Le texte ci-dessous est une tribune du journaliste Christophe Bobiokono publiée par le site d’information Journalducameroun.com
En lisant Cameroon Tribune du mercredi 11 octobre 2017, je découvre un texte qui fait le compte-rendu des visites que le ministre de la Communication fait dans certaines salles de rédaction au sujet du traitement de l’information liée à la crise anglophone.
Le reporter, Messi Bala, met en exergue un propos du ministre Isssa Tchiroma, qui restitue bien le cœur de son message aux journalistes : « La liberté de la parole a une limite. La ligne éditoriale s’arrête là où la nation est menacée ».
J’apprécie beaucoup ce conseil (il vaut mieux le considéré comme tel) du ministre de la Communication à l’attention des organes de presse. Et quand je le relis, je me demande si ce propos ne devrait concerner que les hommes de médias. Les communications régulières de M. Tchiroma dans les médias apparaissent en effet comme les principaux vecteurs de la confusion qu’éprouvent les Camerounais par rapport aux manifestations de la crise anglophone.
Dans le discours de cet acteur médiatique de poids, les termes « anglophone », « sécessionniste », « fédéraliste » et « terroriste » semblent être des synonymes, ce qui contribue amplement à faire croire à nos compatriotes anglophones qu’ils seraient des citoyens de seconde zone.
Au cours d’une mission de la Commission nationale des Droits de l’Homme, début février 2017 à Buéa, j’ai pris part à des concertations publiques avec des représentants des populations. Certains participants à ces concertations indexaient clairement les sorties du ministre Tchiroma comme des catalyseurs de la radicalisation d’une population dont l’écrasante majorité (plus de 95%) clamait clairement son hostilité à la sécession.
Avec le recul, j’ose une question : n’est-il pas temps pour le ministre Tchiroma de comprendre lui-même que l’invective et l’accusation facile « s’arrêtent là où la nation est menacée » ? Il est temps qu’il relise désormais par deux fois ces discours que des faucons tapis dans son cabinet rédigent avec des intentions qui ne sont pas toujours, dans la perception qu’en ont les populations, celles de la préservation de la paix sociale.