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La liberté de presse mise à mal au Cameroun

Le Journaliste Sismondi Barlev Bidjocka Convoque1 Sismondi Barlev Bidjocka, journaliste

Jeu., 13 Oct. 2016 Source: Jean-Marie NKOUSSA

Après trois journalistes en 2014, un autre confrère vient d’être convoqué au tribunal militaire pour divulgation d’informations classées secret-défense.

Sismondi Barlev Bitjocka est attendu au Tribunal Militaire de Yaoundé le 20 octobre 2016 à 7 heures précises. Le journaliste en service à la Radio Tiemeni Siantou, émettant à partir de la capitale, doit se présenter devant la juge d’instruction dudit tribunal, la magistrate Marguerite Meffand Loaw. Le quotidien Mutations qui a révélé l’information indique que notre confrère est accusé «d’atteinte au secret de défense nationale».

«Selon cet article, ledit journaliste aurait révélé une correspondance du Ministre délégué à la Présidence en charge de la Défense, Joseph Beti Assomo, faisant état de menaces terroristes dans certains coins de la capitale. Selon ce quotidien, le document en question se baladerait sur les réseaux sociaux depuis quelque temps déjà», souligne La Nouvelle Expression (LNE), parue le 13 octobre.

En 2014 déjà, trois autres journalistes étaient convoqués devant le même tribunal pour les mêmes causes. Rodrigue Tongue de la télévision Canal 2 international, Felix Ebolé Bola de Mutations et Baba Wamé, enseignant à l’École Supérieure Des Sciences Et Techniques de l’Information et de la Communication (ESSTIC) sont jusqu’à ce jour, poursuivis au motif de: «courant juillet-août 2014, en temps de paix, n'avoir pas averti les autorités militaires administratives ou judiciaires de toute activité de nature à nuire à la défense nationale.

En d’autres termes de ne pas avoir partagé des informations sensibles. Tout comme le journaliste de Radio France International (RFI) Ahmed Abba arrêté en juillet 2015 pour ‘‘complicité d’acte terroriste’’ et ‘‘non-dénonciation’’», rappelle LNE.

Pour le journal, «la recension de cas similaires est dès lors plurielle au Cameroun. Secret défense, secret des sources et liberté de la presse ne sont pas compatibles. La raison d’État se voulant plus importante notamment dans un contexte marqué par la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram. Si la loi de 90 sur la liberté de communication sociale offrait aux journalistes une possibilité d’exercer librement leur métier sans épée de Damoclès au-dessus de leur tête, les récents évènements ont conduit à un durcissement du ton du côté de l’État. Par exemple la loi de 2014 portant répressions du terrorisme ou encore, la loi portant Code pénal promulguée en juillet dernier».

Interrogé par le quotidien privé, Francis Ampère Simo, enseigne du droit des médias explique que «le terme secret défense est utilisé pour définir un niveau d'habilitation d'accès à un document gouvernemental ou militaire restreint par une loi ou un règlement à un groupe spécifique de personnes pour des raisons de sécurité nationale. Il s’agit d’informations qui ne doivent être connues que par des personnes bien définies.

Dans ce sens, présentent un caractère de secret de la Défense nationale les renseignements, procédés, objets, documents, données informatiques ou fichiers intéressant la Défense nationale qui ont fait l’objet de mesures de protection destinées à restreindre leur diffusion… Le journaliste peut avoir accès à des informations classées à condition d’avoir l’habilitation pour le faire».

Auteur: Jean-Marie NKOUSSA