Ce n'est plus un secret pour personne. Le Cameroun est regulièrement sacré champion africain des records négatifs. Aux dernières nouvelles, il serait sur une trajectoire encore moins glorieuse.
Après la corruption, la violation des droits de l‘homme et le chômage, c‘est au tour de l‘alcoolisme de s’inviter dans la danse des records. Le pays de Maalhox, jeune chanteur qui dédiait il n‘y a pas longtemps une chanson à la consommation de la bière est déjà connu pour être le 1er consommateur de champagne en Afrique.
De récentes révélations dans un quotidien de la place tendent à lui décerner une nouvelle médaille; celle du 1er consommateur continental de bière avec 7 millions d'hectolitres de bière bus en 2014. Pas surprenant avec ces débits de boissons qui écorchent la vue même dans les campus universitaires. Les jeunes s‘y metent à coeur joie. Quant aux adultes, ils ont la main plus légère à offrir une bière que du beignet-haricot ou du paracetamol.
Les bars sont devenus les lieux de confession de nos misères. On enquille de pintes pour noyer les soucis dit-on! La violence, les agressions sexuelles, et les maladies liées à la consommation excessive de l’alcool, breuvage par excellence d’un pays où l’eau potable est une denrée rare, ont fait leur nid dans cette societé laissée pour compte.
Ça craint en tout cas et ceux qui essayent de lancer des alertes sont simplement ignorés. La league nationale des consommateurs, elle, semble n‘avoir pas compris le danger de cette tendance. Les pouvoirs publics quant à eux se frottent les mains. Mais oui, ce n‘est qu‘à leur bénéfice! En dehors des taxes et autres impôts qu’ils récoltent, les fonctionnaires chargés de réguler ces choses sont plus attirés par des prébandes. Les élus, feymen et sous-instruits pour la plupart, voient du feu avec des lois qui leur sont imposées pour validation par des membres du gouvernement actionnaires dans ces brasseries. Si l‘on estime le prix moyen d‘une bière à 680 francs CFA, c´est environ 476 milliards francs CFA en dépense brute pour 700 millions de litres qui aura enrichi l‘industrie brassicole chez nous en 2014.
Une industrie controlée largement par des firmes étrangères. Des mesures efficaces sauront-elles être prises pour éradiquer ce dangereux phénomène social qui s‘installe doucement mais sûrement dans notre pays? Certains parlent de doubler le prix de la bière. Mais est-ce vraiment cela la solution idoine? Nous savons tous que non! L‘état d‘esprit des Camerounais est très bien traduit dans la chanson “La Bière c'est Combien ici“ du jeune Maalhox. L‘augmentation du prix ne permettra qu‘aux uns et aux autres de multiplier des moyens parallèles pour satisfaire leur addiction.
La bière étant une drogue, il faut donc bien plus qu‘une augmentation de son prix. Une thérapie nationale, la création des centres de désintoxication, et de loisir peut-être?
Ailleurs, l‘on a vu l‘imposition d‘une taxe plus élevée sur l‘alcool, l’affichage obligatoire dans les bars et restaurants de messages tels que: “vente d‘alcool et stupéfiants interdite au moins de 20 ans“ et des contrôles inopinés des agents de police incorruptibles et formés à cette fin. En tous cas, cela demande volonté, courage et audace des décideurs et des citoyens pour venir à bout de ce vers qui pourrit désormais le fruit. Mais alors, quel manque à gagner pour l‘investissement social? Le bilan catastrophique humain et financier ne souffre d’aucun doute. Des vies en pâtissent, des familles se brisent.
Le chômage, la misère, l‘inaction et la passivité dans lesquels nous nous plaisons et complaisons depuis deux décennies restent propices à l‘aggravation de la situation. A moins d‘un miracle, cette bière va donc continuer à nous souler, à nous aliéner et à nous appauvrir au bénéfice de ceux qui nous gouvernent et ont besoin d‘un peuple alcoolique pour continuer de règner sans partage. Ah que je suis conne! Comment puis-je l’oublier? N‘est pas pays alcolique qui veut mais qui peut! Ou bien?!