Monsieur Issa Tchiroma Bakary, en votre qualité de ministre chargé de la publicité, j’ai une question pour vous : comment se porte la publicité au Cameroun ?
Cette question se pose Monsieur le Ministre parce que l’on est porté à penser que vous négligez ce domaine d’activité stratégique.
Quand on aime et étudie la publicité comme moi, on ne peut qu’être choquée par le traitement que vous affligez aux campagnes publicitaires ces dernières semaines.
Tout d’abord la campagne « je partage l’énergie du Cameroun » d’Eneo Cameroun qui a subi un dessouchage sans préavis suite à l’ordre semblerait-il du Secrétaire Général à la Présidence de la République, selon les journaux de la place alors que le Ministre de l’eau et de l’Energie avait donné son accord pour l’utilisation de son image ; encore qu’il n’a pas enfreint à la loi à notre connaissance.
Concernant la dépose des affiches de cette campagne (spécifiquement celles ayant l'image du ministre), que dit la loi du 29 décembre 2006 régissant la publicité au Cameroun ? En son article 29, cette loi stipule qu’il est interdit aux journalistes d'être des acteurs de publicité.
L’article 40 prévoit aussi des restrictions à propos des personnages intervenant dans les publicités en faveur de l’alcool et des boissons alcoolisées.
Quelques jours après, un préfet zélé, non éclairé en matière de publicité entre en scène. Vous êtes certainement au courant que le préfet du département du Wouri a tenté de faire disparaitre les affiches ayant la phrase d’intrigue « ça suffit !!! Le peuple doit connaitre la vérité ».
Comme c’est le cas des professionnels de la publicité, je veux bien savoir quelles sont les infractions commises par lesdites campagnes ? Pour aller plus loin, pouvez-vous éclairer notre lanterne en apportant des réponses aux questions suivantes :
• Que dit la loi N° 2006/018 du 29 décembre 2006 concernant la pratique de la publicité ? Se fait-elle dans les règles de l’art dans le contexte actuel au Cameroun ?
• Quel est l’organe chargé de valider les campagnes publicitaires avant leurs diffusions vers le grand public ?
• Que fait le Conseil National de la Publicité en dehors d’octroyer les agréments ?
• Savez-vous que les messages soumis au grand public ne sont pas signés ? Monsieur le ministre en charge de la publicité, la loi qui régit la publicité au Cameroun n’est pas respectée, encore moins la publicité est loin d’être un art et une profession au Cameroun.
Chaque jour, les cibles sont soumises et agressées par des messages publicitaires non identifiés. Les acteurs ne sont contraints à aucune éthique : tout ceci semble-t-il sous le regard bienveillant et impuissant d’un Conseil National de la Publicité qui peine à être visible.
Pour votre gouverne, ce pays compte à peine une vingtaine d’annonceurs qui travaillent avec quelques agences conseils et régisseurs qui opèrent dans un environnement de désordre qui permettez-moi de le dire fascine votre regard. Le métier de publicité se porte très mal au Cameroun.
Je me réjouirai que vous défendiez aussi bien le métier de publicitaire comme vous savez bien le faire pour d’autres circonstances que je n’oserai pas citer ici.
Je me réjouirai que vous convoquiez très souvent les professionnels de la publicité comme vous le faites avec les journalistes.
Monsieur le ministre chargé de la publicité au Cameroun, j’en appelle à votre sens de la responsabilité dans ce secteur d’activité qui a besoin d’une régulation professionnelle et non politique ou administrative.
Etes-vous fier de la façon dont la publicité s’exerce au Cameroun ? Je ne le pense pas !
A moins que vous soyez de ces personnes qui refusent de jeter leur regard ailleurs pour voir comment ce noble métier est exercé avec fierté.
J’aime la publicité que j’étudie à l’Université de Douala et je n’accepte pas de voir ma passion être piétinée ainsi.
Ne me dites pas que vous êtes impuissant et que vous attendez un scandale à votre goût pour vous prononcer sur cette question publicitaire.
Monsieur le ministre en charge de la publicité faites votre travail !!!