La guerre en Ambazonie expliquée aux occidentaux

Mitraillette BIR8aMBAZONIE La crise anglophone dure et continue de faire des victimes.

Wed, 1 Aug 2018 Source: Patrice Nganang

Puisque je ne vis pas au Cameroun, ma tâche est donc d'expliquer la guerre qui a lieu au Cameroun aux étrangers, et surtout aux blancs. D'habitude les blancs ne veulent rien entendre, mais à la différence de mes frères africains, j'ai remarqué que les blancs sont très curieux. Je leur dis toujours ceci, et leur précise que les guerres en Afrique sont très simplement explicables, plus simplement explicables d'ailleurs que celles qui ont eu lieu en Europe et aux Etats-Unis. Je leur dis: en Afrique, il y'a toujours deux choses qui sont comme les allumettes de la guerre:

1) le ressources minières, et dans le Noso c'est le pétrole. Le pétrole camerounais a cette particularité de se situer exclusivement dans la zone anglophone, et d'être géré exclusivement par le pouvoir bulu, par les Francophones donc. Je leur dis que personne ne peut l'accepter, et ce côté est réglé, car en général, les blancs sont sevrés de ce que le gouvernement fait. Par exemple, la baie pétrolière camerounaise et presque complètement vendue aux Français (Perenco qu'on voit-il, et on ne parle même pas encore de off-shore ou se trouve et est raffine la majeure partie du pétrole camerounais, hein), or la France n'a même pas encore parle de la crise anglophone au Parlement, même si Macron est déjà venu au Nigeria, a déjà envoyé son ministron sur place, et a pris fait et cause pour Biya.

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2) le tribalisme, et dans le Noso, c'est un peu complexe à expliquer, car d'habitude les blancs croient qu'en Afrique il y'a des 'haines séculaires', des trucs comme ça qui font découper les gens à la machette. Je leur dis que ce n'est pas le cas, et que les Anglophones ne sont pas une tribu dans le sens anthropologique. Cependant, au Cameroun les Anglophones sont perçus comme une tribu, tout comme les Francophones d'ailleurs. Ils sont donc ce qu'on appelle une 'nouvelle ethnicité', un peu comme les Latinos aux Etats-Unis. Cela, les blancs comprennent directement.

Je leur dis alors que quand les deux critères sont replis, 1) et 2) donc, on est parti pour une guerre qui, même si elle est calmée aujourd'hui, va réapparaitre demain. Je leur dis alors que la guerre civile camerounaise n'est pas différente de toutes les guerres qu'on voit, même si dans sa rapidité, elle est tout de même époustouflante. Six mois après les revendications sociales, les fronts sont déjà traces et les deux parties ont déjà des groupes armes. Cela est très rapide. Je leur dis que cette rapidité vient du fait que les Anglophones aient ente traites pendant plus de soixante ans en esclaves des Francophones - et j'ajoute que le mot 'Bamenda' pour les Francophones, veut d'ailleurs dire 'esclaves.' Cela, les blancs comprennent très rapidement car à la différence de leurs grand-grands-grands parents, les blancs d'aujourd'hui sont contre l'esclavage.

Auteur: Patrice Nganang