La reconduite aux frontières des ressortissants nigérians et la libération annoncée des eaux du barrage de Lagdo sont très peu appréciées chez le grand voisin.
Ces deux dernières semaines, la presse nigériane n’a pas été tendre envers le Cameroun. Deux sujets ont particulièrement fait l’objet d’articles sur notre pays, aussi critiques les uns que les autres. Le premier porte sur l’expulsion de milliers de Nigérians en situation irrégulière, entamée le 30 juillet 2015.
A ce jour, ce sont environ 2800 Nigérians qui ont été chargés dans des camions et transportés en direction de la frontière nigériane, via un couloir sécurisé qui traverse le Mayo-Oulo. Le lendemain des premières reconduites, quand le convoi arrive à la frontière nigériane, c’est à la grande surprise des officiels nigérians.
Les tabloïds se sont immédiatement mis à relayer la colère des officiels nigérians. Le journal «Premium Times» expliquera notamment que les officiels nigérians, plus précisément ceux de l'Agence nationale de gestion des urgences (Nema) n’ont été informés de ce transfert qu’une fois les camions transportant leurs compatriotes arrivés sur leur sol.
«Ils ont attiré notre attention en disant qu'il y avait des camions pleinement chargés de Nigérians qui, après enquête, sont des refugiés, des personnes déplacées du fait des exactions de Boko Haram et rapatriés par des gendarmes camerounais», a indiqué Sa’ad Bello, un responsable local de l'Agence nationale de gestion des urgences. «lls ont été transportés dans des camions comme des animaux, et déversés chez nous», a poursuivi le fonctionnaire.
Le plus troublant, estime le journal «The Guardian News», c’est que cette vague de transferts a commencé le jour même du départ du président Buhari, en visite de 24h à Yaoundé. «Qui plus est, dans des conditions inhumaines et ne respectant pas les normes internationales des droits humains», écrit le journal.
Les témoignages de la première vague de Nigérians transférés dans la localité de Sahuda, dans l’Etat de l’Adamawa, ne manque pas non plus de témoignages aussi cruels les uns que les autres. Une fois arrivés dans le camp de Malkohi au Nigeria, quasiment tous les refoulés se sont plaints du mauvais traitement dont ils ont fait l’objet au Cameroun.
Certains y vivaient depuis plusieurs années. «Depuis que ces gens de Boko Haram ont commencé à tuer, on nous traite comme des terroristes. Vivre au Cameroun est aujourd’hui comparable à l’enfer sur terre», explique même un rapatrié, originaire de Biu, dans l’Etat de Borno.
Certains titres nigérians se feront même forts d’indiquer le chiffre faramineux de 13.000 personnes expulsées, dont une dizaine sont mortes au cours du transfert. De quoi écorner l’image du Cameroun…
LAGDO
L’autre sujet à controverse et désormais récurrent, relayépar la presse nigériane, porte sur le barrage de Lagdo. Le Nigeria a lancé une campagne le jeudi 6 août, avertissant des dizaines de milliers de personnes vivant le long d'une des principales rivières du pays, de se préparer à des inondations massives qui pourraient être provoquées par l'ouverture prévue du barrage de Lagdo au Cameroun voisin.
L'Agence nationale de gestion des urgences (Nema) a déclaré avoir appris que le barrage de Lagdo libérerait de l'eau dans la rivière Benoué jusqu'en novembre, pour réduire une accumulation trop importante. L’agence a averti les populations de rester en alerte et «prêtes à évacuer» si de telles inondations se reproduisaient.
Lesquelles avaient déjà faits 30 morts et 120.000 déplacés en 2012 dans les zones touchées du Nigeria. «La libération progressive et imminente de l'excès d'eau du barrage de Lagdo par notre pays voisin, le Cameroun, qui pourrait avoir lieu prochainement, fait peser de graves menaces sur les vies et les biens.
Les États qui sont susceptibles d'être affectés sont l’Adamawa, Taraba, Gombe, Bauchi, Benue, et Kogi», indiquait la secrétaire permanente du ministère de l’Environnement, Nana Mede.
Elle a rappelé que les inondations de 2012 avaient causé des dégâts de l’ordre de 71 millions de Nairas (environ 209 millions de Fcfa). Certains parlementaires n’avaient pas manqué alors de réclamer que la note soit payée par le Cameroun. Les deux pays vont finalement tomber d’accord en 2013, sur un partage d’informations qui permettrait au Nigeria de se préparer en cas de manoeuvres au barrage de Lagdo