Pour l'analyste politique Wilfried Ekanga, Valère Bessala et Mathias Eric Owona Nguini se deux individus de la même espèce, ont le même raisonnement, voient le chose de la même manière et sont en quelques sortes des jumeaux.
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"Après 32 = 500, il était évident que la série n'allait pas s'arrêter en si bon chemin. Cette fois, c'est mon oncle du village qui nous apprend que 7-3 est en réalité une addition. À défaut de créer l'impossible miracle de l'industrialisation du Cameroun, le Gang de Yaoundé a réussi l'impossible clochardisation des esprits les plus brillants. Bref, sachez désormais que 7×3 est une division et que 7÷3 est une mise en facteur.
Ne cherchez pas à comprendre, car c'est cela le Wamakoulisme dans toute son horreur. Je me souviens d'une récente intervention ou tonton Bessala disait : « Wilfried Ekanga est un jeune intelligent, mais très mal utilisé ». Sauf qu'après cette extraordinaire soustraction additionnelle (ou addition soustractionnelle), force est de constater que l'homme s'est regardé dans la glace et a vu quelqu'un d'autre plutôt que de voir son propre reflet. C'est ce que le psychologue japonais Yochinori Noguchi appelle « la loi du miroir.»
LES POINTS SUR LES « i »
Mais venons-en à l'essentiel de ce que dit mon oncle. Primo, Biya n'est pas un sage ; c'est juste un tueur de masse qui a eu la chance d'atteindre 89 ans, non pas parce qu'il serait « beni des dieux » ou parce que cest une « grâce », mais parce qu'il a les moyens de se faire soigner en Suisse et d'avoir des avions médicalisés qui débarquent à Nsimalen. Dieu n'a rien à voir là-dedans. Si les enfants de Monique Koumatekel sont morts à la naissance le 12 mars 2016, ce n'est pas parce qu'ils étaient méchants et que Dieu ne les aimait pas. Ils étaient trop jeunes pour avoir déjà commis le moindre péché et être punis. Ils n'avaient pas enclenché la guerre du NOSO. Au contraire, c'est le système de santé moribond instauré par Biya qui a causé ce triple drame sur le parvis d'un hôpital.
Il faut donc arrêter l'imposture mentale et morale qui consiste à faire croire qu'il suffit qu'un crétin vieillisse pour qu'il devienne un sage. Non, un crétin qui a vieilli est simplement un vieux crétin. En 2018, un policier a tiré sur le genou de Gaétan Ngankam en se moquant ensuite de son incapacité à marcher. Je ne pense pas que s'il rencontre à nouveau son tortionnaire dans 30 ou 40 ans, il devra l'appeler sage, juste parce que celui-ci aura des cheveux blancs. C'est bel et bien de la sorcellerie politique.
Secundo, il est absurde de dire : « Biya a réussi politiquement mais échoué économiquement ». Car c'est précisément sur les résultats économiques qu'on détermine si un dirigeant a réussi ou non. Autrement dit, un homme qui a échoué économiquement a échoué tout court ! Par exemple, en dépit de ses (brefs) ennuis judiciaires, l'ex président brésilien Lula Da Silva (2002-2011) est considéré comme un symbole de réussite parce que son bilan parle pour lui, avec une économie qui a pris de l'envol dès 2004. Le Brésil ayant intégré le cercle informel des BRICS sous son mandat, pour concurrencer le G7 occidental. Donc, la politique est interdépendante avec l'économie. Si les quatre dragons d'Asie (Taiwan, Hongkong, Singapour, Corée du Sud) ou la Chine sont devenus de grandes puissances politiques, c'est parce qu'ils ont su dynamiser leur économie en la hissant à un niveau où le monde entier en dépend. Tout le reste n'est que blabla en mode sorcellerie.
MORCEAUX CHOISIS :
Aujourd'hui, Singapour figure dans le top 3 des PIB par habitant (en parité de pouvoir d'achat) les plus élevés de la planète, avec plus de 130 000 dollars, aux côtés du Qatar et du Luxembourg. Son aéroport est l'une des plaques tournantes du trafic mondial en Asie du sud-est et contribue fortement aux rentrées fiscales. Taiwan quant à lui, produit près de 75% des semi-conducteurs utilisés dans le monde pour nos appareils électriques, via l'entreprise TSMC . Ce qui permet au gouvernement de Taipei de frapper du poing sur la table quand son encombrant voisin chinois le menace d'invasion. En stoppant l'activité de ses usines, Taiwan serait ainsi en mesure de « punir le monde », qui se retrouverait ainsi privé de batteries essentielles.
Quand à la Chine, elle est tout simplement devenue l'usine du monde, numéro 1 incontesté en termes de croissance économique, et qui talonne déjà la grande Amérique en PIB. C'est leur énorme réserve de devises (3 200 milliards de dollars) récoltées grâce à leur pouvoir d'exportation qu'ils ont pu se doter de 3 porte-avions, et qu'ils ont même engagé la course spatiale en posant des engins (la sonde Chang'E) sur la face cachée de la Lune en 2019. Shanghai est aujourd'hui l'un des 4 plus gros port à conteneurs au monde. Avec ce pouvoir financier, suite à la crise mondiale de 2008, la Chine a racheté de nombreux secteurs clés de l'économie européenne, dont le constructeur suédois Volvo en 2010, ou encore le port de Pirée en Grèce, pour soutenir le pays et le « sauver » de la faillite, gagnant ainsi un peu plus de terrain sur l'échiquier des grandes puissances .
De même que la Russie menace à tout moment de punir l'Union Européenne en la privant de son gaz, dont des pays comme l'Allemagne dépendent à 55%. C'est cela la réussite politique. Quand on est puissant économiquement, on devient un géant politique, car on peut imposer ses règles et placer sous embargo ceux qui ne s'y plient pas. C'est mathématique. Si l'on prétend qu'un homme a réussi en politique et a échoué sur l'économie, cela signifie qu'il n'a réussi que sur le plan personnel, et là on est bien d'accord ! En effet, dans la stricte conservation de son pouvoir, Biya est une réussite totale. Il a réussi à tuer, à tribaliser, à animaliser et à infantiliser même les esprits les plus prometteurs. Mais je ne veux citer aucun nom, de peur de blesser Mathias Éric Owona Nguini. Quoiqu'il en soit, le Cameroun n'a rien d'un modèle de réussite. Il n'existe que par la grande gueule. Or on ne devient pas une grande puissance à coups d'esbroufe et d'auto-enfumage.
Ni à coups de grandes phrases vides de sens, où l'on confond chauvinisme et patriotisme. Biya est un nullard, sans dissocier le fond de la forme.
EN SOMME :
La Sodeblé que ce cher Ahidjo avait créée en 1975 a été dilapidée avec soin par l'homme du 6 novembre. Si bien que la moindre crise mondiale devient synonyme d'apocalypse alimentaire au pays du socle granitique. S'il produisait son propre blé, la crise ukrainienne aurait pu permettre au Cameroun de consolider sa position au moins sur l'échiquier des nations, en jouant sur les prix de l'export pour renflouer ses caisses, comme le font les pays de l'OPEP sur le pétrole (manœuvre ayant d'ailleurs provoqué le choc pétrolier de 1973). Mais au lieu de ça, le Cameroun a plutôt vu les prix de la farine grimper depuis février 2022, date à laquelle Poutine a lancé son offensive. Déjà en 2020, au plus fort du Covid, le pays du « Tu sais qui je suis ? » a importé près de 900 000 tonnes de blé. Car même le manioc est un grand oublié du levier économique, par ceux qui prétendent aimer le Cameroun.
Il n'y donc aucune réussite politique observée ici, car la main qui recoit est toujours en dessous, n'en déplaise aux mathématiciens du dimanche qui voient en Biya un « sage patriarche », alors qu'il n'arrive pas à se souvenir lui-même de combien de temps il lui reste au pouvoir. Sur le plan du vol, du tribalisme d'Etat et de la brutalité policière, oui, c'est un succès triomphal. Car le cobra n'a aucun souci de venin.
En attendant, tonton Bessala a demandé « d'accompagner Biya » dans sa démarche. Ça tombe bien, car j'ai justement envie de l'accompagner en retraite".