2015 n’a pas dérogé à cette règle. Le Cameroun est resté en mode de pilotage automatique du fait des absences répétées de M. Biya. Sur le plan sécuritaire, alors que la Constitution de la République fait de lui le Chef des armées, il n’a pas cru se rendre une seule fois dans la partie septentrionale du pays pour soutenir nos forces de défense et de sécurité et rassurer les populations.
Le comble de l’inacceptable est qu’il n’a pas daigné présider les différentes cérémonies d’hommage posthume à nos vaillants soldats tombés au front de cette sale guerre qui nous a été imposée par des lâches et barbares. Ces deux faits montrent à suffisance qu’il a démissionné de sa fonction constitutionnelle de Chef des armées. Comme si cela ne suffisait pas, certains illuminés du RDPC ont osé sortir du boisseau pour appeler M. Biya à se représenter à la présidentielle de 2018. C’est une provocation de trop. Les patriotes qui aiment ce pays se mobiliseront pour empêcher que cette ultime malédiction ne s’abatte sur notre pays.
L’autre fait marquant de 2015 est le classement déshonorant, honteux et par ailleurs mérité, infligé par Transparency International au Cameroun qui caracole désormais à la deuxième place de pays le plus corrompu d’Afrique. Au regard des réalités sur le terrain, le Cameroun aurait pris la première place sans que cela n’étonne personne. Nous avons également observé une course effrénée vers l’endettement improductif - et à des taux d’intérêt prohibitifs – qui va à coup sûr plomber l’avenir des générations futures. On ne saurait terminer l’année 2015 sans faire état du vote du budget de 2016 qui a eu lieu en novembre dernier. Ce budget irréaliste et sans ambition se caractérise surtout par un budget d’investissement public discriminatoire qui fait la part belle à une certaine aire géographique notamment le Centre et le Sud qui, avec une population estimée à 21% de la population totale, engloutit près de 60% du BIP total. Ce qui illustre le caractère tribaliste du régime de M. Biya que nous avons toujours dénoncé.
Comme perspective en 2016, une attention particulière sera portée sur le recensement général de la population qui est annoncé. Il n’est de secret pour personne que les chiffres du dernier recensement général de la population effectués en novembre 2005 et rendus public en avril 2010 sont faux. Pour des raisons politiciennes, on a volontairement revu à la baisse le nombre d’habitants. Aucun esprit rationnel ne peut concéder que le Cameroun dispose de seulement 17.463.836 habitants. Nous serons attentifs au processus du prochain recensement car une fausse démographie volontairement entretenue, du fait qu’elle ne garantit pas l’égalité constitutionnelle des citoyens devant le suffrage universel, constitue à court ou moyen terme une bombe à retardement politique.
En 2016, nous attendons surtout de M. Biya un signal clair indiquant sa volonté de ne pas se représenter en 2018.
L’ambiance de fin de règne qui prévaut en ce moment a tout plombé au point de décourager les potentiels investisseurs locaux ou étrangers qui redoutent une période de forte turbulence au Cameroun à l’instar d’autres pays où les problèmes d’alternance n’ont pas connu une anticipation. M. Biya ne doit plus entretenir le statu quo. Il doit donner en 2016 des indications précises qu’il partira au plus tard en 2018. Et ce n’est pas un slogan.
Sinon l’instabilité politique qui s’annonce risquera d’être explosive à cause non seulement du supplice d’un peuple qui est au bout de ses souffrances mais également de l’absence inexpliquée et injustifiée du Conseil constitutionnel, organe inscrit depuis 19 ans dans la Constitution et qui est extrêmement important et incontournable dans les mécanismes de dévolution du pouvoir politique au Cameroun.