Les vrais-faux opposants: France Cameroun, même combat

En France, il existe une disposition barbare dans la Constitution, l'article 49 alinea 3, qui permet au Premier ministre de faire passer une loi en force, c'est-à-dire quand bien même elle aurait été rejetée par le parlement (et donc, indirectement, par le peuple).

Ces dernières années, l'article est au cœur du casse-tête politique qui secoue le pays d'Hervé Emmanuel Nkom. L'ex-première ministre Élisabeth Borne l'a utilisé 23 fois en un an et demi, devenant ainsi la deuxième personne à y avoir eu le plus recours, derrière l'ancien premier ministre de François Mitterrand, Michel Rocard (28 fois) entre 1988 et 1991.

Oui oui, la France est une dictature. Une dictature raffinée, mais une dictature quand même.

LE NŒUD DU PROBLÈME

Mais là n'est même pas le vrai souci. Là où le bât blesse, c'est que l'opposition en France est majoritaire au parlement. La coalition au pouvoir ne représentant que la… troisième force politique, derrière la coalition NFP (Nouveau Front Populaire) et le Rassemblement National (qui est d'ailleurs premier en nombre de députés, si l'on considère chaque parti individuellement). En d'autres termes, l'opposition a la possibilité de faire tomber tous les Premiers ministres que Macron nommera, et ceci grâce à un mécanisme de vote-sanction qu'on appelle la « motion de censure ».

Car en effet, vu qu'elle est majoritaire, l'opposition peut obliger le président à dissoudre le gouvernement N fois, quitte à créer une boucle sans fin pouvant conduire à l'organisation d'élections anticipées, au terme desquelles les nouveaux dirigeants reflèteront la réelle volonté populaire.

En principe, voilà la seule, la vraie logique, quand on se dit opposant. Or, chose curieuse, le nouveau Premier ministre François Bayrou - le produit recyclé qui a remplacé Michel Barnier il y a environ deux mois après que ce dernier a été précisément cueilli par une motion de censure - a utilisé cette semaine le fameux 49,3, pour faire passer un budget désapprouvé par le parlement, en l'occurrence la loi des finances pour l'année 2025. Mais au lieu que toutes les oppositions votent une motion de censure contre ce budget - vu qu'ils prétendent tous qu'il n'est pas convaincant -, ils ont d'ores et déjà annoncé... qu'ils n'allaient pas le faire ! Sachant que les votes auront lieu ce mercredi après-midi (15:30).

Oui oui, vous avez bien lu ! En français facile, les partis d'opposition qui critiquent la politique budgétaire de Macron sont les mêmes qui refusent de voter contre cette même politique budgétaire. En français facile, ils donnent carte blanche à un gouvernement dont ils estiment pourtant qu''il mérite un carton rouge. En français facile, les opposants qui fustigent les méthodes dictatoriales du président… ont décidé de ne pas empêcher cette politique dictatoriale.

Ne me posez pas de questions. Je ne peux pas vous expliquer ce que moi-même je ne comprends pas.

Après les JO, la France nous offre un carnaval politique à ciel ouvert... et tout cela gratuitement !

Mais si vous insistez à me demander quelle est la logique dans tout ça, je vous réponds que vous n'avez qu'à regarder les partis d'opposition au Cameroun : certains sont même allés voter pour le parti au pouvoir lors des élections régionales il y a quelques années. Et je ne parle même pas du fait qu'ils nous ont récemment annoncé qu'ils allaient former une collation avec le pouvoir en vue de la présidentielle d'octobre.

Ce sont les effets de de la colonisation. Imaginez que le Maître qui vous a rendu fous est lui-même devenu fou. Il est normal que cela augmente votre folie. D'ailleurs Paul Biya, le meilleur ami de la France, vous confirmera ce que je viens de dire.

Heureusement, en France, vous avez le parti LFI (La France Insoumise) qui refuse effectivement de se soumettre à cette aberration comportementale. Au Cameroun, nous avons aussi un parti déterminé à conduire le pays vers la Renaissance. Quand aux autres, ce sont des végétariens qui adorent la viande !