Le patriarche du Mfoundi, conseiller municipal RDPC de Yaoundé II a récemment accordé une interview à Jean Bruno TAGNE du journal Le Jour n° 2058 du 11 novembre 2015 qui ferra date dans l’histoire politique du Cameroun. Cette interview exceptionnelle intervient peu après que, dans la scabreuse « affaire Albert DZONGANG », le Ministre Secrétaire Général Adjoint de la présidence, Peter AGBOR TABI, ait révélé, le 14 juillet 2015, à travers une note adressée à « la très haute attention de Son Excellence Monsieur le Président de la République et président national du RDPC », la collusion, jusqu’ici vigoureusement niée par le pouvoir, entre le RDPC et les autorités administratives. Lors du double scrutin du 30 septembre 2013 au cours de laquelle le MRC avait été spolié de ses victoires dans la capitale et dans certaines autres circonscriptions (Yokadouma, Monatélé, Deuk, Baham, Douala, etc.).
Les dirigeants du MRC avaient, de façon documentée, dénoncé cette collusion qui de fait enlevait à ce double scrutin tout caractère démocratique. Malheureusement, leurs dénonciations, pourtant documentées, n’avaient même pas retenu la simple attention des personnalités de l’Organisation de la Francophonie (OIF), de l’Union Africaine (UA), de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) etc., venus faire du safari électoral dans le pays au détriment d’une observation indépendante et crédible. Puis, elles avaient été balayées du revers de la main par les grands magistrats de la Chambre administrative et de la Cour Suprême agissant comme Conseil Constitutionnel. Ensuite, elles devaient être définitivement enterrées avec le satisfecit général du président BIYA à ELECAM pour le bon déroulement des élections.
“ Analysant le déroulement du processus de renouvellement des organes de bases au sein du RDPC, le grand homme se désole que pour de simples élections internes, l’on sorte de « l’argent dans les bureaux parce qu’on veut se maintenir » à son poste ; dénonce les charters les électeurs fictifs avant de conclure, « Il ne faut pas qu’on triche à l’intérieur du parti si on veut sortir des sentiers battus ». Cette conclusion renseigne les Camerounais sur le logiciel électoral en matière d’élections externes au RDPC.“
Du haut de son grand âge et surtout armé de sa très longue expérience pratique comme laborantin des « victoires » soviétiques alignées par son parti dans le stratégique département du Mfoundi, depuis l’amorce de l’illusion démocratique du début des années 1990, le patriarche Emile Onambélé Zibi a volé, « à l’insu de son plein gré », au secours du MRC en confessant qu’au « Rdpc, les gens se comportent comme dans un parti- Etat ». Analysant le déroulement du processus de renouvellement des organes de bases au sein du RDPC, le grand homme se désole que pour de simples élections internes, l’on sorte de « l’argent dans les bureaux parce qu’on veut se maintenir » à son poste ; dénonce les charters les électeurs fictifs avant de conclure, « Il ne faut pas qu’on triche à l’intérieur du parti si on veut sortir des sentiers battus ».
Cette conclusion renseigne les Camerounais sur le logiciel électoral en matière d’élections externes au RDPC. En effet, affirmer « qu’il ne faut pas qu’on triche à l’intérieur du parti » c’est confesser que la tricherie électorale est licite dès lors que le RDPC est opposé à ses adversaires politiques. Comme s’il plaidait à nouveau les requêtes en fraude du MRC devant le Conseil Constitutionnel, les experts et les « observateurs » internationaux « impartiaux et indépendants » qui, faute de ne pouvoir se déployer à Fotokol, à Fotuni, à Mefak, quadrillaient la capitale lors du double scrutin du 30 septembre 2013, et devant le président de la République BIYA, garant des institutions et du respect des lois, le patriarche charge férocement ses camarades et son parti, et lève le voile sur la partialité des institutions et de l’administration de notre pays. Reprenant les accusations documentées du MRC, il affirme « Ils ont distribué beaucoup d’argent lors de la dernière consultation électorale, cet argent a été nul.
Quand on est député et qu’on échoue à une élection dans sa circonscription, je pense que l’humilité demande de démissionner. Même les présidents qui sont en place ont tous échoué lors des dernières consultations électorales dans leurs circonscriptions. Le Rdpc n’a pas pu avoir 40%. Pour gagner ça s’est passé ailleurs.». On peut enfin réaliser qu’au terme de cette mascarade électorale, le MRC n’était, contrairement à la désinformation orchestrée par le pouvoir, simplement un mauvais perdant. Les fraudes sauvages que révèle le patriarche Onambélé Zibi dans la circonscription de Yaoundé II, ont été observées dans tous les autres arrondissements de Yaoundé. Dans le reste du pays, et notamment dans les coins reculés qui n’ont pas connu le bonheur de recevoir de mission d’observation des « experts internationaux », elles ont été simplement assommantes.
En parti républicain, le MRC avait occulté le fait que le président BIYA est aussi président du RDPC , le parti au coeur des fraudes, et lui avait transmis, contre décharge, un rapport complet et des DVD comprenant une myriade d’irrégularité. Le parti s’était aussi chargé de transmettre ce rapport accablant à ELECAM et aux organisations internationales qui avaient « observé » la simulacre d’élection. La sortie d’Emile Onambélé Zibi sur les pratiques honteuses de fraudes du RDPC et la collusion entre son parti et l’Etat, déjà confirmée par Peter AGBOR TABI dans « l’affaire DZONGANG », et dont le MRC a beaucoup souffert depuis son lancement sous une forêt de matraques et d’armes à aujourd’hui, souligne la pertinence de sa proposition de loi déposée en décembre 2014 devant l’Assemblée Nationale.
“Cette situation peut encore être évitée car on sait par avance que comme à son habitude le RDPC trichera, que le MRC et les Camerounais ne laisseront plus faire, et que le pouvoir qui instrumentalise l’Etat lancera la troupe armée sur les Camerounais mobilisés pacifiquement pour faire valoir leurs droits politiques et qu’au final il y aura de nombreux morts inutiles. Le président BIYA et son Gouvernement doivent écouter les Camerounais dès maintenant pour ne pas porter la responsabilité historique ...“
Un an après, cette proposition n’a même pas encore été soumise à l’examen de la commission des lois. Les prochaines échéances électorales que s’apprête à affronter notre pays sont plus que délicates. Nombreux sont les Camerounais de tout bord qui sont fatigués des fraudes électorales qui les privent, depuis trente trois ans, de la possibilité d’influencer par leurs votes les décisions politiques et ne sont plus disposés à subir un système en lequel ils ne se reconnaissent pas. Au lendemain de la mascarade électorale du 30 septembre 2013, le Directoire du MRC avait rendu publique un communiqué dans lequel il affirmait que ses militants n’accepteront plus jamais que des fraudes barbares et sauvages du RDPC restent impunies.
Ceci avait valu au président national, le Pr. Maurice KAMTO, une convocation de monsieur le Délégué Général de la Sûreté Nationale pour tentative d’intimidation. Depuis le début de cette année 2015, comme annoncé par le président KAMTO lors de son adresse au Camerounais en décembre dernier c a m e r . b e, le MRC organise une campagne nationale et internationale qui invite le Gouvernement à engager une réforme consensuelle du code électorale et d’ELECAM dont les membres sont soit du RDPC soit des obligés du système en place. Sans cette réforme, qui est d’ailleurs demandée par tous les pans de la société camerounaise, les prochains scrutins qui, comme les précédents seront malheureusement viciés par les fraudes rédhibitoires du RDPC, risquent de se transformer en détonateur d’une crise post électorale aux conséquences imprévisibles pour notre pays.
Cette situation peut encore être évitée car on sait par avance que comme à son habitude le RDPC trichera, que le MRC et les Camerounais ne laisseront plus faire, et que le pouvoir qui instrumentalise l’Etat lancera la troupe armée sur les Camerounais mobilisés pacifiquement pour faire valoir leurs droits politiques et qu’au final il y aura de nombreux morts inutiles.
Le président BIYA et son Gouvernement doivent écouter les Camerounais dès maintenant pour ne pas porter la responsabilité historique du drame qui risque de s’abattre sur notre pays déjà fragilisé économiquement et au plan sécuritaire, s’il engage le pays dans un nouveau processus électoral sans préalablement avoir réglé, de façon républicaine et consensuelle, la question de la transparence des scrutins, celle de l’indépendance effective d’ELECAM, de l’égalité de chances des candidats à toutes les étapes de la compétition ou encore celle, très importante pour la préservation de la paix dans la délicate période postélectorale, de l’objectivité et de l’indépendance des magistrats lors du contentieux électoral. Nous aurions pu faire cette réflexion avec des amis et en dehors de l’espace public.
Mais, en nous inspirant de la sagesse du patriarche et homme de terrain Onambélé Zibi qui affirme, « Ecrire au chef de l’Etat par le canal du parti n’est pas une bonne idée. Je préfère m’exprimer publiquement. Comme ça, si on me tue, tout le monde comprendra que c’est parce que j’aurai parlé. En envoyant une lettre, elle n’arrivera peut-être pas chez le chef de l’Etat et on enverra des gens me butter et vous ne saurez jamais pourquoi on m’a tué. On n’aime pas ceux qui disent la vérité », nous avons, par instinct de survie, nous aussi choisi une réflexion publique. Cette précaution bien sage du patriarche « laborantin en chef » des « victoires » du RDPC dans la capitale depuis les années 1990 fait froid au dos. Elle suggère que le paysest aux mains de la pègre.
Alors, si on me bute, vous lecteurs vous saurez que c’est pour avoir dit la vérité à savoir que le RDPC ne gagne pas mais triche et que si le président BIYA engage les prochaines élections sans au préalable réformer de façon consensuelle tout le système électoral existant, totalement conçu pour garantir à son parti des « victoires » sans compétition, il sera responsable devant l’histoire des conséquences des troubles post- électoraux qui pèsent sur le pays, eu égard au fait que les Camerounais sont désormais fatigués d’un régime qui ne s’impose à eux que par les fraudes et qui en plus ne produit des résultats satisfaisant ni en économie, ni en culture, ni au plan social encore moins au plan sécuritaire et ce depuis trente trois ans, soit l’âge auquel le Christ est mort après avoir tout accompli.