«Promouvoir la paix et le développement harmonieux des Etats membres » : telle est l’une des missions fondamentales inscrite formellement dans le traité instituant la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale, adopté le 14 mars 1994 et révisé le 30 janvier 2009.
L’importance de cette mission n’est certes pas traduite par la création de structures spécifiques dédiées particulièrement à la promotion de la paix. Au demeurant, ce silence des textes n’occulte pas les réalités de l’insécurité galopante aux frontières ou à l’intérieur de certains Etats d’Afrique centrale et la lutte âpre que les pays concernés mènent contre l’insécurité. Cette lutte est une préoccupation majeure pour l’Afrique.
Les chefs d’Etat et de gouvernement des pays-membres ne cessent de mettre en exergue l’importance de la paix et de la sécurité, conscients qu’il s’agit de deux facteurs qui conditionnent de manière primordiale la stabilité politique, le développement économique et social de cha cun des pays- membres ainsi que de la région Afrique centrale. Toutefois, une bonne partie des enveloppes budgétaires des pays de la CEMAC a été consentie aux forces de Défense et de sécurité engagées dans la lutte contre l’insécurité.
Les faits montrent que ce sont les Etats concernés qui se trouvent au front de la lutte contre l’insécurité. Il en est ainsi de la lutte contre la secte islamiste Boko Haram. Les forces de défense camerounaises combattent avec succès les hordes des adeptes de Boko Haram, détruisant un grand nombre des bases ennemies ainsi que son arsenal guerrier, tout en maintenant inoccupé par l’ennemi le territoire national.
L’autre pays-membre de l?Afrique centrale en proie aux exactions de Boko Haram est le Tchad qui ? lui mène aussi une guerre acharnée. Les deux pays sont appuyés dans cette lutte contre Boko Haram par la force multinationale mixte. Boko Haram, selon plusieurs sources, est actuellement à bout de souffle. La situation sécuritaire en Centrafrique demeure préoccupante, malgré l’élection récente d’un nouveau chef d’Etat, Faustin-Archange Touadéra, à la tête du pays. Ce problème sécuritaire a d’ailleurs des répercussions multiples, notamment la question des réfugiés, sur les pays frontaliers tels que le Cameroun. La CEMAC crée, selon les circonstances, des mécanismes ad hoc.
L’exemple le plus récent est la création de l’Observatoire des crises en Afrique centrale, lors du sommet extraordinaire tenu à Malabo le 30 juillet 2016. Au cours de ce sommet, d’importantes décisions et recommandations ont été prises relatives à la situation en RCA, notamment l’admission et la formation des éléments des forces armées centrafricaines dans les différents centres d’instruction militaire des Etats de la CEMAC et l’octroi d’un soutien supplémentaire de quatre milliards de Fcfa à la RCA.
Certains observateurs font cependant remarquer que la création d’un Observatoire des crises pourrait en rajouter aux doublons entre la CEMAC et la CEEAC (Communauté économique des Etats de l?Afrique centrale). Ce dernier ensemble , plus vaste, a créé des institutions en charge des questions sécuritaires comme le COPAX, tandis que la CEMAC regroupe régulièrement au sein d’un comité les chefs de police d’Afrique centrale dans le cadre de la lutte contre la criminalité transfrontalière ainsi que les responsables en charge de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme .