Les Colonels Enyouma et Fosso relevés de leurs fonctions pour vol?

Colonels Armee Cameroun Les Colonels de l'armée camerounaise

Thu, 21 Jun 2018 Source: Patrice Nouma

Les colonels Enyouma Prothé et Fosso Moïse, qui volaient en virant les primes de ces soldats du front dans leurs comptes personnels, sont virés de la force multinationale contre Boko Haram (FMM/CBLT).

Nous recevions le message suivant d'un soldat du Front

«Enfin les lignes bougent. Le gouvernement du Cameroun fait marche arrière. Après avoir publié un communiqué pompeux, ils se sont résolues à préserver l'intégrité du pays. La prime, semble-t-il, sera versée à tous ceux qui seront relevés de la FMM/CBLT.

Reste la question des camarades à l'origine de cette révolte, conduits par vol spécial à Yaoundé et dont on a aucune nouvelle à ce jour.

Grand merci [à Patrice Nouma, Ndzana Seme et le CCT] pour tout ce que vous faites pour le pays.

Le mot d'ordre demeure jusqu'au début des payements. Donc nous attendons que le calendrier soit communiqué». Le CCT demande la libération immédiate et inconditionnelle de ces soldats dont la manifestation publique a forcé la hiérarchie militaire et le chef d'État à les écouter et à agir sur cette grave affaire de vol des primes des soldats fixées à 450 000 francs Cfa par mois pour chacun.

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Les militaires ne peuvent pas vivre régulièrement dans des mauvaises conditions en temps de guerre sans s'exprimer, malgré leur devoir de réserve qui ne s'applique pas dans une situation de tels abus criminels de la part de leurs chefs.

Nous dénonçons l'attitude du refus systématique, de la part du président Paul Biya, d'appliquer la justice et de punir les fautifs quand il s'agit de ses protégés.

Les colonels Enyouma Prothé et Fosso Moïse n'ont pas été sanctionnés et punis pour leur crime de vol et détournement des moyens de subsistance des militaires en temps de guerre, un motif très grave.

Ils n'ont pas été arrêtés pour être jugés par le tribunal militaire. Ils ont été mutés dans leur administration d'origine à Yaoundé, pour continuer de jouir de leurs salaires et avantages.

Car, quelque part, Paul Biya considère que muter une personne est une sanction, qu'enlever un responsable criminel de là où il vole les biens d'autrui et de la nation est une sanction. Une drôle de sanction qu'il réserve à ses protégés et ceux des membres de son entourage.

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Nous rappelons à Paul Biya qu'en tant que président de la République, il est le chef suprême de la magistrature, c'est-à-dire le magistrat suprême qui ne devrait pas donner l'exemple de celui qui applique une justice népotiste. S'explique donc pourquoi la justice camerounaise est autant corrompue et politisée. Puisque l'exemple vient d'en haut!

Les généraux René Claude Meka aveugle et Baba Souley, qui ont pendant plus de deux ans assuré la protection et sûrement pris leur part dans l'argent volé par ces deux officiers criminels, sont maintenus à leurs postes, intouchables par décision présidentielle.

Alain Mebe Ngo'o, alors ministre de la défense, avait détourné, en complicité et coaction avec deux officiers, les contributions des camerounais à l'effort de guerre. Leur seule sanction présidentielle était leur mutation à d'autres postes.

L'ancien commandant du Centre d’instruction militaire de Djoum, accusé de vols et d'abus, fut muté par décision présidentielle.

Le colonel Joël Mboutou, arrêté en France avec un sac bourré d'euros, puis transféré pour traitement au Cameroun, fut muté par décision présidentielle.

Le général Amougou Emmanuel, détourneurs de milliards de francs Cfa sous prétexte de nettoyage des soutes à munitions, est maintenu dans son poste de Chef d'Etat Major Particulier (EMP) du Chef de l'Etat, par décision présidentielle. La liste est infinie.

La véritable justice ne pourra finalement venir que des militaires combattants eux-mêmes, armes aux poings et déterminés à mettre fin aux vols, détournements des fonds publics, favoritismes et abus qui minent l'armée camerounaise, et non pas des officiers et généraux voleurs et milliardaires assis dans leurs bureaux climatisés ou de Paul Biya leur protecteur.

Mais , fait quoi, fait quoi nou vaincrons. En attendant, le combat continue

Auteur: Patrice Nouma