Le célibat peut être un don

Célibat Don Réligion Aujourd’hui, même les couples chrétiens ne sont pas à l’abri du divorce

Thu, 4 May 2017 Source: Chantal Tresbarats

Je me souviens d’un jour, je devais avoir à peu près la trentaine, où l’idée que je pourrais, dans dix ou vingt ans, me retrouver seule, m’a fait verser d’abondantes larmes. Et pourtant ! Trente ans plus tard, je suis toujours célibataire. Je n’ai jamais vu arriver le prince Charmant sur son cheval blanc – en fait, peut-être qu’il n’a jamais su monter à cheval ! – mais mon regard sur le célibat a complètement changé, et je voudrais partager avec vous les réflexions et les expériences qui m’ont fait changer d’avis.

La vie est dure sans confiture

Le premier pas vers la libération de cette tyrannie qu’est le désir de mariage, je l’ai fait il y a pas mal de temps. À l’époque, je répétais souvent : « La vie est dure, sans confiture. ». C’était une façon pour moi d’exprimer au Seigneur que, non mariée, je me sentais comme « privée de dessert », punie en quelque sorte. Jusqu’au jour où j’ai eu une sorte de vision : je me suis vue enfermée dans une pièce obscure, au pain et à l’eau, alors que dans la pièce à côté, brillamment éclairée, des enfants faisaient la fête autour d’une table couverte de gros gâteaux et de friandises. Soudain, dans cette salle de fête, le Seigneur est entré par la porte la plus éloignée de ma « prison », a traversé la salle sans rien dire à personne et s’est dirigé vers mon cagibi tout sombre. Il est entré, a fermé la porte derrière lui pour étouffer le bruit de la fête, et il s’est mis à manger mon pain sec et à boire mon eau.

J’avais compris ! Mieux valait être au pain et à l’eau avec la présence de Jésus dans ma vie, plutôt que de me « gaver » de bonnes choses, sans lui. Du coup, je n’ai plus jamais dit : « La vie est dure, sans confiture ».

« Gardée » du mariage?

Mais c’est bien plus récemment que j’ai déclaré en riant à des amis : « Je remercie le Seigneur de m’avoir gardée de toutes les grandes épreuves de la vie, parmi lesquelles le mariage ! » Ce n’était qu’une boutade, mais ça a déclenché en moi une chaîne de réflexions qui a abouti à la conclusion que ce n’était pas vraiment une plaisanterie, mais qu’en me « gardant » du mariage, Dieu m’avait épargné par la même occasion bien des désagréments. Quand on se marie, c’est « pour le meilleur et pour le pire », et je suis contente de savoir que bien des couples ne donneraient pas leur place pour un boulet de canon. Mais pour quelques mariages heureux, combien y en a-t-il qui finissent mal ? Aujourd’hui, même les couples chrétiens ne sont pas à l’abri du divorce, malheureusement ! En se mariant, personne n’a de garantie contre le divorce, le veuvage, la naissance d’un enfant handicapé ou la désaffection des enfants qui ne veulent plus voir leurs parents, et j’en passe…

L’apôtre Paul le disait déjà dans le Nouveau Testament (1 Corinthiens 7.28) : Cependant, les personnes mariées connaîtront des souffrances dans leur vie, et je voudrais vous les épargner. Que de douleurs (souvent cachées) dans les familles, dont le célibat m’a préservée !

Le don du célibat?

Un autre aspect sur lequel a porté ma réflexion est la fameuse expression « le don du célibat ». À mon avis, on fait un énorme contre-sens quand on l’emploie. Jusqu’à récemment, moi-même je voyais le « don du célibat » comme un talent particulier dont on pouvait (ou pas) être doté, de même qu’on dit : « Il a un don pour la musique, pour l’enseignement, etc.. » Or, en parlant avec d’autres « solibataires », je n’en ai rencontré aucun(e) qui affirmât : « J’ai le don du célibat ! » Au contraire, nous disions tous : « Le don du célibat, je ne l’ai pas ! » Sous-entendu : « Si je l’avais, je n’en souffrirai pas autant, je n’aspirerai pas autant à me marier… ».

J’ai réalisé récemment qu’on pouvait prendre l’expression dans un tout autre sens et considérer le célibat comme un don de Dieu, au même titre qu’un conjoint ou un enfant sont des dons de Dieu.

Ainsi, le fait de vivre seule m’a permis de découvrir un côté beaucoup plus contemplatif et introverti de ma personnalité que je ne connaissais pas et qui me convient tout à fait.

Sans parler de tous les avantages que présente au quotidien une vie où on n’a besoin de tenir compte que de ses propres besoins ou envies, pas de renoncer tout le temps à soi-même pour les autres. Je connais des mères de famille qui m’envient cet aspect-là.

On peut être très heureux seul : j’en suis une preuve vivante. J’ai aussi rencontré, lors d’un bref séjour dans une structure qui accueillait des retraités chrétiens, un frère qui me semblait différent des autres pensionnaires : alors que plusieurs causaient parfois des difficultés au personnel, lui était toujours rayonnant de paix et de joie. Un jour où il avait eu des visites, je lui ai dit : « C’est bien, vos enfants sont venus vous voir aujourd’hui ! » Il m’a expliqué : « Ce ne sont pas mes enfants, je n’en ai jamais eu, j’ai toujours été célibataire. C’est une famille de mon église. » Le témoignage vécu de ce frère a été un grand encouragement pour moi.

Cependant, je mentirais si je disais que je n’ai jamais de regrets. Il m’arrive d’en avoir, de regretter par exemple de n’avoir jamais connu d’amour partagé, ou de m’inquiéter du fait qu’il n’y aura personne pour prendre soin de moi dans ma vieillesse, mais quand ça m’arrive, je me dis que ces moments sont un prix léger à payer en comparaison de la joie que le Seigneur me donne le reste du temps.

Le célibat, une vallée de larmes ?

Ceci n’est qu’un témoignage personnel. Je n’ai pas l’intention d’inciter qui que ce soit à suivre la même démarche que la mienne, mais je voudrais encourager les célibataires qui se désolent à l’idée de finir leur vie seul(e)s en leur disant que si le célibat est pour eux une vallée de larmes, il leur faut creuser pour la transformer en un lieu plein de sources, et la pluie (de Dieu) la couvrira ensuite de bénédictions (Psaume 84.6 ou 84.7 selon les versions).

Auteur: Chantal Tresbarats