Les contrevérités de l’opération d’ange Michel Angouing

Fri, 28 Aug 2015 Source: Yannick Ebosse

Le PM de l’époque Inoni Ephraïm, aujourd’hui incarcéré à la prison centrale de Kondengui et signataire de cet arrêté d’assainissement, voulait ainsi appliquer les directives imposées par le Chef de l’Etat avant toute autre opération de recrutement d’envergure de l’Etat. La raison centrale de celle-ci étant la récente grève de Février 2008 qui avait embrasé plusieurs coins chauds de la république en faisant plusieurs morts ; des jeunes oisifs et chômeurs.

Après un An et quelques mois de travail improductifs, le Chef de l’Etat décidera de remanier le gouvernement. C’est alors que le 30 Juin 2009, Philémon Yang, ancien Secrétaire General adjoint à la présidence deviendra Premier Ministre du Cameroun.

Lors du même remaniement, Emmanuel Bonde gardera le prestigieux poste de Minfopra afin de continuer le travail enclenché depuis des mois. Le 12 Avril 2010, dans la salle des actes de l’Ecole nationale d’administration et de la magistrature (ENAM), les premières pressions arrivées de la primature pousse l’organisation d’une réunion après le constat de 15 000 fonctionnaires fictifs découvert dans le fichier du personnel de l’Etat.

Les Ministres Essimi Menye des finances et Emmanuel Bonde organisent ainsi une réunion à huis-clos devant aboutir à des résolutions immédiates sur l’assainissement du fichier du personnel de l’Etat. Rien n’y fera. A l’époque, l’on parlait déjà de plusieurs noms recensés sensés être donnés par les proches de la famille présidentielle ou encore des proches de ces derniers qui se voyaient n’avoir aucun compte à rendre à personne.

20 ans après le déclenchement certes à pas de tortue de cet assainissement tant attendu, voici que l’actuel Ministre de la fonction publique et de la reforme administrative s’attaque d’abord aux « déserteurs » ayant été recruté dans le cadredes 25 000 jeunes à la fonction publique et le personnel recruté par plusieurs ministres en fonction ou débarqués ayant gardés leurs postes, décédés ou ayant abandonnés leurs postes du fait du mauvais climat de travail qu’ils subissent au quotidien.

Pourrait-on dire que c’est un travail de fourmi ? Ou encore un travail de technicien chevronné ? L’audace est certes à féliciter mais à quand la publication des véritables chiffres de personnel fictifs émargeant dans le fichier solde de l’Etat y compris le personnel militaire qui n’arrive pas à être déterminé et identifié ?

Le cas Angouing Michel Ange

Depuis le lundi 24 Août 2015, le Ministère de la fonction publique et de la reforme administrative a rendu public un communiqué demandant à plusieurs agents publics de justifier de leur présence aux postes faute de quoi des mesures seront prises. Exactement concernés 10 377 agents de l’Etat.

Si l’on apprécie la diligence actuelle du Minfopra à nettoyer le fichier du personnel de l’Etat, plusieurs observateurs mettent cette opération sous l’égide d’une continuité de l’administration. En effet, d’après plusieurs informations, la réelle volonté de nettoyer le fichier solde de l’Etat aurait commencé le 5 Juin 2006 par la signature d’un communiqué du Ministre des Finances de l’époque Polycarpe Abah Abah.

A cette époque, si le Ministère des Finances s’était penché particulièrement sur les pensionnés et retraités, il est important de noter que ce travail d’assainissement ne semble pas avoir décollé aujourd’hui de ce secteur. Le Minfopra, version Michel Ange Angouing semble ainsi être le premier des Ministres de ce département ministériel à s’attaquer véritablement aux agents de l’Etat « déserteurs » avec publication officielle des noms afin d’inciter ceux voulant continuer le service public à se manifester.

A titre de rappel, en 2005, les chiffres officiels parlaient déjà de 146 000 fonctionnaires percevant des salaires par virement bancaire pour une enveloppe mensuelle d’environ 29 milliards de Fcfa.

Pour se faire recenser à l’époque, les agents publics devaient se munir entre le 25 Juin et le 10 Août dans les différents points de paiement d’une photocopie de la CNI, d’une photo 4x4 et des pièces justificatives de tous éléments de rémunération y compris l’attestation de fonction. L’opération ainsi lancée par l’ancien argentier Polycarpe Abah Abah partait du constat qu’en 2005, le gouvernement camerounais avait démasqué 3 700 morts qui continuaient à émarger dans le fichier de l’Etat.

Des hommes et femmes ou leurs fantômes qui puisaient mensuellement environ 214 millions de Fcfa à l’Etat. Aujourd’hui et plusieurs années après de nombreux efforts consentis par le gouvernement d’octroyer des emplois aux camerounais, la fraude et l’entourloupe semble continuer à guider le quotidien de certains camerounais habitués à une impunité totale dans leurs actes quotidiens.

Agents de l’Etat pour la plupart, le Communiqué officiel vient ainsi permettre de voir plus clair sur les effectifs réels que compte le Cameroun après l’Arrêté N° 068 CAB/PM DU 28 AVRIL 2008, fixant le cadre organique de Suivi de l'Opération d'assainissement du fichier solde et personnels de l'Etat.

D’après les premières impressions recueillis, plusieurs personnes concernées ne rechigneraient pas à se plier à ce contrôle. Mais d’autres grincent déjà les dents après avoir repérés quelques noms des connaissances qui se voient citer sur le babillard du Minfopra alors qu’ils sont injoignables. La mesure d’après les responsables du Minfopra viserait à assainir le fichier solde de l’Etat pour procéder à la migration définitive des données recensées par les applications Antilope et Sigipes 1.

Dans le procédé officiel, les personnes concernées par ce recensement devraient se rapprocher de leur administration utilisatrice afin de justifier de leur effectivité sur le terrain.

Pour cela, les documents tels que la présence effective et la prise de service seront des sésames pour dissiper les soupçons d’abandon de poste. Mais d’après une analyse globale de la liste, 98% des noms cités sont des personnels contractuels et décisionnaires. En mot simple, cette opération concerne principalement ou en grande partie le personnel recruté dans le cadre du recrutement spécial des 25 000 jeunes à la fonction publique et ceux généralement recrutés par décision ministériel en complément d’effectifs au sein des administrations.

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Parlant du recrutement des 25 000 jeunes lancé par l’Etat afin de lutter contre le chômage des jeunes, plusieurs rapports des responsables au sommet déploraient l’absence aux postes de ces personnes. Mais curieusement plusieurs d’entre eux s’attelaient à émarger chaque mois auprès des banques qui avaient pris la peine de les recenser au sein de leurs établissements.

Le Ministre de la fonction publique et de la reforme administrative lance ainsi avec cette publication officielle un véritable coup de balai pour ces jeunes ou ces personnes s’étant désolidarisé de l’exercice public.

Aujourd’hui en lançant définitivement la dernière opération de recensement du personnel de l’Etat (du moins ceux actuellement recensés), le Minfopra met en branle le second volet financier de l’opération mené par le Ministère des finances qui devra par la suite extirper du fichier de l’Etat les agents publics régulièrement recrutés, affectés à des postes de responsabilités et touchant des salaires mais régulièrement absents.

Depuis le 25 Février 2015, Alamine Ousmane Mey, Ministre des Finances, avait déjà demandé à ses collaborateurs de déclencher le énième recensement du personnel retraité qui émarge de façon régulière dans le fichier de l’Etat. A part ceux-ci, ceux déjà décédés continuent à émarger avec la complicité de plusieurs fonctionnaires qui arrondissent leurs fins de mois en utilisant des réseaux mafieux du Ministère des Finances.

Certainement pour siffler la fin de la tolérance, le gouvernement Philemon Yang décide enfin de passer à la vitesse supérieure pour réduire les dépenses inutiles causant d’énormes préjudices aux caisses déjà entamées par la guerre contre Boko Haram.

Auteur: Yannick Ebosse