L’Afrique a besoin de démocratie, mais de sa démocratie à elle. Notons que la démocratie a une double dimension :
-une DIMENSION CITOYENNE, où tous les citoyens se valent : « un citoyen, une voix » ;
-une DIMENSION COMMUNAUTAIRE, où le peuple s’exprime en segments communautaires : « les positions de chaque segment ont la même légitimité » ;
Les deux dimensions présentent la même légitimité et la véritable démocratie consiste à trouver la bonne combinaison entre les deux formules. Le point d’équilibre relève de l‘histoire, du niveau économique, du niveau d’hétérogénéité sociologique, etc.
Aux USA par exemple, Donald Trump a été élu du point de vue communautaire, à travers les Grands Electeurs, représentant les Communautés (Etats) alors que du point de vue populaire, il était battu. On ne pas dire qu’il n’a pas été élu démocratiquement !
Cette double dimension s’exprime par deux types de Chambres au Parlement : l’Assemblée représente le peuple des citoyens, et le Sénat représente les Communautés.
Lorsque, comme les Nègres en Afrique l‘ont fait, vous proclamez « l’unité nationale » niant la diversité et que vous prétendez fabriquer une démocratie exclusivement citoyenne, la dimension communautaire que vous avez évacuée officiellement viendra perturber tout le processus. Et vous verrez bien que la première chose que fera le Président qui prétend combattre les tribus sera de se protéger par une garde présidentielle ethniquement homogène, confier les postes stratégiques aux siens, et s’appuyer sur les chefs des communautés pour maintenir son pouvoir. Il se produit intrinsèquement un écart entre le discours qu’il tient officiellement et ses actes.
La conséquence de tout cela ? Le pouvoir devient un instrument de luttes violentes, où chaque Communauté prétend y mettre la main ou le confisquer, justement au nom de l‘unité nationale !
Vous ne pouvez pas bâtir une véritable démocratie au Cameroun en dehors d’une Fédération qui définit les espaces où le peuple s’exprime comme ensemble de citoyens homogènes, et d’autres espaces où il s’exprime comme ensemble cohérent de segments communautaires.
Le Cameroun ne peut pas se développer s’il n’est pas démocratique et la seule démocratie possible est le système fédéral qui fixe les deux dimensions. Il n’existe aucune d’une démocratie dans la négation de sa diversité et il faut mettre fin à cette hypocrisie, où ceux-là mêmes qui défendent l‘Etat unitaire et ses prétendues « unité nationale » ne sont mus que par les intérêts communautaires.
En réalité, ceux qui réduisent la démocratie à sa seule dimension citoyenne sont clairement des hypocrites et ceux qui font la promotion des « autocraties soi-disant éclairés » pour résoudre le problème du Cameroun sont des imbéciles.