Conséquence immédiate de cette pénurie qui semble avoir surpris les responsables d’ENEO, l’augmentation du coût de certains produits et une légère baisse observés sur les marchés pour certaines denrées périssable dont les propriétaires préfèrent casser les prix plutôt que de voir leur stock pourrir à cause de la rupture désormais omniprésente de la chaîne de froid ; le cas par exemple du poisson frais ou des produits laitiers chez les commerçants.
Mais les ménages n’échappent pas à la tragédie que vit actuellement le Cameroun. Dans de nombreux ménages, la cuisine est devenue une corvée quotidienne, là ou avant, il suffisait, faute de temps, de confectionner des repas et de les conserver au frigidaire ou au congélateur. Il faut désormais tout manger ou tout jeter.
Du côté des universités et grandes écoles autour desquelles des milliers de camerounais ont développé une activité de secrétariat bureautique dont la principale matière première est l’énergie électrique, il faut désormais débourser 25 FCFA pour une photocopie en cas de coupure, au lieu des 10 FCFA habituellement dépensés pour une photocopie, au lieu-dit « château » ou « cradat » par exemple pour ce qui est de la ville de Yaoundé.
Dans certaines villes reculées comme Mamfé, l’on a appris sur la Crtv que les photocopies se font désormais à 50 FCFA, alors que les vendeurs de carburant, même frelatés, n’ont pas attendu un décret pour augmenter le prix de l’essence.
Mais la pire dans la crise énergétique que traverse en ce moment le Cameroun, un pays considéré comme un scandale énergétique en raison de l’importance et de la richesse du potentiel hydrique, solaire, thermique, marin, éolien, solaire du pays ; ce sont les nombreuses pannes, incendies, destructions e biens enregistrées dans les ménages et les entreprises du faits de ces coupures sauvages qui surviennent à l’impromptu avec par endroit des retours en force qui mettent les appareils K.O.
La position du principal coupable
Comme à son habitude, ENEO, sciemment ou pas maladresse, a choisi de communiquer au début de cette crise, uniquement via son site Internet sur lequel un communiqué pondu à la hâte annonçait deux semaines de « perturbations » dans sept des dix régions que compte le Cameroun.
Choix d’autant plus scandaleux qu’au Cameroun, toutes les personnes ayant accès à un ordinateur ne sont pas forcément habituées à s’informer sur les portails des entreprises qui perçoivent leur argent chaque mois en échange de services ou produits censé être de bonne qualité… ce qui est loin d’être le cas d’ENEO.
Ici, pour justifier les mauvais choix managériaux et une mauvaise gestion des ressources hydriques disponibles ou à disposition, l’on a rien trouvé de mieux que d’invoquer la baisse dans le stockage du barrage de 1.000 mètres cubes à 600 mètres cubes.
Ainsi, le vendredi 05 juin 2015, flanqué de deux administrateurs, le directeur général d’ENEO, Joel Nana Kountchou, a tenu dans ses services à Koumassi par Douala dans la région du centre une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé que dans sept jours (soit le jeudi 11 juin 2015), il n’y aura plus de rationnement dans la fourniture de l’électricité aux entreprises et aux ménages.
Il n’a pas hésité à assurer à l’occasion que « le débit de la Sanaga est stabilisé et le stockage au barrage de Songloulou va repartir à la hausse dans les sept à dix prochains jours, à la faveur des prévisions météorologiques qui annoncent de fortes pluies dans la période.
Afin non pas d’abréger mais d’atténuer les souffrances des consommateurs de l’électricité, ENEO s’est rapproché des « super clients », à l’instar du plus gros consommateur d’énergie électrique au Cameroun, la société Alucam basée à Edéa, qui a été littéralement priée décaisser sa consommation d’énergie afin que le bénéfice résultant de cette cure énergétique soit dirigée vers les ménages ou entreprises de moindre importance. Une faveur qu’Alucam aurait aux dernières nouvelles, accordée à ENEO, étant elle-même producteur d’énergie électrique.
La voix du peuple
Dans la société civile, des voix s’insurgent contre l’obscurité permanente que paient désormais les Camerounais en lieu et place de l’électricité. C’est le cas du président national de l'Association Cameroun de l'électricité et des sociétés d'eau (ASEELEC), Ekang Esseing qui voit comme de la poudre dans les yeux des consommateurs, la promesse faites par ENEO à travers son directeur général, que les pannes cesseront dans une semaine.
« Le rationnement de l'alimentation peut être évité si les centrales de Logbaba (Douala) et de Kribi sont à jour et de nouvelles mises en place pour injecter de l'énergie suffisante pour les 1000 mégawatts produits par Eneo. Mais il y a plus important : le public doit être sensibilisé à cesser de gaspiller l'énergie, surtout les bâtiments publics des administrations et sociétés d’Etat », a noté le président de l’ASELEC.
Nous avons également appris de sources sures qu’au cours d’une autre réunion cette fois en petit comités avec les délégués du personnel, ENEO a insisté pour que tous ses employés et ceux de ses multiples partenaires à travers le pays, où qu’ils soient, deviennent dans de brefs délais des agents de propagande devant véhiculé pour l’essentiel, des messages visant à faire avaler la pilule plus facilement aux populations.
Il leur a par exemple été demandé d’expliquer d’abord au sein de leur famille nucléaire, puis autours d’eux (amis, parents, connaissances, etc), que les « perturbations » que traversent le Cameroun en ce moment avec l’omniprésence du noir, est un cas de force majeure essentiellement dû à la nature.
Autre information, lors de la clôture de la conférence organisé le 04 juin à Douala-Koumassi, les responsables d’ENEO ont demandé aux populations de prier Dieu afin qu’il pleuve plus longtemps et que tout rentre très vite dans l’ordre.