Comment ne pas saluer l'opération d'assainissement dans le secteur de distribution de l'énergie actuellement en cours dans la région du Centre ?
Le communiqué, rendu public mercredi dernier par le gouverneur Joseph Otto Wilson, précise que plus de 4000 ménages sont frauduleusement branchés au Réseau interconnecté sud (RIS) de l'entreprise Eneo.
Si chaque clandestin consomme une dizaine de kilovolts seulement le mois, cela fait une quantité importante d'énergie, avec des conséquences désastreuses sur l'économie : perte sèche pour l’entreprise, les abonnés réguliers sont spoliés...
Dans un contexte de déficit de production d'énergie et d'importantes coupures de lumière en saison sèche, cette pratique est mal vécue par les abonnés en règle. Cette fraude, à ciel ouvert, concerne plusieurs quartiers de la capitale, des localités reculées, bref, les fraudeurs se recrutent dans toutes les couches sociales.
Les responsables de l'entreprise distributrice de l'énergie mènent cette opération de concert avec les autorités administratives. Les agents de police et les huissiers de justice font également partie de cette équipe.
Mais, les premiers échos indiquent que les clandestins qui ont pris goût à cette gratuité opposent une farouche résistance à l'opération. Et ils pointent un doigt accusateur sur la lenteur des procédures d'accès au réseau.
Autant dire qu'il y a de l'électricité dans l'air quand l'on sait que ces branchements sont effectués directement sur les poteaux transportant parfois des hautes et moyennes tensions, jugées très dangereuses.
Mais, comment en est-on arrivé là ? Cette fraude ne saurait prospérer si elle ne bénéficiait pas des complicités insoupçonnées dans le circuit de distribution de l'énergie à travers les quartiers et zones rurales.
Et le branchement clandestin présente plusieurs visages. Une source introduite explique que la plus grande partie de ces branchements frauduleux est effectuée à l'insu de l'entreprise chargée de la distribution de l'énergie. La complicité commence parfois chez le propriétaire d'un branchement normal.
Ce dernier s'entend avec son voisin : les deux font appel à un technicien du quartier et le tour est joué. L'autre cas de figure concerne un consommateur ordinaire qui n'arrive pas à payer ses factures mensuelles. Celui-ci se rapproche d'un agent-partenaire d'Eneo, pour lui demander de tout faire pour baisser sa consommation mensuelle.
Dans cette catégorie, on peut retrouver les opérateurs économiques qui ont des chambres froides, de grands bars, snacks et autres menuiseries qui consomment d'importantes quantités d'énergie. Ces derniers veulent gagner gros et payer peu les factures d’électricité.
Il n'est pas exclu que des opérateurs câbleurs que l'on retrouve aux quartiers arborant les mêmes équipements que les agents-partenaires d'Eneo facilitent la tâche aux fraudeurs.
Mais, rien ne justifie que des individus se permettent de se brancher directement au réseau d'électricité au mépris de la législation en vigueur et au péril de leurs vies.
Aux dires des responsables de l'entreprise distributrice de l'énergie, il se trouve que les branchements clandestins sont l'apanage de nouveaux clients qui ont de la peine à s'acquitter des frais exigibles, une fois que leurs devis sont délivrés.
Ils donnent alors des rendez-vous qu'ils n'honorent jamais. Et deux à trois mois après, l'on constate qu'ils sont directement branchés. Cette fraude n’a que trop duré. Le manque à gagner est considérable.
Il est temps de traquer toutes les complicités pour servir la quantité d'énergie disponible aux clients légitimes. Et souhaiter que l’opération s’étende sur l’ensemble du territoire national.