Le procès en sorcellerie des camerounais à Cabral Libii

Cabral Libii Cameroun Portraittt Cabral Libii

Tue, 9 Jan 2018 Source: Boris Bertolt

Ce peuple n’est pas seulement captif matériellement ( pauvreté, absence de biens économiques) de la tyrannie actuelle, prolongement la plus profonde sur le continent de la domination coloniale, il est captif spirituellement. Pour le changer, les leaders devront avoir le courage de l’affronter en même tant qu’affronter l’adversaire.

Ça veut dire qu’au Cameroun, la lutte n’est pas seulement dirigée contre l’oppresseur qui est le régime de Yaoundé, mais également contre l’opprimé qui sont les populations camerounaises dont le régime a pris possession à la fois du corps et de l’esprit.

Les techniques de discipline l’ont détruit, déshumanisé, aliéné. Il ne vit plus par lui même, il ne pense plus. Le régime Biya a en partie dépossédé les camerounais de leur corps et leur esprit à tel enseigne qu’ils reproduisent de manière inconsciente à la fois le discours de la domination et du contrôle à travers l’internalisation, mais s’assurent que ce discours soit reproduit autour d’eux. Donc les camerounais sont devenus eux mêmes des agents de l’oppression. Si le leader qui a une position d’éclaireur, de guide s’amuse, il sera captif de ce peuple et par là de la tyrannie.

Appelez à dialoguer n’est en rien soutenir une sécession. C’est exactement ce que le régime Biya a produit dans les imaginaires. Il a bien conscience depuis 1997 du problème anglophone mais n’a jamais voulu s’y appesantir. Même la décentralisation il n’a pas appliqué. Comment faites vous confiance à un régime qui n’a que la violence comme mode de gouvernance? Dire que l’arrestation de Ayuk ne changera rien n’est pas soutenir les sécessionnistes. C’est une analyse froide.

Car le mouvement anglophone est un mouvement social ancré dans la population. On parlerait d’un mouvement révolutionnaire. Pourquoi voulez vous que Cabral Libii puisse se joindre à votre discours guerrier contre les anglophones ou leurs leaders? Savez vous que les anglophones sont autant camerounais que vous et par là il a le devoir de s’identifier à eux. Tout le monde condamne les violences or cette violence a été produite et construite par le régime de Yaoundé qui refuse le dialogue au delà du discours.

Cabral LIBI n’a pas à s’excuser. La première libération chez l’opprimé c’est lorsqu’il peut se rendre compte qu’il vit en opprimé et que même son langage est le langage de l’oppression. Or la manière dont ont parlé des choses, des situations , dont on les décrivent sont importantes soit pour rester opprimé soit pour se libérer. Le langage fait partie du début de l’existence. Or pour l’instant beaucoup de camerounais même éduqués croient exister, croient vivre. Non vous ne vivez pas. Vous luttez pour vivre car vous êtes encore captifs du colon Biya.

Auteur: Boris Bertolt