Le Cameroun, notre cher et beau pays, n'est pas à un paradoxe près. Tel un puissant arbre portant un abondant et succulent fruit, c'est ainsi que le berceau de notre existence subit la rage des morceaux de bois, et la cuisante morsure des pierres que lui jettent nombre de ses rejetons transpirant l'ingratitude. Par ignorance, peut-être, mais par cupidité assurément. Ce qui revient au même. Car, si par ignorance, certains en sont au point de ne pas savoir que le travail est à la base de la jouissance, ils rejoignent pourtant les cupides, insatiables et impitoyables, dans leurs tentatives d'accaparement des fruits du dur labeur collectif. Et s'il faut pour cela débrancher et déraciner notre arbre de la prospérité, alors tant qu'à faire ! Le Cameroun, c'est aussi cette poule aux œufs d'or, dont les richesses suffiraient au bonheur de ses propriétaires que nous sommes.
A la condition de bien entretenir la poule, plutôt que d'essayer de la trucider, toujours par cupidité et par égoïsme. Au point de se revendiquer de deux tribalités d'opportunités inventées de toutes pièces. L'on aurait ainsi des Anglophones d'un côté, des Francophones de l'autre, les deux irrévocablement séparés. Comme si les pratiques linguistiques importées venaient dissoudre et les antiques liens de fraternité, et les affinités culturelles découlant de la consanguinité de nos langues vernaculaires. Une terrible déroute morale, un effroyable et honteux déni d'originalité que l'on voudrait nous imposer ! Une attitude dangereuse à tout point de vue, le Cameroun ne pouvant subsister sans la sève nourricière que lui apporte son épais réseau racinaire, à partir du terreau de fertilité gorgé de l'énergie de sa myriade de tribalités séculaires. Et puis, il y a ces profiteurs de chaos, qui se font des cauchemars tout éveillés, à la vue de notre pays traçant impétueusement sa route vers la prospérité. Un véritable exploit par ces temps de tourmente perfidement orchestrée. Autant pour la paix dont il jouit que pour les richesses dont il regorge, le Cameroun est admiré, et surtout convoité. Et c'est nous qui sommes en danger.
Car des agressions, il est probable qu'il y en ait encore, du moins aussi longtemps que vont persister les oppositions hégémoniques planétaires. Heureusement que nous sommes avertis. Ne coupons donc pas l'arbre de la prospérité, notre prospérité, sous peine de nous retrouver sans couverture, sans provisions et à la merci des aléas qui ne sont pas que climatiques. Ne tuons pas notre poule aux œufs d'or, au risque de nous retrouver fort démunis, en ce moment où la cohésion sociale et le poids économique font la puissance des Nations. Le Cameroun, notre cher et beau pays, est une terre fertile qui ne demande qu'à être défrichée, labourée, ensemencée, protégée et défendue contre toutes sortes de prédations. Au milieu du jardin que nos aïeux ont cultivé, prenons le plus grand soin de cet arbre au tronc majestueux, à la frondaison dense et verdoyante, et donc le fruit abondant et juteux, rassemblera et rassasiera ses enfants réchauffés par la flamme vivifiante de l'Unité Nationale