Le plan machiavélique de Vision 4 contre le Cameroun

Vision4 Plan Machiavélique Ce que Vision 4 doit savoir, c’est que le Cameroun n’est pas le Rwanda - Éric Dikoume

Fri, 12 Jan 2018 Source: Éric Dikoume

«Cameroon Tribune et Crtv», deux médias publics, le font au quotidien, avec tout ce qu’on peut leur reprocher, mais ils ne franchissent pas les bornes de la pratique journalistique que Vision 4 écrase au quotidien. Vision 4 ne défend pas le régime, la chaine défend une conception du pouvoir au Cameroun, à savoir que le pouvoir suprême doit demeurer, après Paul Biya, dans l’escarcelle d’une région précise ou alors des régions précises : le Centre, le Sud et, dans une moindre mesure, l’Est.

Ne pensez pas que Vision 4 travaille pour Paul Biya, non cette chaîne travaille pour une idéologie qui a divisé le Cameroun en deux groupes : ceux qui doivent diriger et ceux qui doivent être dirigés. Les dirigeants devant venir naturellement du groupe « élu » par Dieu, le grand groupe Béti.

Tout ce que fait Vision 4 repose sur cette stratégie et travaille à cet objectif. Rien n’est laissé au hasard. La chaine lamine donc au quotidien tout ce qui peut apparaître comme frein à cet objectif, s’en prend à tous ceux qui s’y opposent consciemment ou inconsciemment. Elle sape aussi les fondements de l’unité nationale en obligeant les camerounais à prendre parti, en espérant que les Bétis feront bloc derrière elle comme unique rempart à la prétendue menace qui pèse sur eux. Elle agite la peur, aidés en cela par ces camerounais qui ne font pas le net distinguo entre les dirigeants et leurs origines, pour préparer les Bétis au grand soir, à la grande bataille, afin de conserver le pouvoir. Paul Biya mourrait de sa belle mort qu’elle serait capable de concocter médiatiquement son empoisonnement par une main invisible…

C’est en cela que la chaîne du quartier Nsam représente un danger d’autant plus grand qu’elle n’est pas seule porteuse de cette idéologie agitée non seulement par ses journalistes, mais aussi, par des représentants de pans entiers de l’Etat ; ces hommes et femmes qui l’y encouragent.

Vision 4 est la tête de pont de «l’Etat profond». Elle est plus qu’une chaine, elle draine des ressources occultes provenant de l’Etat ou, à tout le moins, des hommes haut placés dans l’appareil de l’Etat – vous n’avez qu’à comparer le volume de la publicité sur cette télévision et ses charges -, elle résiste aux démembrements de l’Etat comme le CNC qui feignent ou ignorent son rôle…

Vision 4 ne sera pleinement opérationnel aux yeux des concepteurs de cette stratégie qu’une fois l’influence des «médias bamiléké» réduits et le journal des nordistes, L’œil du Sahel, circonscrit.

Ce que Vision 4 doit savoir, c’est que le Cameroun n’est pas le Rwanda. Qu’il ne peut être divisé en deux blocs, si oui celui de ceux qui mangent et celui de ceux qui ne mangent pas. Que Vision 4 regarde autour d’elle, elle constatera que des transformations sociales et politiques s’opèrent lentement dans le pays. Sur qui les extrémistes Bétis peuvent-ils légitimement s’appuyer aujourd’hui ou demain ? Dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, l’espace politique est en restructuration avec de nouveaux acteurs. Dans les régions du Nord, de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua, de nouveaux mouvements - j’ai entendu parler d’un rassemblement de jeunes autour d’un certain PJP - se mettent en ordre de bataille.

Vision 4 ne défend pas le régime. Il défend la perpétuation d’un système, avec des hommes issus de son rang, et appartenant à un bloc régional bien défini.

Auteur: Éric Dikoume