Plusieurs jours après l’annonce de l’envoi d’un contingent de 300 soldats américains au Cameroun, sur le front contre Boko Haram, les leaders des partis politiques brillent par leur silence.
La présidence de la République apparait ne pas être la seule à avoir fait preuve de légèreté en laissant, non seulement la nation camerounaise être informée de la présence militaire américaine sur son sol par la Maison blanche, mais aussi en se fendant d’un communiqué laconique où la forme et le fond laissent à désirer.
Toute la classe politique semble également prise au dépourvu par l’arrivée des GI’s au Cameroun. Aucune prise de position officielle par aucun leader de formation politique enregistré à ce jour, sur cette question qui fait débat au sein de l’opinion.
Interpelé sur le sujet, Maurice Kamto, président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) va tout d’abord prendre à partie Le Messager qui, selon lui ne relaie pas suffisamment l’actualité de son parti, avant de se raviser, et de renvoyer le reporter vers le service de communication de sa formation politique.
La voix la plus autorisée du parti indiquera que « vous savez très bien que ça ne marche pas comme ça», et va nous rediriger de nouveau vers le service de la communication. « Il n’y a pas eu de communiqué officiel » va alors reconnaître Sosthène Médar Lipot, chargé de la communication du Mrc. Pour ensuite indiquer que le Mrc s’est prononcé sur cette actualité tout en reconnaissant «qu’il n’y a pas eu de conférence de presse ou de communiqué».
Attentisme
Mais, pour Sosthène Médar Lipot, « se sont des choses très délicates, et le Mrc observe avec une attention particulière ce déploiement de l’armée américaine. Et nous estimons dans notre parti que lorsqu’un pays est en guerre, il a besoin d’alliés, car on ne gagne pas une guerre seul». Avant d’ajouter : « nous au Mrc nous disons bienvenus aux soldats américains». Cependant le parti déplore la forme, qui a voulu que le président Paul Biya ne consulte pas ses concitoyens.
C’est également la position défendue par le Social democratic front (Sdf) qui fustige le chef de l’Etat. Ce dernier, selon le chairman Ni John Fru Ndi, aurait dû consulter ou informer le Parlement comme l’a fait le président Barack Obama. Le leader de cette formation politique note également que les soldats américains ne sont pas basés à Maroua, ville proche du front, mais plutôt à Garoua, dans la région du Nord.
Ce qui pour Ni John Fru Ndi est le signe que les Etats-Unis viennent pour défendre leurs intérêts, notamment en ce qui concerne le pipeline Tchad-Cameroun. Dans leur ensemble, les leaders des partis politiques ne sont pas prompts à se prononcer sur cette actualité, comme il est dans leur habitude sur des sujets interpellant la nation.
Le politologue Mathias Eric Owona Nguini, y voit une démarche prudente. «C’est une forme d’attentisme. Ils [les partis politiques] essayent de voir comment l’opinion publique réagit par rapport au sujet». Pour le chercheur, par cette posture, les chefs de formations politiques « essayent également de se ménager les faveurs des Américains en ne critiquant pas l’arrivés des soldats américains au Cameroun ».
Ménager donc la chèvre et le chou, telle semble être l’option adoptée par les partis politiques, qui ont toujours soigné leurs relations avec certaines chancelleries occidentales. Sait-on jamais.