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Lettre au ministre de la Justice sur le drame d'Eséka

25541 XLaurent Esso121015750.pagespeed.ic.lgHYsCyagV Laurent Esso, ministre de la Justice

Tue, 15 Nov 2016 Source: Pauline Poinssier-Manyinga

«Au secours tonton Esso ! Réagis vite, s’il te plaît: le Cameroun marche sur la tête ! On dirait qu’il n’est déjà plus cette terre bourrée d’hommes valeureux et talentueux, où il faisait si bon vivre ! Et pour couronner le tout, c’est toi mon tonton préféré, qu’on risque de coiffer d’un bonnet d’âne ! L’amer constat est que le Cameroun est habité par des baudets, brefs, de sots ! Mais ne les laisse pas faire ! Est-ce parce qu’on s’appelle Laurent Esso et qu’on est le Garde-des-Sceaux qu’on doit forcément porter la responsabilité des conneries de tous les sots de la République ? Mais, cher tonton, j’espère que tu t’entends toujours aussi bien avec le ministre de l’Administration territoriale, et que le ministre des Finances, de son côté, va lâcher du lest financièrement, afin que s’accélère le processus de construction de nombreuses et jolies prisons supplémentaires. Car et je te le jure, au rythme où se collectionnent les conneries, tu ne le sais peut-être pas encore toi-même, mais je t’assure que tu as du pain sur la planche !»

«D’abord, il faut savoir que quand l’enquête sur l’hécatombe survenue le vendredi 21 octobre 2016 dernier à Eséka sera bouclée, les têtes vont tomber ! Ce sont les Camerounais, toujours aussi avides de détails sordides et croustillants, qui l’ont dit. Certains ont même fait leurs paris et attendent goulûment et avec impatience, le compte-rendu et les conclusions de la commission Philémon Yang. Je peux t’assurer tonton que j’en connais beaucoup qui se frottent les mains à l’avance. Ils espèrent de tout leur cœur que le président de la République sera très énervé. D’abord parce qu’à cause de cette saloperie d’accident de train, il a dû interrompre très brutalement sa cure de rajeunissement et de remise en forme en Suisse, alors qu’il était en passe de battre son propre record sur ses longues absence de son pays. Nos ennemis ont donc plié le petit doigt pour que le chef de l’État reste en colère, étant donné que cette hécatombe de malheur risque de ternir encore plus, son image de marque à l’international. Je ne t’apprends pas combien ce genre d’accidents sanglants dus à la mauvaise gouvernance a l’art d’attirer l’attention des Nations Unies sur ces gens qui au s’éternisent pouvoir en Afrique ? Hum... Pardon, je ne n’ai rien dit : je réfléchissais seulement à haute voix... Les jaloux rêvent de voir enfin dégommer tel ministre, tu sais, celui-là, qui aime trop rouler les mécaniques, avec ses airs de jeune premier et d’éternel adolescent... Sans compter tous les autres hauts responsables, qui se croient exceptionnels. On jubile de savoir que très bientôt, ils seront épinglés et jetés en prison par tes soins ! On en viendrait à remercier Intercity, ou toutes ces voitures épouvantails de Camrail. Sordide n’est-ce pas ? Mais vas-y savoir, de quoi se nourrit l’esprit dépravé de la nature humaine ! Il y a aussi ces prisonniers de luxe que s’apprête à nous livrer la Can féminine. Celle du temps d’Ahmadou Ahidjo, avait déjà fait sa part de prisonniers.»

«Du fond de leurs tombes, des paters comme M. Kouam Samuel s’en mordent encore les doigts... Ah le gombo, quand on a si peur qu’il ne nous glisse entre les doigts ! La 01ère Can sous l’ère Biya s’annonce tout aussi engluée : on dirait que, pour prouver absolument combien il avait raison de réclamer 04 milliards FCfa pour organiser une simple Can féminine, Bidoung Mpkwat ait décidé de passer à la vitesse supérieure de la connerie ! Au lieu des bus portugais annoncés à grand renfort de publicité, ce sont donc les bus vieillots de sinistres compagnies de transport interurbain qui ont été réquisitionnés pour les équipes et leurs staffs, pince-sans-rire ! Mais bien que repeints aux couleurs des 08 pays en compétition, ce genre de bus sur des routes sans buses, çà craint ! Quand je te disais que le Cameroun marche sur la tête ! Mais, ne t’en fais pas : si Alamine refuse de libérer le fric pour construire de nouvelles prisons de ton côté, menace de libérer les prisonniers ! Entre Marafa, Mebara, Yves Yves Michel Fotso etc., tu as l’embarras du choix».

Auteur: Pauline Poinssier-Manyinga