La communauté camerounaise à l'extérieur a maintes raisons de pavoiser avec ses diverses structures et initiatives. Cette diaspora porte haut les couleurs de notre cher pays à l'étranger. Parfois très critiquée, parfois présentée comme la relève après le statu quo politique actuel, c´est aussi une diaspora qui cherche ses repères. Dans ses diverses activités, la culture de l'hospitalité et de bienséance méritent ici ´être analysée.
Ces valeurs fondamentales si chères à nos sociétés semblent perdre de leur valeur au fil des ans, avec pour conséquence le repli sur soi chez certains membres de la communauté. Des scènes absurdes sont observées pendant certains événements et même ceux soi-disant de haut niveau. Une caisse d'argent qui disparaît pendant une soirée; des réunions qui se soldent par des bagarres interminables; des membres du comité d'organisation qui traitent les invités avec condescendance; des "experts" incapables de fournir les informations liées à leur discipline…
Tout laisse croire que certains individus souffrant de la "diplômite" ont trouvé dans les associations une arène pour étaler leurs diplômes dans un contexte occidental où ils pataugent quotidiennement dans l'anonymat. Au lieu de servir, ils attendent le service et rappellent à longueur de journée et à quiconque veut les entendre qu´«ils ne sont pas n´importe qui». Même si ces cas ne sont pas à généraliser, ils sont d'autant plus regrettables parce qu´il s´agit de ceux-là qui monopolisent le discours, se veulent "intellectuels" et réclament leur place dans la future gestion du Cameroun afin, disent-il, de «faire autrement que les aînés». Et pourtant, leurs actes se trouvent souvent aux antipodes du profil du diplômé et de l´intellectuel. L´intellectuel pour qui la règle d´or est la recherche du savoir, de l´excellence, l´humilité et la politesse.
Sinon comment comprendre que nos «futurs dirigeants» n'arrivent pas à traiter avec décence le client lambda mais prétendent changer un jour l'Afrique comme avec un bâton magique? Comment comprendre qu'une structure aspirant à l´émergence se jette dans un arrivisme inutile et traite ses clients avec dédain et malhonnêteté? Comment comprendre que ceux-là même qui vont en guerre contre les gouvernants, ne tardent pas à s´entredéchirer au vu et au su de tous pour le leadership et les partages "gombotiques"?
Lors d´un évènement, il suffit la présence d´un ministre ou d´une autorité politique venue du pays pour qu´on note une ruée des organisateurs derrière celle-ci comme s´ils formaient sa garde rapprochée, négligeant leur tâches et les invités.
Une attitude qu´on attribuerait, selon un camerounisme, au "positionnement". En matière de management de la qualité, le client n´est plus roi. D´ailleurs il n'a même pas le droit de se plaindre. Celui qui ose exprimer son mécontentement reçoit vite la réponse «ce n´est pas facile» ou se voit coller l'étiquette de jaloux, de saboteur et même d'espion. On entend des questions du genre «celui là qui parle même, il est qui? » ou encore «est-ce que tu sais que le président à qui tu parles là, est docteur?»
Et pourtant, cumuler les diplômes d'ingénierie, d'informatique, les doctorats et bien d´autres distinctions devrait plutôt contribuer à cultiver la modestie, la simplicité dans ses rapports avec les autres. Si ce ne sont que les tonneaux vides qui font trop de bruits, pourquoi certains de nos fameux diplômés qui sont supposés avoir dépassé l'arrivisme, le "m´as tu vu" et le ne "me simplifiez pas" tombent-ils si vite dans l'arrogance, le dénigrement de l'autre, la malhonnêteté, l'arrivisme et sacrifient l'intérêt commun pour leur ego personnel? Comment porter de grands titres, se profiler en futurs «dirigeants et sauveurs» de l'Afrique alors que défendre les valeurs de base africaines et copier le positif dans les pays d'accueil, ne s'inscrivent pas dans leur agenda d'ambitions?
Lorsqu'on s'engage dans la gestion humaine:
- Il est vital de faire économie de son égo afin de mettre le focus sur la visée de la chose commune et de mobiliser les ressources nécessaires.
- le mérite et l'expertise restent la clé de toute réussite. Savoir faire appel aux compétences même celles venant de ceux qui ne sont pas nos amis des premières heures.
- savoir faire et laisser faire, c´est à dire savoir déléguer les tâches là où la nécessité s´impose. Il ne sert à rien pour une seule personne de se trouver ballotée entre la réception des invités, la vente de la boisson et le protocole de la délégation ministérielle.
- les structures humaines font toujours l'objet d'un processus et courent à leur perte si les responsables voient en elles un acquis. Pour maintenir ou accroître une réputation acquise, il est nécessaire de faire sienne la philosophie Njoh-Mouelléenne qui consiste à s'inscrire en faux contre la médiocrité et à rechercher en permanence et inlassablement l'excellence dans nos actions quotidiennes. Faute de tels principes, nous risquons de triompher individuellement, sans une avancée commune.
Notre diaspora camerounaise, une des plus dynamiques de l´Afrique a et aura toujours son rôle à jouer dans le développement durable tant de nos pays d´accueil que de notre beau pays le Cameroun. Et pour le faire, ses actions doivent être soumises à nos valeurs fondamentales.