Lettre ouverte de Roland TSAPI à Robert Mugabe le ‘papi continental’

Mugabe 11 La situation reste toujours confuse au Zimbabwe

Thu, 16 Nov 2017 Source: Roland TSAPI

Très cher "papi", sauf votre respect, acceptez de recevoir dans votre cachot de l'espoir, les sentiments les plus distingués d'un jeune africain qui vous admire !

J'observe depuis quelques années la scène internationale africaine. Vous vous distinguiez alors par votre intarissable faconde, votre verve qui dévoilait au grand jour l'immense sagesse qui particularise "certains" hommes de votre âge. Très vite, et parce que votre style était atypique, je me suis mis à lire quelques bouquins sur vous et votre pays. Quel itinéraire, quelle audace, quel cran, quelle hardiesse, quelle intrépidité, quelle témérité ! Si à 93 ans, certains vous trouvaient un peu trop vieux pour briguer un énième mandat, une bonne partie de la population croyait encore que le légendaire personnage que vous êtes, du fait de vos extraordinaires exploits par le passé, pouvait jusqu'à sa mort, conduire les destinées de l'Ex-Rhodésie du Sud. Vous êtes un "trop humain", un "surhomme" pour parler comme Nietzsche, je l'avoue ! D'ailleurs, qui aurait pu croire en 1964 que celui qui était alors le prisonnier du gouvernement rhodésien deviendrait président un jour. Je me souviens que le Pr. Jean Emmanuel PONDI aimait à me rappeler qu'une fois devenu chef d'État, vous avez prêché la tolérance, la construction de la nation et la réconciliation en allant jusqu'à inviter les citoyens blancs (vos bourreaux d'antan) à prendre part à la construction d'une nation forte en laquelle vous croyiez. Un parcours à la Mandela. Mais vous n'avez pas compris comme lui qu'il fallait s'en aller. Vous ne vous êtes pas rendu compte du fait qu'on peut être héros un jour et gueux le lendemain, surtout lorsqu'on refuse de partir.

"Toujours voir serpenter la vipère dorée qui se traine en sa fange et qui s'y croit ignorée ; toujours ce compagnon dont le coeur n'est pas sûr, la Femme, enfant malade et douze fois impur" disait Alfred de VIGNY dans la Colère de Salomon. Cher "papi" en vous rangeant du côté de votre femme dans la bataille pour votre succession, ne vous êtes-vous pas souvenu de cette pensée du poète ? Vous êtes allé un peu trop loin au point de perdre le soutien des chefs militaires qui vous ont pourtant soutenu depuis le début. Que ferez-vous maintenant de Grâce qui vous met en disgrâce ? Que deviendra votre Baronne, votre Amazone, la très charismatique présidente de la Ligue des femmes de la Zanu-PF ? Triste réalité ! Lorsque vous nommiez en 2016 Morgan Tsvangirai, premier ministre, un opposant devant Dieu le fils, lorsque vous limogiez le vice-président, Emmerson Mnangagwa il y a une semaine, vous ne vous êtes pas rendu compte que vous vous attiriez les foudres de vos ennemis. On peut être vieux et sage mais ne pas prendre les bonnes décisions parce que la nature est fatiguée de nous !

Votre arrière petits-fils,

Brice Cardeau,

L'enfant terrible de Ma'a Moni.

Auteur: Roland TSAPI