'Le concours de Miss n’est ni plus ni moins, la voix royale à une prostitution de luxe'

L’analyse du concours Miss Monde peut être sujette à une interprétation plurielle

Thu, 9 Dec 2021 Source: Siméon Roland Ékodo Mveng

L’analyse du concours Miss Monde peut être sujette à une interprétation plurielle selon que l’on soit idéologiquement conservateur ou culturellement progressiste.

Les féministes libéraux y verraient par exemple, un affranchissement de la jeune fille des censures vestimentaires traditionnelles et religieuses de la lignée du voile intégral.

Dans cette veine d’autonomisation envers des brimades pour la plupart d’essence patriarcale, son exposition corporelle dans ce marché mondial de la mode, hyper médiatisé, vanterait, non seulement, les formes physiques canoniques longtemps placées sous le domaine réservé d’un mari excessivement jaloux, mais également une esthétique de la libération totale du joug moral de la pudeur publique.

On dirait donc a priori, dans l’analyse symbolique, que ce concours se pose comme une tribune de lutte contre l’oppression féminine. Un coming out.Une abrogation des interdits, stéréotypes et des anathèmes. Un peu comme cette échappatoire de jouvencelles en bikini sur une plage à l’abri du père fouettard.

Une fenêtre d’opportunité pour une récupération et une réappropriation de leur corps que la bible et les religions traditionnelles avaient tôt fait de confier au mâle dominant, suivant le précepte qui voudrait que le corps de la femme appartienne à son mari.

Ce concours est aussi le lieu d’une diplomatie culturelle et d’un lobbying où les mannequins, candidates et dauphines exaltent les accoutrements de leurs coutumes et traditions ainsi que les problèmes qui traversent leur environnement social.

L’exigence parfois donnée à ces Miss de parler plusieurs langues ou de présenter un projet de développement à réaliser en cas de victoire suffisent à démontrer que le seul critère de beauté naturelle ne suffit pas à rallier l’assentiment du jury. Un aspect pédagogique à saluer du reste.

Il faut dire finalement que ces parades ont souvent été l’occasion pour certaines d’être cooptées dans des écuries de cinéma, de musique, d’hôtesse de l’air, de journalistes, marketing, tourisme…ou dans des ONG de défense des droits des femmes, des enfants en difficulté…

Cependant, pour les conservateurs, le concours de Miss n’est ni plus ni moins, la voix royale à une prostitution de luxe, sinon, une extravagance infâme qui ruine la dignité des femmes africaines par la surexposition de leurs parties intimes que l’éternel a si bien cachées.

D’autres sceptiques aux critères de distinction des lauréates estiment à raison que la beauté est relative. Contrairement à la tendance dominante qui voudrait en faire des seules femmes minces, élancées et filifomes les plus jolies. Une imposture à laquelle un attentionné aux rondeurs de guêpe, aux gros calibres, bassins remplis et popotins ressortis ne souscrirait pas d’ailleurs.

Nombre de panafricanistes chauvins y voient d’ailleurs en filigrane, dans ces profils idéalisés par la haute couture, la mode et le mannequinat des Miss, une tentative d’occidentalisation de la beauté qui ferait le procès de finesse pour ces femmes africaines pour la plupart bâties ou costaudes. Un argument axiologiquement recevable et pertinent par endroit, mais également discutable. Dans la mesure où on trouve évidemment des femmes grasses et imposantes en occident.

Une dernière vague plus radicale de religieux estime pour sa part que, ces concours de Miss sont une entorse aux ordonnances divines qui voudraient que le corps de l’Homme en général soit le temple du Saint Esprit. Et donc, devrait se mettre dessus de toute souillure, de toute profanation et de toute marchandisation.

Auteur: Siméon Roland Ékodo Mveng