Paul Biya, président de la République du Cameroun, n’a pas encore dit un mot sur une éventuelle candidature à l’élection présidentielle de cette année. Mais, l’on observe déjà une certaine agitation dans l’environnement politique du pays. De nombreux appels commencent à résonner de différentes personnalités, même issues de « l’opposition ».
Célestin Bedzigui, président du Parti de l’alliance libérale (PAL), a, par exemple, l’intention de soutenir la candidature de Paul Biya à l’élection présidentielle 2018. Une décision qui suscite la controverse, notamment sur les réseaux sociaux. Ce d’autant plus qu’au début des années 90, Célestin Bedzigui était de ces acteurs politiques qui militaient farouchement pour le multipartisme ou encore pour la limitation des mandats présidentiels.
Pendant presque deux décennies, malgré son alliance en 1992 à l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), parti politique de la majorité présidentielle, Célestin Bedzigui a gardé des positions critiques vis-à-vis du pouvoir de Paul Biya.
La volte-face
Aujourd’hui, c’est un autre Célestin Bedzigui qui fait parler de lui. Un Célestin Bedzigui conciliant, presque laudateur vis-à-vis du pouvoir, qui estime qu’en 2018, Paul Biya représente le meilleur risque pour le Cameroun. Il a d’ailleurs tenu cette position hier jeudi, au cours d’une conférence de presse à Yaoundé. Il soutiendra donc Paul Biya si celui-ci est candidat à un cinquième mandat présidentiel depuis les premières élections multipartistes au Cameroun en 1992.
Si certains observateurs jugent calculatrice la démarche de Célestin Bedzigui, lui estime faire preuve de pragmatisme politique. Car, plus question pour lui de faire de « l’opposition stérile ». Dès lors « même si je dois rentrer par la petite porte pour être à côté de celui qui décide, je le ferai », a déclaré Célestin Bedzigui jeudi.
« Seuls les imbéciles ne changent »
Pour ce faire, Célestin Bedzigui a commencé par se désolidariser de l’UNDP le 22 janvier 2018. Puis, le 4 février, il s’est montré aux côtés du ministre Henri Eyebe Ayissi à Monatélé dans le cadre d’une collecte de fonds initiée pour contribuer à une éventuelle campagne de Paul Biya à la présidentielle 2018. L’ancien directeur général des Sacheries du Cameroun aurait contribué à hauteur de 500.000 francs CFA.
A ceux qui l’accusent de militer dans une logique d’un positionnement, l’économiste répond que seuls les imbéciles ne changent pas. En même-temps, il ne cache pas l’appui qu’il espère dans le projet de construction du barrage hydroélectrique de Lebanga sur le fleuve Sanaga (Monatélé) dont l’investissement est estimé à 1000 milliards de francs CFA. Célestin Bedzigui dit à qui veut l’entendre qu’il a l’intention de faire venir des investisseurs pour ledit projet.
En somme, Célestin Bedzigui essaie de convaincre qu’il reste un homme politique convaincu, intègre et que sa volte-face est un choix de raison.