Le TCS impose un réaménagement du gouvernement

Sat, 18 Jun 2016 Source: Camer.be

Magistrats et enquêteurs souhaitent voir de nombreux ministres déchargés des fonctions gouvernementales pour répondre de leurs actes. Par ailleurs, à Etoudi, il y a des postes vacants... Déjà, il se susurre, la désignation de Mengot Victor Arrey-Nkongho à la Primature en remplacement de Yang Yundji Philémon, ministre depuis 1975…

La loi au Cameroun n’accorde aucune immunité particulière aux ministres et assimilés. Logiquement, ceux-ci doivent se présenter aux convocations de la justice. Seulement, à en croire plusieurs enquêteurs et magistrats, les civilités républicaines envers les membres du gouvernement et assimilés bloquent des affaires devant des juridictions.

Et, cette situation semble se poser avec acuité au Tribunal Criminel Spécial où les magistrats ont sur leurs tables de nombreux dossiers impliquant des membres de l’équipe Yang en fonction. Une situation embêtante pour le TCS qui évite une fresque rocambolesque comme celle de l’affaire Louis Bapes Bapes. Ministre des Enseignements secondaires au moment des faits, aujourd’hui décédé, Louis Bapes Bapes avait été convoqué, entendu et placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Yaoundé –Kondengui.

Il s’était vu libérer 24 heures plus tard, à la suite de la menace proférée par certains codétenus d’arracher et de déchirer des parapheurs que les services du MINESEC s’apprêtaient à lui apporter pour sa signature dans sa cellule. Ce qui aurait eu pour effet psychologique de donner l’impression de trainer la République dans la boue ou en prison.

Selon des sources concordantes, des procédures judiciaires relatives aux affaires comme celle du Port de Kribi, où, en plus du scandale des indemnisations, il y a les détournements massifs des fonds qui ont réduit ce projet à deux quais très en deçà du projet initial pour un port en eau profonde et même du port fluvial de Douala qui en compte dix-sept, les récentes arrestations au MINEPAT et au MINFI, les dossiers Camwater, Camair-Co et plusieurs autres encore sont sur les tables des magistrats et enquêteurs.

Ces dossiers pour lesquels certains protagonistes, tous des responsables publics sont déjà mis au gnouf, impliquent directement des membres du gouvernement. Mais, ils risquent ne pas connaitre l’évolution normale du fait de la bienséance due à ces ministres et assimilés.

Pour faire avancer ces procédures et donner un coup d’accélérateur à la lutte contre la prévarication de la fortune publique, le TCS, la juridiction qui semble encore résister à la corruption aurait transmis plusieurs dossiers comportant les noms de certains ministres au Chef de l’Etat, par ailleurs Président du Conseil Supérieur de la Magistrature.

On attend tout simplement le bon geste du Président de la République pour que la justice poursuive son cours normal. ‘’La justice a la volonté de mener le combat pour la protection de deniers publics. Il faut que le volet politique l’accompagne. Des ministres sont cités dans des affaires. Ils doivent répondre de leurs actes. Il y a toujours la présomption d’innocence. Se présenter à la justice n’induit pas systématiquement la culpabilité.

Ceux qui seront lavés de tout soupçon reprendront des fonctions et les coupables rendront gorge. C’est comme ça à travers le monde. On se met d’abord à la disposition de la justice, le temps des clarifications’’, analyse un cadre juridique en service au CONSUPE, situé juste en face du TCS.

Des indicateurs

Au palais de l’Unité, ceux qui savent lire les indicateurs du langage des actes présidentiels relèvent que le Chef de l’Etat serait déjà sur ses notes. Son voyage actuel en Europe s’inscrirait en droit ligne de ces indications. On présente à cet effet, qu’en plus des affaires concernant le TCS et les scandales que le pays a connu ces derniers temps, qu’il y a des postes vacants comme par exemple les deux adjoints au SGPR. Séraphin Fouda promu SGPM n’a pas encore été remplacé comme Peter Agbor Tabi qui vient de décéder.

Il y a également des ministres dont l’état de santé est très préoccupant. Par ailleurs, le plan d’urgence jeunes et d’autres plans mis en oeuvre par le Chef de l’Etat comme la traduction dans les faits des résolutions de la Conférence « investir au Cameroun, Terre d’Attractivités » imposent de changer le cap. De passer véritablement à l’action. Ce que l’actuel chef du gouvernement et bon nombre de ses ministres ne présentent pas suffisamment des aptitudes à accomplir avec efficacité. Le gouvernement semble littéralement lessivé.

Il y a unanimité sur l’incapacité de l’actuelle équipe à remplir le cahier de charge qui est le sien. Pour de nombreux observateurs, le remplacement du premier Ministre transparent et des ministres inertes constitue un premier pas vers une véritable mise en route des idées présentées dans les différents plans et programmes voulus par le Président Paul Biya pour son pays.

Auteur: Camer.be