Depuis quelques heures, le mot 'dictateur' est utilisé en boucle pour qualifier Samuel Eto'o, le président de la fédération camerounaise de football. Ce week-end, la fédération a siégé pour son assemblée générale. Au cours de cette assemblée, le mandat du président de la Fecafoot est passé de 4 à 7 ans. Une annonce qui fait couler beaucoup d'encre et de salive.
L'analyste Dieudonné Essomba s'invite dans le dossier et donne son point de vue sur la question de dictateur et la notion de tyran. La rédaction de camerounweb vous propose l'intégralité de son analyse.
DICTATEURS ET TYRANS
Chaque fois qu'un peuple connait des difficultés, il développe le réflexe d'appel a un dictateur qui viendrait mettre de l'ordre.
Dans la Rome antique qui était une République, on elisait un dictateur chaque fois que la Nation était menacee. Le rôle de ce dictateur était de mettre de l'ordre pour 6 mois et de partir.
Les dictateurs peuvent donc être nécessaires en certaines circonstances. Mais il ne faut pas assimiler un dictateur a un tyran.
Un dictateur est un chef autoritaire qui vient mettre de l'ordre dans un système dépassé et incapable de répondre aux principaux défis.
La caractéristique fondamentale des dictateurs est la réforme. Par exemple, Napoléon Bonaparte fut un dictateur puisque son avènement a entraîné des réformes générales qui ont modifié la France: préfecture, Code Civil, École Polytechnique, etc.
On peut citer d'autres dictateurs comme Atatürk en Turquie, Staline, Nasser, etc.
Mais en Afrique Noire, on a surtout des tyrans qui se caractérisent, non pas par des reformes durables capables de modifier le visage de leurs pays, mais par une personnification excessive du pouvoir, l'anémie de toutes les institutions et la liquidation physique de toute opposition.
C'est pour cette raison qu'il faut être très prudent vis-à-vis des Messies qui, a terme, se révèlent soit comme des dictateurs, soit comme des tyrans.
Quand un Messie met de manière narcissique plus d'accent sur sa capacité messianique a résoudre les problèmes et non sur une réorganisation du système dans lequel chacun joue efficacement son rôle, nous sommes clairement en présence d'un tyran.
Et la tyrannie n'a pas d'héritage.
C'est pour cette raison que je préfère une bonne Constitution à un Messie.
Dieudonné Essomba