Le directeur d'un journal répond à Junior Tanon qui dit être capable de payer 10 journalistes

Trésor Tanon en train de quitter le Cameroun pour les Etats Unis

Tue, 17 Oct 2023 Source: Léopold Chendjou

Junior, sûrement tu as beaucoup d'argent comme vigile maintenant. Mais je me demande bien pourquoi tu n'as pas continué dans le journalisme aux Etats Unis ? Tu aurais bien pu continuer si tel est que c'était ton métier de prédilection.

J’ai bien peur que tu ne te sois justement rendu compte que tu ne pouvais pas l'exercer là-bas. Oui sous d’autres cieux, il en faut plus pour porter le nom de journaliste. IL faut être perspicace, cultivé, intelligent, travailleur, avoir le flair, et surtout disposé d’un goût poussé pour ce métier.

Le journalisme c’est le plus beau métier du monde, et on ne peut véritablement le quitter pour exercer celui du plus…vigilant des sites et autres supermarchés.

Mieux, au pays tu t'es essayé aussi dans la musique. La sortie de ton premier album est passé en boucle sur les médias au pays. Au fait, qu’as-tu fait de cette autre carrière ? Voilà la même question: Pourquoi n'avoir pas continué dans la musique? C'est un métier de la célébrité et d'argent. Sauf si tu n'en as pas besoin. A la réalité, et comme on peut le constater mon cher Junior, tu ne pouvais être ni musicien, ni journaliste aux Etats Unis. Ne restait alors que le métier de vigile ou ce que tu appelles SECURITY OFFICER.

Dans ce secteur d'activité, c'est le muscle et rien d'autre. pour la petite histoire, en 3 eme année de Fac, voulant à tout prix trouver un emploi, je m'étais présenté au concours de recrutement des agents de Africa security. Après le test, je ne fus pas retenu car…faible.

Mon voisin du quartier avec son seul CEPE fut recruté...Le journalisme au Cameroun, c'est malheureusement cela. Très souvent, c’est un réceptacle du tout-venant. Un refuge pour des personnes n’ayant aucune prédisposition. Le journalisme, on ne le quitte pas, on ne devient pas autre chose. Et je suis d’avis avec quelques confrères qu’en réalité tu n’as jamais été journaliste. Tu t’es frotté à ce métier avant de découvrir ta vocation, la vraie.

Bonne garde mon frère, et surtout je suis au garde à vous chef.

VOICI LE TEXTE DE JUNIOR TANON

« Quand j'ai été viré abusivement en 2011 dans une Radio de Douala parce que le patron me trouvait très exigeant vu que je réclamais mon salaire et des meilleurs conditions, j’ai compris que je devais survivre. Je venais de perdre ma maman,je reprenais à peine ma vie après un drame qui m'a mis le compteur à zéro. État de santé fragile, sans argent et une copine enceinte à l'époque...J'ai après mon licenciement découvert l'univers des "gros bras". Il fallait faire quelque chose en attendant rebondir et surtout garder sa dignité. Chez maître César à Bepanda on musclait et on se passait des petites infos de "Ngombo". Pour 5000 FCFA ,on assurait la sécurité dans des événements et j'organisais des petits Show de bodybuilding. Mes gars et moi étions solidaires. Mon cachet pouvait à peine acheter le lait de ma fille. À l' entretien pour le poste que j'ai aujourd'hui nous étions une dizaine au départ et on voulait 2 agents. Mes challengers avaient des CV éloquents dans le domaine de la sécurité. Des anciens vétérans de l'armée Américaine et même des anciens policiers. Il fallait défendre à tour de rôle les raisons de notre présence et pourquoi nous faire confiance pour ce poste de SECURITY OFFICER. Tout le monde s'est exprimé brillamment. À mon tour de prendre la parole…

Très confiant je leur parle brièvement de ma profession de journaliste , artiste et en précisant d'où je viens il y'a à peine quelques mois. Dans une assurance hors du commun, je leur ai parlé uniquement de mon expérience de "gros bras" et quelques anecdotes autour de cette belle époque où il fallait absolument survivre. Je n'ai pas eu honte de quoi que ce soit et j'ai été plus que sincère. Des semaines après j'ai reçu l'appel des ressources humaines m'annonçant que j'ai été sélectionné. Des trainings ont suivi et j'ai obtenu des certifications pour exercer pleinement dans le domaine. Le salaire est vraiment conséquent et les conditions de travail font rêver. Je peux aujourd'hui sans aucune prétention payer le salaire de 10 journalistes chaque mois .Tout ceci pour te dire ce matin, toi qui me lis. Il ne faut jamais minimiser une expérience dans ta vie.

Laver le plat dans un restaurant au Cameroun ou être serveur peut un jour t'ouvrir les portes dans la cuisine d'un 5 étoiles aux USA et dans un endroit jamais imaginé. Ce que tu traverses en ce moment doit être pour toi comme une école de formation. Lors d'un entretien...certains détails peuvent faire la différence. Trouvez en ce texte plus un élément de motivation qu'autre chose. J'ai même dit que je ne parlais plus de ma vie ici...Mais bon...

Auteur: Léopold Chendjou