La diaspora camerounaise adepte du 'one man show'

La Diaspora Politique Camerounaise La diaspora camerounaise

Wed, 28 Sep 2016 Source: Melissa Mbiaga

Voilà plus de trois décennies que la diaspora politique camerounaise est incapable de parler d’une seule voix. Chaque association membre de la diaspora politique camerounaise a sa propre logique, son propre projet, sa manière de mener le combat bref, ne se sent lié aux autres que par soucis de coopter plus de partisans et d’infiltrer l’autre.

Qui peut aujourd’hui à Londres ou ailleurs affirmer qu’il existe une diaspora politique qui parlerait au nom de tous les opposants camerounais membres de la diaspora qui affirme son identité et sa vision de l'avenir pour notre pays? Personne….

On a plutôt des associations membres de la diaspora politique qui ne serait en réalité que le prolongement à l’extérieur des partis dite d’opposition nationale. De par leur structure et orientation nous avons là une copie conforme de la politique intérieur tant dans ses divisions, ses intrigues, le manque ou le refus d'alternance au niveau de leurs dirigeants.

Certains sont mêmes passées maîtres dans l’art du revirement de situations ou du maniement de la langue de bois. Une autre désolation, certaines de ces associations portent les mêmes noms et partagent presque les mêmes objectifs mais, sont divisées.

A chaque élection à leur tête, dès que le leader perd son poste, il se retire et crée une autre tendance de la même organisation.

Que n’avons-nous pas vu il y a de cela quelques mois avec l’assemblée générale d’une de ces associations qui a vu son président remplacé démocratiquement par un autre membre. Voilà que le président sortant ne voulant pas perdre son poste s’est résolu à créer dans sa contrée une autre association portant le même nom, les mêmes sigles pour s’éterniser à la tête de sa nouvelle cuisine ? Comme quoi, il est aisé de clamer haut et fort qu’il faut qu’il y ait alternance politique au Cameroun et ne pas être capable d’appliquer cela au sein de la structure que l’on dirige.

Cette même diaspora politique camerounaise se renie, se contredit, se fourvoie dans des considérations complaisantes. La tentative de leur rapprochement afin de constituer un bloc unique avait suscité de l'espoir en 2011 avec la création d'un regroupement du Front uni. Au fil du temps, l'égo des uns et des autres, le One man show a repris du dessus. Le m'as-tu vu est revenu en force chez eux.

Manif devant l'intercontinental à Genève, manif à l'hôtel le Meurice à Paris, Manif de l'hôtel IBIS à Bruxelles…, à chaque fois, c'est chacun qui souhaite que l'on parle de lui.

A chaque présence de Paul Biya en Europe ou aux USA, toujours le même refrain, « je manifeste seul ». Je n'invite pas l’autre, car, il viendra me ravir la vedette.... Comme quoi en politique seuls les imbéciles ne changent pas d’avis.

Nous voici encore la semaine dernière aux USA, nous avons vu des organisations camerounaises manifester chacune de son côté. Aucune manifestation fédératrice. Chacune souhaite que l'on parle d'elle.

Sachant que nous avons une diaspora politique à l’image de notre opposition intérieure, elle est composée de gens de peu de conviction. Pendant qu’on s’organise pour se jeter mutuellement les peaux de banane, le pouvoir a mis en branle le train de la conservation du pouvoir. Il sera toujours temps de crier de nouveau à l’usurpation et à la mascarade.

Le discours de la diaspora politique camerounaise reste inaudible parce que le peuple ne veut pas soutenir des gens qui sont devenus des opposants uniquement par intérêt ethnico-personnel. Les conséquences de cette vision de l’échec se manifestent par des associations nées du schisme et qui s’entredéchire à coups de mots invectivant et ruinant ainsi les efforts de mobilisation entreprise.

Ce manque de cohérence issue d’un mutisme politique est suicidaire. Ce que les camerounais attendent de vous chers diaspora politique, ce sont des contre-propositions, un projet unificateur, des prises de positions claires et courageuses dépourvues de toute haine tribale. Pour construire la future alternance au système Biya, le peuple camerounais doit s’appuyer sur des leaders d’opposition fiables. Cela est possible par un débat politique de fond qui réunit tous les opposants au régime actuel.

Aucun changement n’est possible en cultivant la politique de l’autruche et de la haine. Si vous demandez qu'il y ait alternance politique au Cameroun, commencez vous-même à laisser la hiérarchie de votre organisation que vous dirigez depuis des années aux autres. Tout refus d'alternance vaut trahison.

A la diaspora politique camerounaise, il faut amener le peuple à adhérer à un projet par la force des idées novatrices. Ce changement appellera forcément à une recomposition du paysage politique camerounais.

Pour bouger, nous avons besoin d’un dessein, d’un idéal, d’un défi, d’une métaphysique populaire. Pour surfer au-dessus de toutes sortes de divisions haineuses et imbriquer nos intérêts communs pour rejoindre le convoi des nations dynamiques. Nous sommes tenus de combiner l’énergie du désespoir en lucidité. C’est ce postulat qui sera notre meilleur gage d’unité pour construire le Cameroun d’après Biya.

Pour courber définitivement l’échine et les ardeurs de Paul Biya qui veut mourir au pouvoir, l’opposition camerounaise doit être unie, avoir des objectifs bien définis, une stratégie réelle, claire et définie.

Nous devons suivre l’exemple de l’opposition du Burkina Faso unie, aussi bien au sein de sa diaspora qu'à l'intérieure. Evitons de nous upéciser….

Auteur: Melissa Mbiaga