Le palais présidentiel du Niger a la particularité de se trouver en plein centre-ville de la ville de Niamey au bord du fleuve Niger au lieu-dit boulevard de la République.
Ainsi, parmi les membres fondateurs du parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, PNDS-Tarrya en décembre 1990, deux noms retiennent notre attention. Il s'agit de Mahamadou Issoufou (Président) et Mohamed Bazoum (Vice-Président et Président du Comité Exécutif National de ce parti depuis 2011). Après plusieurs élections présidentielles ratées, ce parti qui est resté longtemps à l'opposition accède au pouvoir en avril 2011 après une courte transition de la junte militaire menée par le Commandant Salou Djibo tombeur de Mamadou Tandja en 2010. C'est ainsi que le Président Issoufou prépare son dauphin en lui confiant des postes ministériels stratégiques. D'abord ministre des affaires étrangères, de la coopération, de l'intégration africaine et des nigériens de l'extérieur du 21 avril 2011 au 25 février 2015, puis puissant ministre de l'intérieur, de la sécurité publique, de la décentralisation, des affaires coutumières et religieuses du 12 avril 2016 au 29 juin 2020. Date à laquelle il démissionne du gouvernement pour se consacrer aux élections présidentielles.
Après son investiture le 2 avril 2021 pour un mandat de 5 ans renouvelable, sa Présidence est perçue comme bicéphale du fait du tandem avec son prédécesseur Mahamadou Issoufou dont il échoue à se défaire de la tutelle. Mais toutes vérifications faites, il est constant qu'un deal savamment orchestré lie les deux hommes tel un Vladimir Poutine et son dauphin Dimitri Medvedev. En effet, le Président Issoufou étant constitutionnellement interdit de briguer un 3e mandat, il scelle sous l'onction de la France, un pacte avec son ami et dauphin pour que ce dernier ne fasse qu'un seul mandat de 5 ans. Et pour s'en convaincre, il lui laisse comme caméra de surveillance, le général Abdourahmane Thiani alors puissant commandant de la garde présidentielle avec un effectif de 700 hommes lourdement armés, l'armée française avec un effectif de 1500 hommes lourdement armés, son fils Sani Issoufou Super ministre du pétrole, de l'énergie et des énergies renouvelables pour garantir la protection des contrats franco-nigerienne sur le pillage de l'uranium. Ce dernier fut également imposé à Bazoum comme directeur de campagne en octobre 2020 pour se roder aux réalités d'une élection présidentielle.
Dans cet accord, les questions sécuritaires n'intéressent guère les différentes parties. Mais l'ayant très vite compris, le Président Bazoum va tenter de devancer l'iguane dans l'eau en mettant le primat sur ces questions sécuritaires qui lui ont permis de réduire considérablement les attaques djihadistes sur tout l'étendue du territoire. Toutes choses qui lui ont valu une côte de popularité auprès des nigériens. Ainsi, la tentation de violer les accords secrètes querellés est devenue irrésistible. Pour passer à l'acte au mépris des mises en garde de son mentor Issoufou, il engagea des réformes de la garde présidentielle pour se débarrasser du bulldog de général Thiani qui commençait à peser sur sa tête comme une épée de Damoclès.
C'est la goutte d'eau qui a débordé le vase car en avril 2023 le Président Bazoum avait déjà limogé le général Salifou Mody l'un des commanditaires de ce pustch et numéro 2 de la junte qui a été reçu mercredi 2 août 2023 au Mali. Le troisième chantier était certainement de réduire la puissance du fils de son prédécesseur Sani Issoufou pressenti comme son successeur "imposé" lors des élections présidentielles de 2026. L'ex président Issoufou n'avait d'autre choix que de fomenter un putsch contre son successeur devenu très populiste, nuisible et perfide à ses yeux.
Résolument parvenu au 26 juillet 2023, le plan ourdie sous l'œil vigilant de la France était de séquestrer le Président Bazoum pour qu'il signe sa démission afin que le Général Thiani conduise une courte transition qui devait porter le fils Sani Issoufou au pouvoir après une élection présidentielle. Mais les choses ne se passeront pas comme prévu car le Président Bazoum refusera catégoriquement de signer sa démission et le temps jouera en défaveur du premier plan.
Dans un premier temps, les autres corps de l'armée sous l'impulsion d'un proche du Président Bazoum, le chef d'état-major général des armées le général Abdou Sidikou Issa (successeur du général Salifou Mody) n'accepteront pas ce mauvais deal. Ils vont dont encercler le palais présidentiel avec un risque de bain de sang au regard de la puissance de feu détenue par les éléments de la garde présidentielle. Le temps le prenant à la gorge, le général Thiani passera un accord tiré sur les cheveux avec ses frères d'armes qui l'obligeront à s'affranchir du deal entre lui, son mentor Issoufou et ses alliés français pour migrer vers l'intérêt supérieur des nigériens sur les questions sécuritaires et de souveraineté de la République du Niger.
À l'issue de ces négociations, le chef d'état-major fera allégeance au général Thiani en évitant un affrontement des forces armées du Niger (FAN). La France et leur allié Issoufou changeront donc le fusil d'épaule pour soutenir, bon gré mal gré, le Président Bazoum déchu : Il s'agit simplement " d'un coup d'État dans un coup d'État".
Pour s'en convaincre, le général Thiani qui s'est depuis peu affranchi de son mentor Issoufou, mettra aux arrêts son fils Sani Issoufou. Mis au courant de ce deal des français et leur allié Issoufou, le peuple qui avait d'abord manifesté contre les putschistes prendra fait et cause pour ces derniers et se retournera contre la France. C'est pourquoi dans tous les témoignages, les manifestants disent ne pas être contre le Président Bazoum mais qu'ils sollicitent le départ des français et la neutralisation de leurs valets qui veulent continuer à clochardiser le peuple nigérien.
Dépasser par ce soutien populaire, la France tentera donc de rouler la mécanique en activant ses réseaux dans la CEDEAO (Sénégal, Bénin, Côte d'Ivoire, Nigeria...) pour une intervention militaire et des sanctions massives pour asphyxier l'économie du Niger (rupture abusive des contrats énergétiques avec le Nigeria, fermeture des entrepôts nigériens au port de Cotonou Bénin avec fermeture des frontières...).
Mais Dieu n'étant pas corrompu, tout le peuple souverain du Niger, à grand renfort du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée Conakry, de la Mauritanie, de l'Algérie et de la Russie diront "non" à la France et ses valets de la CEDEAO pour cette forfaiture de trop. Ces cries de ralliement géopolitiques donneront certainement du grain à moudre à la communauté internationale. La seule chose qui restera à la France, c'est de mobiliser lâchement la résolution 2171 du conseil de sécurité de l'ONU pour une intervention au Niger. Mais la Russie et la Chine les y attendent avec leur droit de veto.
Question de rabattre le caquet au néocolonialisme.
Affaire à suivre...