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Les nominations à problèmes de Paul Biya

Wed, 6 Jan 2016 Source: Alain NJIPOU

Les derniers actes du président de la République en 2015, nommant les secrétaires généraux dans certains ministères n’ont pas obéi à la traditionnelle logique du respect des grands équilibres.

2015 qui s’en est allée a été marquée par plusieurs actes présidentiels dont le moindre, tant attendu, du reste, n’est pas le réajustement opéré au sein de l’appareil gouvernant mis en place le 2 octobre dernier. Dans ce relifting ministériel de faible amplitude, Paul Biya, fidèle à sa logique d’équilibriste n’a pas dérogé à la règle non écrite du respect des grands équilibres sociologiques, politiques et culturels.

Lorsqu’on gratte le vernis sur ce gouvernement dit Yang III, les ministres nouvellement promus sont issus pratiquement de la même aire géographique que les ministres sortants. Illustrations : La lékié conserve le portefeuille de l’Agriculture et du développement rural, puisque l’ancien ministre Essimi Menye laisse son poste à Henri Eyebe Ayissi, originaire comme lui, d’Obala. Cas de figure identique dans le Nyong et Mfoumou, région du Centre, avec l’entrée en scène de Joseph Beti Assomo, originaire de ce département, promu ministre délégué à la présidence chargé de la Défense. Une ascension qui a valu la descente aux enfers à Robert Nkili et Patrice Amba Salla, originaires de la même unité administrative et débarqués des ministères des Transports et des Travaux publics. Aux Affaires sociales, Irène Pauline Nguene, remplace sa sœur du village Minka, Catherine Bakang Mbock renvoyée dans ses champs de Makak, département du Nyong et Ekele. Dans la région du Littoral camer.be, Lejeune Mbella Mbella ex-ambassadeur du Cameroun en France, promu ministre des Relations extérieures, comble le vide laissé par le départ d’Etame Massoma, dernier fils du département du Moungo a avoir été ministre. Le spectacle est pareil pour le Nkam où Narcisse Mouellè Kombi, ministre des Arts et de la culture profite du limogeage de Pierre Moukoko Mbonjo et Pierre Titi, respectivement anciens Minrex et ministre délégué auprès du ministre des Finances. Tout comme dans la Sanaga maritime, le département ministériel en charge des Enseignements secondaires, est dévolu à un fils de coin. Ngalle Bibehe Massena prend la place d’un autre ressortissant du département, Louis Bapès Bapès.

Charisme

Paul Biya semble se complaire dans le jeu de chaises musicales avec en toile de fond la notion de l’équilibre régional qui semble avoir pris le pas sur le mérite et la compétence. Pour le président de la République, il s’agit de distribuer des strapontins aux petits copains, peu importe s’ils ont le profil de l’emploi et le charisme nécessaires. C’est vraisemblablement la lecture que suggère le relooking gouvernemental du 2 octobre 2015 dans les régions septentrionales. Dans le département du Mayo Danay, région de l’Extrême-Nord, Adoum Garoua, sort de l’équipe gouvernementale. Mounouna Foutsou nommé ministre de la Jeunesse et de l’éducation civique le remplace et cède le fauteuil qu’il occupait jusqu’alors, celui de secrétaire d’Etat chargé de l’enseignement normal auprès du ministre des Enseignements secondaires, à Boniface Bayaola également fils du Mayo Danay. Le limogeage d’Ama Tutu Muna fait le bonheur de Mbah Acha Gwari, propulsée ministre délégué à la présidence de la République chargée du Contrôle supérieur de l’Etat. L’Est conserve le poste de ministre des Mines, de l’industrie et du développement technologique, puisque Ernest Ngwaboubou (Kadey), prend la place d’Emmanuel Bondé. Dans le Sud, département de la Mvila, Minette Libom li Likeng remplace Biyiti bi Essam au ministère des Postes et Télécommunications.

Lorsque Paul Biya, le 22 décembre 2015 prend un décret nommant des secrétaires généraux dans certains départements ministériels, une certaine opinion s’est empressée de voir le chef de l’Etat fidèle à sa logique de respect de l’équilibre régional qui lui a toujours collé à la peau. Beaucoup ont été cette fois-ci déçus du découpage que ce décret a opéré. Tenez : Les hauts cadres de l’Etat originaires des régions septentrionales se taillent la part du lion. Saïd Kamsouloum promu Sg du ministère de la Défense, Oumarou Tado Sg du ministère des Sports et de l’éducation physique, Razack Johny patron administratif du ministère du Travail et de la sécurité sociale, Baya Dominique atterrit à la délégation générale de la Sûreté nationale comme secrétaire général. Les anglophones, qui crient à la marginalisation depuis des lustres ne sont pas en reste. Tanyi Jacob Tachot est bombardé Sg de la Chambre d’agriculture, de l’élevage et des forêts du Cameroun, Nasako Fritz Gerald hérite du poste de Sg des Marchés publics, Ivo Tambe Leke aux enseignements secondaires complète la shortlist.

Pour le reste, les régions du Centre et Sud se disputent le peloton. Bassilekin III Achille Sg du Mincommerce, Kane née Fortune Pauline Honorée Sg du Contrôle supérieur de l’Etat, Ebang Mve Urbain Noël au ministère des Domaines, du cadastre et des affaires foncières, Edoa Gilbert, Sg au Minfi. Les seuls plénipotentiaires de l’Ouest sont Jean Tchoffo, Sg du Minepat, Kouekam Justin, Sg du ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle et Mbajon née Ndjepang Marthe Chantal, Sg du ministère des Petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat. Manquent à l’appel du 22 décembre 2015 au poste de Sg de ministère les sawa, les bamoun, des dignes fils de l’Est et autres. Autant dire que la logique de Paul Biya, discrétionnaire dans sa prise de décision, semble sortir des sentiers battus de l’équilibre régional. Peut-on alors penser que le mérite et la compétence ont prévalu dans la sélection, pas si sûr.

Auteur: Alain NJIPOU