Le Cameroun est un vaste étang où les signes d’un malaise sont bien visibles

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Tue, 14 Jul 2015 Source: Leon Tuam

La gestion égoïste, calamiteuse et sans vision du Cameroun par les dirigeants du régime en place ne peut en aucun cas nous entraîner à ignorer d’autres maux dont souffre la société camerounaise et qui ne relèvent pas des forces de nuisance extérieures, mais dont ce régime reste entièrement responsable.

Mais avant de parcourir quelques-uns de ces maux, il faut d’abord déplorer et condamner les attentats et tueries des Camerounais perpétrés au nord du pays par la France déguisée qui utilise sa Légion Etrangère et d’autres brebis galeuses locales pour répéter et perpétuer les carnages des années d’avant et d’après « l’indépendance ».

Face à cette situation très douloureuse, il faut regretter aussi la dispersion des anciens Etudiants Parlementaires des années 90s car, si cela n’avait pas eu lieu, l’ennemi de toujours de notre peuple qui revient ouvertement aurait déjà eu des répliques à la hauteur de ses provocations et cruautés au Cameroun.

Revenons au sujet d’aujourd’hui. Ce n’est pas une exagération d’affirmer que le Cameroun est un vaste étang où les signes d’un malaise profond sont bien visibles en surface.

Il n’est pas question ici de parler des calculs et conflits qui hantent les gens du régime au pouvoir et de l’opposition qui guettent le retrait de Paul Biya pour sauter sur le pouvoir dans le but de se faire aussi appeler président comme lui. Les maux dont nous allons parler ici sans être exhaustifs sont nombreux.

* La corruption tous azimuts, la paresse et le refus de travailler normalement chez les fonctionnaires camerounais et certains jeunes. Devant la médiocrité généralisée venue du sommet de l’Etat, c’est presque tout le monde qui convoite et explore les voies de la facilité, et cela entravera longtemps la marche du pays au vrai progrès. Doivent bien y songer les futurs dirigeants du Cameroun.

* L’alcool, la drogue et la cigarette. D’aucuns diraient qu’il relève de leur droit de boire, de se droguer ou de fumer. Mais il n’en est rien. La vente et la distribution anarchiques d’alcools, de cigarettes et de drogues à large échelle et leur consommation immodérée n’ont jamais conduit au rendez-vous de la prospérité et de la libération d’un peuple.

* Les jeux d’argent ou la loterie, et essentiellement le PMU. L’on est venu, à force des publicités, à faire croire au Cameroun urbain que l’on pouvait devenir facilement riche en se livrant aux jeux d’argent, en jouant et jouant inlassablement au PMU.

Non, c’est archi faux. La richesse se pense. La richesse se crée. La vraie richesse se mérite. La richesse est dans le travail intelligent du travailleur ambitieux, qu’il soit agriculteur, éleveur, éducateur, ingénieur, commerçant, ou de profession libérale, etc.

C’est pourquoi les candidats sérieux à la présidence du Cameroun doivent avoir le bannissement de certains jeux d’argent dont le PMU dans leur programme politique.

C’est aussi pourquoi ces futurs dirigeants doivent s’asseoir, cogiter et affronter le régime néocolonial en place avec le peuple, et le contraindre aux bonnes réformes qui ouvrent sur des découpages électoraux justes et des règles électorales claires, au lieu de se faire des illusions que c’est Paris ou Washington, Pékin ou Londres, etc. qui leur laissera choir le pouvoir politique dans les mains au Cameroun.

* Les injustices et crimes de tous genres. Les injustices et crimes multiples calcinent et l’âme et le corps de tout un peuple dont les dirigeants se distinguent brillamment par l’indifférence et les victimes par leur impuissance.

Cette absence ou fuite de l’Etat au Cameroun devrait pourtant pousser les populations victimes à se prendre en charge partout, en s’organisant pour lutter et recouvrer leur dignité et tranquillité. Car, il n’y a rien qui vienne à bout des masses bien organisées et décidées.

* Certaines émissions télévisées. Il est au Cameroun des programmes à la télévision qui polluent et détruisent la santé morale et physique des populations camerounaises déjà bien affaiblie due aux effets de la colonisation ; il convient de les supprimer tout simplement. Je ne veux pas en citer ici, mais nous les connaissons.

* Les signes de ce malaise profond au Cameroun sont aussi visibles dans les musiques, les vêtements et les danses. Le laxisme et l’irresponsabilité des dirigeants camerounais ont fait naître dans nos sociétés des tourbillons qui emportent tout au passage. Mais écoutez… écoutez vous-mêmes certaines

musiques sous ce régime ! Voyez certaines danses et certains costumes ! Qui nous respectera quand nous ne nous respectons pas nous-mêmes ?

Combien de temps nous faudra-t-il pour apprendre et comprendre que la musique, la danse et le mode vestimentaire tout comme les autres productions artistique et littéraire constituent la porte d’entrée d’un pays et ce par quoi l’on juge le sérieux de son peuple ? On dirait : Tel régime telles créatures !

* Les religions importées. Le mal que les religions importées font à la société camerounaise et africaine en général sera plus dévastateur que le choléra et le paludisme réunis, si très vite rien n’est fait. En plus elles divisent la société.

Ce Dieu avec ses mystères que nous présentent ces religions importées-là n’existe pas. Il n’est ni au ciel ni sur terre. Ce Dieu qui a laissé les peuples noirs partout dans le monde passer par toutes les humiliations et tous les génocides n’existe pas. Je suis médusé que Camerounais et Africains ne lisent pas dans leurs tragédies anciennes, récentes et présentes et changent radicalement.

Les lieux officiels de rencontres des fidèles de ces religions devront ouvrir leurs portes le matin et les refermer partout à la nuit tombante. Nul ne devra y passer nuit. La distribution des brochures et livres et prêches ou conquêtes de nouveaux membres en public devront être vues comme des harcèlements et être punies.

Ceux qui transforment leurs domiciles en lieux de culte et séances de prières publics devront être sévèrement punis. Les lieux de travail sont des lieux publics. Les dirigeants patriotes responsables devront visser graduellement et calmement jusqu’à l’asphyxie de ces choses qui nous gardent dans le noir. Le degré de fanatisme des fidèles de ces religions nous traîne vers l’apocalypse.

* Les divisions ethniques ou tribales. C’est un mal dont souffre le Cameroun depuis que la France y a mis pied et l’a exploité et utilisé comme cheval de bataille pour mieux s’imposer, nous dominer, nous humilier et nous piller. Ses agents locaux successifs l’ont perpétué et renforcé jusqu’à nos jours.

Et ceux qui (sans être camerounais) dénoncent ce mal qu’est le tribalisme au Cameroun, ne le font pas parce qu’ils voudraient un Cameroun futur uni, juste, en paix et prospère ; mais c’est pour raviver les courroux de ceux qui se sentent frustrés et marginalisés. C’est pour tenter de mettre les victimes de ce tribalisme d’Etat sur le pied de guerre, et je dis : Non. Faisons attention !

Les divisions tribales ou ethniques étatisées sont un fait au Cameroun, certes ! Pendant que d’aucuns y perdent, d’autres croient y gagner, et c’est faux. Tous, nous perdons tant que ce mal continue. Le pays en tant qu’un ensemble indivisible y perd beaucoup.

L’une des grandes tâches des vrais dirigeants du Cameroun du futur consisterait dès à présent à sensibiliser et conscientiser les populations urbaines et rurales là-dessus. Les vrais intellectuels patriotes camerounais rendront un grand service à leur pays en élevant le débat là-dessus au lieu de saisir ce problème pour s’enfoncer et disparaître sous la fange.

Ces populations ne comprennent pas toujours que c’est toujours sur elles et contre elles que les soient-disant fonctionnaires et élites (champions des divisions tribales) gagnent leurs immenses richesses et privilèges. Elles ont été tellement abusées et réduites au rang de clochards qu’elles s’agenouillent aisément devant eux pour recevoir ce qui est à elles et pour des services pour lesquels ils sont rémunérés.

La tâche des futurs dirigeants du Cameroun c’est aussi d’éduquer les populations et de les placer en état de pouvoir bien saisir que leurs multiples bourreaux les enferment dans les prisons de haines entre elles-mêmes et des divisions ethniques ou tribales pour mieux les exploiter et s’épanouir, pendant que le pays s’enfonce… et s’enfonce.

Les Camerounais doivent comprendre que la pire des prisons où ils se trouvent à nos jours est justement celle des divisions ethniques ou tribales, et qu’ils ne pourront vraiment se libérer des autres (y compris celles où l’occident les enferme) en étant dans la pire. Elle nous cloue sur place. Elle nous émascule.

Les divisions tribales et ethniques saisissent et détruisent les talents ou les génies nationaux. Elles captent et sucent les énergies nécessaires à l’érection d’un pays prospère et fort. Elles sont les fissures par où passent facilement les Parasites vecteurs de beaucoup de maux sociaux. Sortir de la prison du tribalisme veut dire qu’ensemble nous saurons faire face à toute menace, qu’elle soit interne ou externe. Tâche bien réalisable à la fois ardue ; pilule bienfaisante très amère pourtant, lorsqu’on sait à quelle profondeur les racines des divisions tribales ou ethniques et parfois religieuses se trouvent dans les consciences au Cameroun et partout en Afrique francophone.

Face à ces sillons profonds dénotant un malaise profond dans la société camerounaise, va-t-on rester pessimiste quant à l’avenir ? Je dis : Non. Le courage et la volonté politique chez les futurs leaders camerounais mettront fin à ces maux. Le peuple est prêt aux sacrifices et attend de travailler avec des dirigeants qui savent où se trouve le pays et vers où il doit vraiment aller.

Auteur: Leon Tuam