Le chant des hiboux

Sat, 30 Jan 2016 Source: Camer.be

Ça recommence. Depuis quelques semaines, on entend à nouveau ici et là, des suppliques appuyées de certaines “élites” de tel ou tel coin de la république, demandant à M. Biya, 83 ans dans deux semaines, dont le tiers à la tête du Cameroun, de se présenter à l’élection présidentielle, programmée dans un peu moins de trois ans.

Tantôt sur le ton de la supplication, une autre fois avec des accents guerriers, tous ces appels ont en commun, une seule et précise demande: Paul Biya encore et encore ; Biya Paul, toujours et pour toujours.Les auteurs de ces appels enflammés ne se sentent point préoccupés par la situation sécuritaire de notre pays, qui nous semble t-il, pourrait interpeller tout camerounais lucide, l’invitant ainsi à la retenue qui exige de ne point distraire le chef suprême de nos armées en campagne.

Les faiseurs de ce vacarme à contre temps ne semblent point préoccupés par toutes les “urgences” avec leurs plans, soulignées par leur champion en personne, qui demande à tous les rouages de sa machine politique et administrative de se concentrer sur les grands travaux d’infrastructures et sur le sauvetage d’une économie qui bat de l’aile, malgré des indicateurs trompeurs.

Ils n’écoutent point le président de la République qui leur demande pourtant de travailler plus, de voler moins, et de se soucier davantage du Cameroun. Avant l’échéance de 2018 pour laquelle on commence à s’agiter depuis avant-hier, il y a encore non loin de trois longues années. Le temps des troisquarts d’un mandat de président américain, la moitié du mandat d’un président en France…La longévité éperdue du temps biyaien aurait-elle fait perdre à certains de nos compatriotes les repères?

C’est bien ce que l’on est tenté de croire, lorsqu’on voit l’impudente précipitation avec laquelle ils mettent cette question à l’ordre du jour.Et la question du bilan?

Nos chers compatriotes qui appellent leur candidat à la joute, ne peuvent pas dispenser, c’est indécent, le reste des camerounais du bilan des trente années passées avec ce dernier au pouvoir suprême. Il est souhaitable qu’ils expliquent à un jeune de Kousseri, déscolarisé, défavorisé et déboussolé, l’avantage qu’il aura à voter pour ce candidat .

Il est bon qu’ils convainquent cet ingénieur qui va à la retraite de la fonction publique , après avoir commencé sa carrière l’année où Paul Biya devenait président, de voter pour lui.

Un jour viendra, pourtant, où, dans notre pays, la politique cessera d’être de la simple agitation de prestidigitateur, faite de tours de passe- passe et de fumigènes, pour prendre pied sur la réalité . Les songes peuvent durer longtemps. La réalité finit toujours par reprendre ses droits.

Auteur: Camer.be