La famille n’est pas une machine à girouettes…

Sun, 4 Oct 2015 Source: Vincent-Sosthène Fouda

Beaucoup s’expriment avec légèreté ces jours sur la famille, profitant sans doute d’un climat qui laisse penser à un laisser-aller au sommet de l’Etat.

La famille est une institution sur laquelle se fondent les rapports humains et autour de laquelle se fonde notre société. La famille, sans doute comme beaucoup d’autres institutions et peut-être plus qu’elles, la famille a été atteinte par les transformations, larges, profondes et rapides, de la société et de la culture.

De nombreuses familles vivent cette situation dans la fidélité aux valeurs qui constituent le fondement de l'institution familiale. Il ne revient pas aux politiques d’entretenir des incertitudes au nom d’un populisme politique qui finit par faire d’eux des girouettes et non des hommes de conviction, des hommes capables d’incarner les institutions et d’engager avec le peuple des réformes nécessaires.

On ne parle pas d’homosexualité comme si l’on parlait de changer d’usine à produire le CFA ! Dans le dispositif familial, le père et la mère ne sont pas interchangeables. C’est en homme averti que je m’exprime sur ce sujet auquel j’ai consacré de nombreuses années de recherches et publications.

Derrière la question de l’homosexualité qui concerne une relation consentie et intime entre deux adultes du même sexe se pose la question de la filiation. Le droit lorsqu’il crée des filiations artificielles, ne peut ni ignorer, ni abolir la différence entre les sexes, nous sommes ici en face du déterminisme sexué.

Je suis clair là-dessus, je le dis avec fermeté, ce qui se dessine dans un certain nombre de discours portés par les médias est une volonté de déstructurer la famille en créant un couple parental homosexuel, en promouvant par petits sauts la possibilité juridique de donner à un enfant deux parents du même sexe dans la société camerounaise.

Est-ce pour en arriver là que nous nous sommes engagés en politique ? Est-ce pour cela que nous sollicitons le suffrage des Camerounais ? La famille n’est pas une fiction, il existe un homme et une femme il n’y a pas d’« hétérosexuel » comme sujet de droit, je n’en connais pas. Il nous faut comprendre que ce n’est pas la sexualité (dans sa pratique ou dans la manière de la pratiquer) des individus qui fonde le mariage ni la vie de couple ni la parenté, mais d’abord le sexe, c’est-à-dire la distinction anthropologique des hommes et des femmes.

Réunir dans une salle des journalistes et leur faire boire comme du petit-lait un message contraire à ceci est dangereux pour notre société. Dans les civilisations comme la nôtre, héritière de nos pratiques ancestrales, le mariage a toujours été l’union légale d’un homme avec une ou plusieurs femmes, dont il fait la mère ou les mères de ses enfants.

En nous inspirant même des civilisations qui se sont imposées à la nôtre, le mot français matrimonial garde la trace du mariage latin, le matrimonium, qui a pour but de rendre une femme mère (mater). Et, si nous sommes heureusement fort éloignés du droit romain et de l'inégalité des sexes qu'il instituait, le mariage n'en repose pas moins encore sur l'union des deux sexes en raison de leur complémentarité dans la génération.

Nous devons apprendre à voir au-delà de ce qui nous est présenté par les marchands d’illusions politiques. Il faut savoir que derrière la question de l’homosexualité, il y a celui de « l’homoparentalité » le nouveau caviar commercial des ONG et des chercheurs d’argent de tout genre. Nul ne peut et ne doit faire semblant d’ignorer qu’un mariage homosexuel instaure de facto symboliquement comme couple parental deux personnes du même sexe et met ainsi en question la filiation bilatérale des enfants (un côté maternel et un côté paternel), c’est aussi la fin de la consanguinité (l’avuman tel que désigné chez les Ekang…) la parenté. Ceci n’est pas un progrès, mais une régression.

Quelle société veut construire le MRC et son président ?

L’institution du mariage nous la puisons dans nos traditions immémoriales ; il n’est donc pas une construction civilisationnelle tout comme la filiation. C’est pourquoi nous avons des villages, que la notion de terroir est si importante chez nous, que la parenté est si importante. L’homme et la femme sont les deux figures fondatrices de la tribu comme de l’ethnie chez nous, je dirai d’ailleurs que chez les Bantous c’est la figure de la femme qui est fondatrice de la lignée.

La coïncidence de la figure du père et de celle de la mère n’est pas un construit, c’est d’ailleurs pourquoi l’on a toujours exigé la fidélité des épouses afin que les pères soient, autant que possible, les géniteurs (cf. Henri Ngoa, le mariage chez les Beti). Quelle société veut donc nous proposer le MRC ? Une société instable et girouette à souhait ? Une société où féminité (anima) qui se définit comme fluidité, tendresse, harmonie, stabilité, clairvoyance se confondrait avec la virilité (animum), l’objectivité et la critique. C’est la politique de la confusion entre l’abstrait et le concret ! Qui doit l’accepter ? Qui doit le subir ? Le peuple camerounais ?

Pour le MCPSD et pour moi, l’avenir de l’humanité passe par la famille ! Il est donc indispensable et urgent que tout homme de bonne volonté s’emploie de toutes ses forces à sauvegarder et à promouvoir les valeurs et les exigences de la famille. C’est l’une des raisons pour lesquelles je me suis engagé en politique. Aimer la famille et vouloir servir le peuple sont pour moi intimement liés ! Ceci signifie savoir en estimer les valeurs et les possibilités, en cherchant toujours à les promouvoir. Aimer la famille et servir son pays signifie reconnaître les dangers et les maux qui menacent à la fois la famille et la société pour laquelle on s’est engagé, mais c’est surtout s’engager à affirmer son leadership pour l’épanouissement et le bien-être de tous. En cela, beaucoup ont failli !

Auteur: Vincent-Sosthène Fouda