La misère des cigales

Wed, 30 Sep 2015 Source: Abdelaziz MOUNDE

Ils ont chanté toute une vie. Enchantent notre quotidien. Adoucissent dit-on les mœurs. Ce sont des fourmis de notre patrimoine musical. Celui qui tinte parfois frénétiquement dans les bars plus nombreux que les bibliothèques et les sonothèques au pays d'Eboa Lotin.

Créateurs des œuvres de l'esprit, ils sont nombreux depuis des lustres, entre allégeance aux traditions et exploration de nouveaux univers, à remplir les bacs d'une discothèque nationale riche et plurielle, de nos médiathèques de l'esprit.

Celles qui peuplent l'imaginaire, tisse la trame de l'intégration nationale par l'émergence de rythmes, partis d'un terroir pour infuser sur l'ensemble du territoire.

Ce sont des ouvriers des notes, des partitions et des rythmes qu'on traîne en rang d'oignons dans des cérémonies de distribution de guitare, de répartition spéciale de droits d'auteurs décidée par le chef de l'Etat, de convoi à Mvomeka, dans l'ombre d'une élection présidentielle.

Ils sont l'objet de marchandages de négriers de la culture, ligués dans une sorte de triade institutionnelle où rien n'est normal, sinon l'imposture, la veulerie, l'appétit des honneurs et le goût acre de l'argent. Ou des dorures. Celles du bling-bling de producteurs devenus par l'effet d'une baguette de sorcier, grands manitous des droits d'auteur et de la condition des artistes.

A qui la faute ? Comme le demandait un comédien de la célèbre série Kabeyene des temps bénis de la Crtv. Quand Ottou Marcellin, aujourd'hui dans le train de ses 30 ans de carrière, grinçait des cordes, les textes d'une inspiration savoureuse et intelligente, cisaillés au cordeau de l'esprit, portés par une voix singulière au trémolo de Brassens.

Avant de grincer des dents, convoqué au ministère, guignant sur une liste blafarde un nom, qu'il a passé des années, comme d'illustres aînés et sémillants cadets, à se faire. Pour peut être 100. 000 franc cfa - la pitance offerte par le président.-, comme se plaignait dans un reportage hier au journal de 12 h, un des ses collègues, obligé de dérouler en deux secondes ses années de service à la musique et à la culture.

De quoi turlupiner, pour reprendre Donny Elwood, chansonnier de son sillon. Il faut le dire, au Cameroun, il n'y a que sur les estrades, podiums, le temps d'un concert que les artistes-musiciens sont en haut. Triste spectacle, on est descendus bien bas !

Auteur: Abdelaziz MOUNDE