Le bilan politique et démocratique de Biya en 33 ans

Sat, 14 Nov 2015 Source: Dr Constant Tibom

Le Renouveau national vient de souffler sur sa 33ème bougie. C’était le 6 novembre 2015. Souvenir, retenu et responsabilité sont les trois attitudes qui ont rythmé cette célébration teinté des affres de la guerre asymétrique que le Cameroun mène contre la secte terroriste, Boko Haram… De novembre 1982 à novembre 2015, en passant par le 6 avril 1984 et le 19 décombre 1990, autant de dates qui marquent. Le Cameroun de Paul Biya a tenu le difficile pari de la modernité démocratique.

Le 6 novembre 1982, Paul Biya accédait à la Magistrature suprême du Cameroun, sous un ciel bleu azur traduisant une météo politique calme et sereine.

Le 3 juillet 2015, le président Biya le soulignera, en répondant à un journaliste de France 2 : « Je n’ai pas accédé au pouvoir de manière dictatoriale », soulignera-t-il d’un trait fort.

Il a raison, l’alors Premier ministre de 1982 dut son challenge présidentiel au mécanisme constitutionnel monolithique faisait du premier des ministres, le successeur constitutionnel du président de la République. Paul Biya devra son choix à son dévouement, à sa bonne tenue, à l’assiduité de son travail. Très vite le ciel de remplit de nimbus cumulus.

La météo politique s’assombrit d’un trait. Di bicéphalisme observé dès janvier 1983, au coup d’Etat manqué du 6 avril 1984, il y a le complot annoncé au peuple par Paul Biya le 22 août 1983.

On l’aura vite compris, à peine s’est-il assis sur la cathèdre du pouvoir qu’on voulait l’en faire partir. En 1984, il anticipe l’élection présidentielle, et met aussitôt le poste problématique de Premier ministre entre parenthèse.

Le 24 mars 1985, Paul Biya enchaine les réformes politiques par l’UNC (Union Nationale Camerounaise), parti politique hérité de son prédécesseur, qu’il rebaptise le RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais).

En 1987, pionnier, il expérimente la potion des élections libres au sein de son propre parti politique, le RDPC. En mai 1990, alors que Paul Biya peaufine le projet du multipartisme, il y a des fuites d’information.

Un parti politique précède le décret du 19 décembre 1990 instituant el multipartisme au Cameroun. Quand naît le multipartisme, les Camerounais retrouvent subitement la liberté de la parole naguère confisquée. La presse se presse d’en abuser. Plus de 120 partis politiques voient le jour.

En 1991, l’opposition prend position en faveur de la Conférence nationale souveraine. Courageux, imperturbable et impassible, Paul Biya la décrète « sans objet ». En lieux et places d’une Conférence nationale se tient la conférence « tripartite » réunissant autour de la même table, le parti au pouvoir, l’opposition et les membres de la société civile.

La première élection législative multipartiste de 1991 se tient dans ce contexte politique d’apaisement. Le RDPC sauve les meubles de la majorité parlementaire par le jeu des alliances politiques. Qui dit jeu des alliances, dit formation des gouvernements d’union nationale : L’UPC, le MDR, l’UNDP, l’ANDP, le FSNC et la société civile émargent aux délices des remaniements ministériels depuis 1992.

Idem pour le Parlement, autrefois limité à la Chambre basse, l’Assemblée nationale. Elle est désormais multicolore : le RDPC, le SDF, l’UPC, le MDR, UNDP, l’ANDP, l’UDC, le MLDC… y ont siégé ou y siègent encore. Il en est de même pour les mairies. Elles sont représentatives de l’échiquier politique du pays. Que dire de la course au palais de l’Unité à Etoudi ?

La démocratie d’apaisement

À partir de 1992, on ne vote plus pour élire un seul candidat, mais on choisit entre plusieurs. Le président Paul Biya est en lice et se présente contre d’autres candidatures congrues. Il l’emporte à l’actif de 39,87% contre John Fru Ndi crédité de 36,07% de suffrages. Paul Biya est élu. Il le sera tour à tour en 1997, en 2004 et en 2011.

Seuls auront changé le système électoral, l’amélioration des fichiers électoraux, la création de l’organe indépendant en charge des élections, ELECAM en 2006, beaucoup d’eau a vraiment coulé sous le pont de l’autonomie des élections arrachée entre les mains tutélaires du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.

La transparence électorale est assurée par la mise en place de la biométrie. Le Sénat, créé en juin 2013 est dans l’ordre des choses. Il complète le système bicaméral du Parlement camerounais. Il est multipartiste : le RDPC, le SDF, l’UNDP, le FSNC et l’UDC siègent à la Chambre Haute du Parlement. Pour parfaire le système électoral, il ne reste plus que l’édification de la Cour constitutionnelle, rôle tenu jusqu’ici par la Cour Suprême. C’est en chantier.

Le Renouveau a donc 33 ans. En 33 ans, le Cameroun a patiemment bâti sa démocratie idéelle et originale, sans influence extérieure. Sans mimétisme ni atavisme. Paul Biya continue son combat de perfectionnement du modèle de démocratie made in Cameroon. Certains affabulent en le disant fatigué, usé par une condamnable longévité au pouvoir.

Lui, répond, magnifiant, de sérénité, « Ne dure pas au pouvoir qui veut, mais dure qui peut. » Il a raison, Paul Biya reste l’homme politique préféré des Camerounais.

Auteur: Dr Constant Tibom