Autrefois prisés par les jeunes en début de carrière, les meubles en rotin sont désormais une affaire de personnes aux revenus aléatoires, malgré l’innovation des vanniers.
Le rotin a, pourtant, connu une vraie mutation au cours des deux dernières décennies.On le retrouve aujourd’hui à tous les niveaux de la société camerounaise. Du mobilier de bureau, au mobilier domestique, en passant par le matériel de pêche artisanale.
Le rotin s’est modernisé, transformé et s’est mis au goût du jour pour plaire davantage aux clients. Mais rien n’y fait. Les clients sont rares et les vanniers rencontrés le mercredi 06 Avril 2016 sont désemparés.
C’est à Bonapriso à Douala, au lieu-dit « marché des Fleurs », les meubles, jadis prisés par les jeunes qui débutaient dans la vie active, n’attirent plus grand monde.
« Les meubles en rotin étaient moins chers, je me souviens en avoir acheté quand je faisais mes premiers pas dans le monde du travail », confie un consommateur, qui reconnait que le rotin n’est plus aujourd’hui qu’une affaire de personnes auxrevenus aléatoires.
Les vanniers ont réussi à en faire un produit de luxe ; et malgré cela, les traditionnels salons en rotin ont laissé place à des salons plus aboutis, plus élaborés et plus beaux. « Nous fabriquons des salons plus fins, depuis 20 ans. Nous collaborons avec les tapissiers pour les finitions », déclare « papa Jonas », vannier depuis 26 ans.
Malgré cette innovation, l’activité roule au ralenti. Pour joindre les deux bouts, « papa Jonas », torse nu dans son atelier, fait dans le revêtement du mobilier. Pendant notre passage, il s’affairait à tisser du rotin sur une chaise et une table de bureau.
« Je n’ai rien vendu le mois dernier. J’espère avoir quelque chose après ce travail », lance-t-il. Les ventes se font rares. Et une telle commande est, apprend-on, du pain béni pour l’artisan. « Le marché est tellement difficile. Quand je reçois une commande au délai court, comme celle-ci, je le fais rapidement pour être vite payé », explique-t-il.
Mais, la vannerie étant un travail purement manuel, il faut compter 04 à 05 jours pour que la livraison des commandes. L’atelier de « papa Jonas » est plein d’objets de ses propres créations (des salons de 05 places, des étagères, des paniers, des jarres, des abats jour, etc.).
Pour réaliser des objets en rotin, il ne faut pas grand-chose en termes de matériels. Juste, une scie à métaux, un marteau, un chalumeau, un sécateur et des clous. Le gros du travail réside donc dans le savoir-faire : le doigté et la dextérité dans la manipulation du rotin, la justesse et la précision des gestes, etc.
« Notre travail est manuel. Par conséquent, les gestes doivent être précis pour faciliter les finitions », explique Christophe, vannier depuis 15 ans.A l’extérieur du grand hangar qui regroupe une vingtaine de vanniers, plusieurs objets sont exposés, et il faut débourser en moyenne 120 000 FCFA, pour un salon en rotin de 05 places.
Pour confectionner leurs objets, les artisans achètent le rouleau de rotin à 650 FCFA auprès des forestiers. Le rotin est une liane sauvage coupée dans les forêts des régions du Centre et du Sud Cameroun.