Le Mvomeka'a de Paul Biya qui a tout, contre le Mvomeka'a qui manque de tout

Biya Unite .png Paul Biya et sa famille et des cadres de la présodentielle

Thu, 18 Jul 2024 Source: Daniel Essissima

Du 7 au 13 janvier 2018 dans son n°2974, le magazine Jeune Afrique avait fait un reportage dans le village natal de Paul Biya, Mvomeka'a situé au Sud du Cameroun dans l’arrondissement de Meyomessala à 180 km de Yaoundé.

On y apprend qu'il y'a deux Mvomeka'a. Celui de Paul Biya avec route parfaite menant au palais, à l'aéroport et le reste sans eau courante, ni électricité.. Pour la majorité des Camerounais qui n’y ont jamais mis les pieds, Mvomeka’a est un îlot de privilégiés. Chez les locaux, ce palais dont ils sont tenus à l’écart génère au contraire parfois des frustrations.

Voici l'extrait :

Aujourd’hui, les habitants de Mvomeka’a restent « biyaïste » (« C’est notre personne », y entend-on souvent). Mais la présence du palais génère aussi de l’exaspération. « Il y a deux Mvomeka’a. La route qui mène au palais est parfaite. Mais regardez l’état des autres ! Qui peut croire que nous sommes les voisins directs du chef de l’État ? » demande Émilienne, une institutrice, avant de conclure, amère : « Nous ne sommes pas les petits princes que certains imaginent. L’eau courante fait défaut. Depuis trente-cinq ans, Biya omet de régler les problèmes de son village. »

La population laisse parfois entrevoir sa désapprobation. Comme en août 2015, lorsque des habitants avaient boudé la cérémonie d’inauguration d’une mini-centrale solaire offerte à la localité par la firme chinoise Huawei Technologies pour un coût global de 454 millions de F CFA. Installée tout près du palais présidentiel, cette infrastructure ne profite qu’à Paul Biya, selon les habitants (moins d’un quart d’entre eux ont accès à l’électricité).

Émilienne aimerait voir Biya se servir de son pouvoir pour transformer son fief en une ville résolument moderne. Au contraire, il en a fait un sanctuaire d’œuvres inachevées, comme les 120 logements sociaux financés en partie par le Crédit foncier du Cameroun.

Treize ans après le lancement de ce programme, en 2004, dix villas sortent péniblement de terre. David Nkoto Emane, le très dévoué directeur général de Camtel, également originaire de la région, a bien tenté de sauver les meubles en achetant une cinquantaine de logements destinés à ses salariés pour un montant de 100 millions de F CFA. Mais son initiative a fait long feu.

Auteur: Daniel Essissima