Mbiagate on n’en n’est pas si loin. Quoiqu’il en soit, Stéphane Mbia aurait raison s’il en venait à regretter son transfert du Fc Séville en Espagne pour Trabzonspor en Turquie. Car depuis ces deux dernières semaines, l’international camerounais est au centre d’une grosse polémique.
Loin des pelouses où il est pour le moment irréprochable, le capitaine de la sélection nationale fanion du Cameroun fait les choux gras de la presse locale et étrangère qui l’ont dans leur ligne de mire. Le premier média à allumer la mèche c’est le journal turc Hurryet, abondamment relayé par plusieurs sites d’informations françaises (France 24, le Figaro, Ouest-France) pendant le weekend du 07 au 09 août dernier.
A en croire l’article du célèbre canard, la nouvelle équipe de l’ancien défenseur de l’Olympique de Marseille lui aurait permis de mettre toute sa famille en sécurité, loin des violences de la secte islamiste Boko Haram. Pour motiver cette allégation, le journal soutient « qu’après avoir vu des images d’une récente attaque de la nébuleuse contre son village au Cameroun, le joueur avait demandé de l’aide aux dirigeants de Trabzonspor ».
Levée de boucliers
Ces derniers ont alors transmis sa requête au ministère turc des Affaires étrangères, qui a « réussi à transférer son père, sa mère et deux de ses proches en lieu sûr ». Ils ont ensuite pu bénéficier d’un visa pour se rendre en Turquie. Cerise sur le gâteau, Hurryet jure reprendre Mbia qui, en guise de reconnaissance après cet heureux dénouement aurait déclaré : « Je n’oublierai jamais votre aide pour le restant de ma vie ».
La nouvelle va donc créer le buzz sur la toile au point de provoquer dans le milieu du football, commentaires antipathiques et levée de boucliers dans le camp des détracteurs de l’ancien défenseur de l’Olympique de Marseille.
Plus intriguant : le village d’origine du footballeur, situé dans l’arrondissement de Mbankomo, dans la région du Centre ne se trouve pas dans une zone soumise aux attaques de Boko Haram qui se déroulent à plus de 1200 km du lieu de résidence de sa famille. Les Mbia habitent Biyem-Assi, un quartier de l’arrondissement de Yaoundé 6 où le reporter du Messager s’est rendu pour recoupements.
Destabilisation
Entre étonnement, indignation et procès contre « la presse à gage », la famille parle de cabale dans le dessein de déstabiliser l’ancien milieu de terrain du Stade rennais. Il a fallu attendre deux jours pour que Mbia, à travers son compte twitter, apporte (enfin) un cinglant démenti à ce que d’aucuns ont taxé de folle rumeur.
« Contrairement à ce que j'ai pu lire dans les journaux concernant la visite de mes parents, je tiens a préciser que mes proches ont toujours eu l'habitude de me rendre visite depuis que j'évolue de façon stable en Europe et cette visite n'a absolument rien à voir avec tout ce que j'ai pu lire sur une quelconque instabilité au Cameroun. Le Cameroun reste un pays stable et de paix où moi même je n'hésite pas à me rendre dès que j'en ai la possibilité », peut-on y lire.
Dans la foulée, ses parents reconnaissent que seul, un des cadets de la star, élève au collège la Retraite à Yaoundé, séjourne actuellement en Turquie pour des vacances scolaires, le temps de changer un peu d’air et d’oublier son échec à l’examen. Alors qu’on accusait déjà la presse turque d’en avoir injustement après l’ancien défenseur central de l’Om, la France revient à la charge. A la manœuvre, Libération, Le Point et l’Express, trois cadors dans le paysage des médias écrits au pays de François Hollande.
Ministre des affaires inutiles
Le ton est dur, les affirmations graves et l’effet caustique. S’appuyant sur les déclarations (teintées d’ironie) de l’ambassadeur de Turquie au Cameroun qui s’est confié à nos confrères du journal Le Jour, ils en remettent une couche. «Je ne peux malheureusement pas répondre à toutes vos questions.
Je suis obligé de dire qu’il y a des choses qui vont gêner le peuple camerounais et le gouvernement. Je suis déjà très gêné par cette affaire […] Une partie de sa famille est partie normalement mais le reste, vous devez lui demander et je dois vous dire qu’aucun journal turc ne peut publier de pareilles informations sans vérifier », a confié le plénipotentiaire de la République turque à Yaoundé.
Comme si cela ne suffisait pas, les trois journaux rappellent pour que nul n’en ignore que, quand il évoluait à l’Om, le fils d’Adèle Antoinette Belinga et de Jean-Marie Etoundi était surnommé «le ministre des Affaires inutiles» par son ex coéquipier Souleymane Diawara.
La raison ? « Il pouvait dire noir un jour, blanc le lendemain, que ce soit sur son positionnement tactique ou sa prolongation de contrat. Sur un ton bien plus sérieux, il disait parfois découvrir chaque semaine un nouveau membre de sa famille, surtout après la signature d’un gros contrat », écrivent-ils.
Remettant ainsi en question la parole du nouveau capitaine des Lions indomptables noirci par certains professionnels de plume et du micro au motif qu’il est le maître chanteur de la tanière des quadruples champions d’Afrique.