dernier. Il y a aussi des hommes politiques qui selon qu’ils sont au pouvoir ou dans l’opposition, voient dans cette annonce un succès du pouvoir de Yaoundé qui a organisé cemoment historique ou, à l’instar de Kah Walla qui pense que, « le Cameroun n’a rien obtenu ».

Au-delà de ce foisonnement d’opinions, une attitude parait insolite. L’offensive médiatique que lancent des personnes réputées proches du pouvoir de Yaoundé, pourmagnifier cemoment et en tirer les dividendes. Des exégètes du Rdpc et des laudateurs de son président Paul Biya écument les plateaux de télés et radios. Si dans les médias gouvernementaux, le ton est modéré, il n’en est pas de même chez beaucoup de leurs homologues, prétendument de la presse « privée », qui, en réalité sont soutenus par des affidés du pouvoir. Come un seul homme, ils semblent avoir reçu la consigne de se saisir de cette opportunité de faire un peu plus de populisme. L’axe qu’ils ont choisi c’est le ressentiment « antifrançais ». Ils le voient partout. Ils l’exagèrent, l’accolent à tous les évènements, surtout aux malheurs et misères des populations.

Pour eux, la déclaration du président de la France est un aveu que ce pays conspire depuis des décennies voire des siècles à asservir les Camerounais. Ils occultent volontairement que c’est l’administration coloniale de la France qui est mise en cause. Ils occultent le fait que ses successeurs actuels à la tête de l’Etat poursuivent la même politique en même temps qu’ils veulent dédouaner l’actuel pouvoir deYaoundé de toute responsabilité, dans cette « répression ».

Leur dessein c’est d’instrumentaliser ce « ressentiment antifrançais des populations », pour faire taire les critiques qu’émet la France sur les questions de gouvernance et surtout d’alternance au pouvoir. « La France estmal placée pour nous faire des leçons de démocratie », les entend-on dire à longueur de journée.

Une occurrence dont semble se moquer Thomas Deltombe, ce journaliste français qui est le co-auteur de Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (948-1971). Il s’est confié à nous. « Le régime camerounais actuel est l’héritier direct du régime installé par la France au tournant des années 1950-1960.

Il fait partie du problème et non de la solution », a-t-il argumenté. Avant d’ajouter : « Que faisait Biya quand la France Assassinait Um Nyobé ? Il étudiait dans la section coloniale du lycée Louis-le-Grand, à Paris.Que faisait-il quand la France empoisonnait Moumié ? Il entrait tranquillement à l’Institut des études d’Outre-mer, toujours à Paris. Que faisait-il quand Ahidjo faisait fusiller Ouandié ? Il travaillait à la présidence du Cameroun et se préparait à devenir Premier ministre », a-t-il déclaré au Jour.

Auteur: Aziz Salatou