Lettre à Onambélé Zibi

35230 Emile Onambele Zibi030915750 Emile Onambele Zibi, patriarche du Mfoundi

Wed, 9 Nov 2016 Source: Albert Dzongang

Cher Monsieur, Comme de nombreux Camerounais qui, à cause de vos déclarations et écrits de ces derniers temps, voulaient avoir une clarification sur vos propos incendiaires tant à l’encontre de son Excellence M. Paul Biya, Président de la République du Cameroun, qu’à celui des autres compatriotes vivants à Yaoundé, j’ai aussi regardé l’émission l’Arène du dimanche 06 Novembre 2016 sur Canal2 International, dont vous étiez l’invité.

Sur un plan général, j’ai compris qu’il s’agissait d’une émission de demande de pardon au Chef de l’Etat, pour vos paroles qui semblent avoir dépassé votre pensée, et que vos propres frères ont vertement condamnées. Ce qui est amusant avec vous, c’est d’avouer et de nier en même temps, être l’auteur de la motion «des Patriarches du Mfoundi ». Sur tous les griefs contenues dans ce brûlot, vous avez point par point justifié leurs pertinences et déclaré, que vous ne faites que dire tout haut ce que vos frères pensent tout bas, en commençant par ceux qui vous ont renié.

Peut-être que vous ne voulez pas mourir seul ? On connaissait le tribalisme régional qui a gangrené notre développement, mais celui que vous avez développé au cours de cette émission, a surpris tout le monde, quand vous vous évertuez à bannir un des vôtres, le Ministre Laurent Serge Etoundi Ngoa. Quel micro tribalisme ? Si vous reniez celui-là, qui a les mêmes origines, la même coutume que vous, point n’est besoin de s’étonner que vous vouez aux gémonies les Baya, Bulu, Eton, Maka, Kirdi, etc. et autres étrangers non Camerounais vivant à Yaoundé, votre village. Sans oublier qu’une de vos cibles de prédilection, et à qui vous semblez en vouloir particulièrement, c’est Bafoussam et Bamenda que vous prenez comme modèle à imiter, parce qu’aucun Mbouda ne siège au Conseil Municipal dans cette ville.

Vous demandez au président « Père noël » de nommer les vôtres à plusieurs postes de nourriture, et estimez que trois ou quatre ministres pour votre seul petit village, c’est rien du tout. Combien êtes-vous en fait ? Les Bandjoun, avec près de 250.000 âmes n’ont pas de ministre, Bahouan avec 20.000 âmes n’a même pas de chef de bureau, peu importe, ils sont nés pour produire, pour que vous en jouissez. Vous vous demandez si un ressortissant de Mfoundi peut avoir un immeuble à Bafoussam ? Avant d’aller si loin montrez combien d’entre eux, en dehors des voleurs au col blanc, ont des immeubles à Yaoundé leur village. Comme vous semblez ne rien comprendre en matière d’investissement, permettez-moi de vous expliquer comment et pourquoi on construit un immeuble (à ne pas confondre avec une maison d’habitation familiale). Il faut disposer des fonds, ou être crédible auprès d’une banque, choisir la ville dans laquelle on veut réaliser le projet, choisir le quartier en fonction de la destination (commerce, bureaux, habitation). Une fois ces choix effectués, il faut acquérir le terrain, très souvent à un natif du Mfoundi si la réalisation est prévue à Yaoundé. Construire et louer pour amortir son investissement. Deux immeubles de même plan, même contenance, bâtis à Yaoundé, l’un à Mokolo et l’autre à Bastos n’ont pas le même apport, le premier sera amorti en 35 ans et le second en 10 ans maximum.

C’est pourquoi M. Fotso Victor n’a pas d’immeuble à Bandjoun, M. Ngouchinghe Sylvestre n’a pas un immeuble à Bamougoum, MM. Monkam Pascal et KadjiI Defosso qui ont tant investi à Douala et Yaoundé et même en Afrique du Sud, n’ont qu’un modeste bâtiment à Bafang. Comment pensez-vous que votre frère qui n’a déjà pas une maison à Yaoundé plus rentable, aille enterrer son argent à Bafoussam ? Mon oncle a laissé dans cette ville un immeuble de deux étages, comprenant quatre appartements de quatre chambres chacune, le loyer est de 35.000 F.Cfa, difficilement perçu. Tous les Hauts Fonctionnaires de chez vous qui ont servi à Bafoussam se sont fait attribuer des lots. Une fois affectés, page 8 - le jour n°2307 du mercredi 09 novembre 2016 ils revendent pour se construire soit à Douala, soit à Yaoundé. Alors que, ceux qui font la même opération à Douala ou à Yaoundé y érigent des immeubles.

Pour investir dans une ville, il faut la connaître, l’aimer et y vivre. Lequel de vos frères peut aller s’installer à Bafoussam, s’il n’y est pas affecté pour rançonner les pauvres villageois ? Comment voulez-vous être élu (même si le mot n’a pas de sens au Cameroun) à Bafoussam où vous n’habitez pas, que vous n’avez même jamais visité ? C’est vrai que pour vous qui vivez de Décrets, tout est possible sous le renouveau, il suffit que le patron décide.

Monsieur Onambélé Zibi, je vous croyais plus intelligent et fin que vous n’avez paru lors de votre show. Pour vous, protéger la minorité veut dire, faire en sorte que ce soit la minorité qui commande la majorité. C’est donc la minorité qui doit, selon vous protéger la majorité. Je croyais qu’on ne protège que les faibles et nécessiteux, en leur offrant gîtes et couverts. Si les allogènes, blancs, noirs, nordistes, sudistes de, l’Est, de l’Ouest et des autres régions ne venaient pas s’établir à Yaoundé, votre village serait une bourgade n’ayant même pas de commune, dépendant peut-être de Mbalmayo ou d’Obala. Vous êtes content que ce soit votre frère qui commande une ville où vous ne payez pas le 1/1000e des taxes qu’il gère. Vous voulez faire réviser la Constitution pour que chacun aille voter dans son lieu d’origine. Seulement, il ne faut pas refuser le moineau et manger ses œufs.

Aussi, cette révision doit préciser que chacun doit payer ses impôts dans son lieu d’origine. Quelle aubaine pour mon village Bahouan dont les fils payent plusieurs milliards d’impôts, ailleurs et à Yaoundé principalement. Sur le même plan, je ne sais pas où vous mettez les enfants nés à Yaoundé de parents non originaires du Mfoundi, et qui ne connaissent pas un autre lieu ? La filiation sûre étant matriarcale, que faites-vous des enfants nés de vos sœurs et des allogènes ? Vont-ils suivre leur oncles maternels, où les oncles paternels (incertains) ? Si le préambule de la Constitution a annoncé cette notion de protection des minorités et autochtones, elle a précisé « conformément à la loi ».

Cette loi, qui comme plusieurs autres de cette même Constitution, et le Décret d’application de celle relative à la déclaration des biens des dirigeants du pays, reste encore attendue. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. C’est cette loi qui dira en quoi consiste cette protection et quel est le risque encouru. Parlant des quotas, vous devriez avoir honte de réveiller les chats qui dorment. Quels sont ceux qui peuplent l’armée, la police, les finances et l’administration ? Dans les ministères où on gère les institutions de la souveraineté, la langue officielle est votre patois, tant à Yaoundé que dans les provinces. Cessez de vous moquer des 95 % des Camerounais exclus par votre régime.

Comme souligné plus haut, vous voulez livrer vos frères ministres à la vindicte populaire et semblez en vouloir particulièrement aux Ministres André Mama Fouda et Mbarga Mboa, peut-être ont-ils oublié de vous verser les dîmes. Les Camerounais de toutes nos dix régions aspirent à vivre ensemble, dans l'unité malgré leurs différences. 237online.com Ils sont conscients d'avoir un destin commun que rien ne peut ébranler, même pas les sirènes de quelques personnes qui pour conserver leur pouvoir et leurs avantages, pour réclamer leur place à table voire pour conquérir le sommet de l'Etat, tentent maladroitement de les opposer.

Comme Bamiléké, comme homme politique, si je réagi à vos sorties, c'est moins pour demander à mes frères de nourrir quelque revanche que ce soit sur le sort qui leur est réservé par l'histoire dans le champ administratif et politique de notre pays, à cause de leur engagement nationaliste aux côtés de leurs frères Bassas et des autres sous l'occupation et après l'indépendance, que pour appeler l'attention des dirigeants et décideurs sur les graves risques qui guettent notre société s'ils ne placent pas courageusement la question de l'unité nationale et du vivre ensemble, que paradoxalement le président Ahidjo avait amorcé, au cœur de leurs actions.

Albert Dzongang

Président de la Dynamique

N.B. Vous remarquez que je n’ai pas parlé de patriarche, car vous n’avez pas traduit ce mot en votre langue. Ce qui veut dire qu’il n’existe pas chez les Mfoundi (Cf. question de Monsieur Emmanuel Atangana).

Auteur: Albert Dzongang