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Les bouleversantes réformes de Ngallè Bibéhè

Jean Ernest Ngalle Bibehe Massena, MINESEC Jean Ernest Ngalle Bibehe Massena, minesec

Jeu., 4 Août 2016 Source: camer.be

Les Camerounais attendent la concrétisation des bonnes intentions du ministre des Enseignements secondaires qui se heurtent à un environnement marqué par des pesanteurs négativistes.

Depuis son arrivée à la tête du ministère des Enseignements secondaires, Jean Ernest Massena Ngallè Bibéhè imprime ses marques. Positivement. C'est le moins que l'on puisse dire au regard des premières mesures régaliennes prises par le jeune ministre.

Sans état d'âme, à travers ses propositions finalement retenues par la hiérarchie, le Minesec a envoyé en retraite les fonctionnaires de son ministère atteints par la limite d'âge. Une décision courageuse qui tranche net avec l'apathie séculaire qui caractérise la fonction publique camerounaise, malgré les instructions plusieurs fois réaffirmées du premier ministre chef du gouvernement.

Ce faisant, Ngallè Bibéhè s'inscrit dans le cercle très restreint des ministres qui osent et qui bousculent les mauvaises habitudes qui tirent la République vers le bas. Dans la même veine rénovatrice, il vient de proscrire tout recrutement dans les établissements secondaires publics avant le 15 août 2016. Une activité aux relents mercantilistes à laquelle se livraient les chefs d'établissements publics dans le seul b ut de s'en mettre pleines les poches, parfois même avant leur mutation ou leur mise à la retraite, avec pour conséquence, le surpeuplement des salles de classe. La mesure était déjà en vigueur sous le règne de son prédécesseur, mais son application n'avait jamais été rigoureuse.

On attend d'apprécier la poigne de Ngallè Bibéhè dans la concrétisation de cette mesure. Mais déjà, dans l'entourage des proviseurs, particulièrement ceux de Yaoundé, on se montre assez méfiant à l'égard du jeune ministre qui n'est pas disposé à porter les gants pour sanctionner. Ceux qui se sont empressés d'aller à sa rencontre pour le « féliciter », comme il est d'usage, ont dû mesurer la capacité et la détermination du nouveau Minesec à ne pas transiger avec les pratiques peu orthodoxes, affichant sa volonté d'apporter des changements notables dans la gestion des enseignements secondaires au Cameroun.

D'ailleurs les coulisses du Minesec à Yaoundé s'enivrent de commentaires favorables sur l'objectivité qui a guidé les premières nominations de délégués départementaux, de censeurs et de surveillants généraux dans certains lycées, Ces et Cetic.

Carence de locaux

Toutefois, c'est la décision de limiter le nombre d'élèves à 80 dans les salles de classe des établissements publics qui apparaît comme la plus révolutionnaire de ce vent de mutation qui souffle sur les enseignements secondaires. Et pour cause, longtemps reconnu comme l'une des causes des échecs scolaires dans les établissements relevant du public, le phénomène du surpeuplement n'a fait que s'empirer.

A titre d'illustrations, la moyenne des effectifs dans les classes de premier cycle au lycée de Mendong l'année écoulée se situait autour de 130 élèves par classe, et de 125 au lycée de Biyem-Assi à Yaoundé. De façon générale, toutes les salles de classe des établissements secondaires publics des grandes métropoles suffoquent du trop-plein d'élèves, même si le constat n'est pas le même en zone rurale. Si la mesure est applaudie au sein de la communauté éducative, beaucoup de chefs d'établissements se demandent déjà comment s'employer pour la rendre effective, au regard de la forte demande d'inscriptions à laquelle ils doivent faire face.

Plus grave, la décision du ministre intervient après la fin d'année, alors que certaines classes dans les lycées et autres Ces connaissent déjà leurs effectifs depuis la publication des résultats scolaires. Que pourront alors faire les chefs d'établissements appelés à mettre en œuvre cette décision ? Un chef d'établissement pourrait-il refuser d'inscrire un élève admis en classe supérieure dans son établissement sous le prétexte qu'il a atteint la barre de 80 élèves fixée par le Minesec ?

Ou renvoyer systématiquement les élèves préalablement admis à redoubler leurs classes ? Manifestement, la limitation du nombre d'élèves à 80 par salle de classe pose le problème plus général de la carence des locaux dans les établissements secondaires publics. Et de quelle marge de manœuvre pourrait disposer le Minesec pour dynamiser la construction de nouvelles salles de classe ou pour imposer la réalisation définitive de nombreux marchés de construction de salles de classe à l'arrêt ou à l'abandon ?

Autant de questions de conscience qui montrent qu'audelà de l'euphorie qui accompagne ses décisions audacieuses, Jean Ernest Massena Ngallè Bibéhè a encore du chemin à faire pour révolutionner le paysage peu reluisant des enseignements secondaires au Cameroun.

Auteur: camer.be