Son procès n’a toujours pas encore eu lieu
Le procès d’Emmanuel Leubou, ancien chef de la cellule informatique de la Direction de la Dépense, des Pensions et du Personnel de la direction du Budget au ministère des Finances n’a toujours pas encore eu lieu. Mais ce procès a commencé dans certains organes de presse camerounais et sur les réseaux sociaux. Dès son arrestation le 4 mai 2018, des journalistes camerounais, sans davantage creuser dans cette affaire, ont tôt fait de présenter l’arrestation de Leubou et de 4 autres de ses proches collaborateurs comme les fruits de l’opération coup de poings lancée par le tout nouveau ministre des Finances Louis Paul Motaze (nommé à ce poste le 2 mars 2018) visant à assainir le fichier solde.
Comme à leur habitude, beaucoup d’autres organes de presse camerounais se sont contentés d’annoncer l’arrestation d’Emmanuel sans plus de précisions sur les dessous de cette affaire qui pourtant cachait pas mal de non-dits. L’affaire Emmanuel Leubou a refait surface au mois d’août dernier lorsque certains agents du pouvoir de Yaoundé ont engagé sur les réseaux sociaux une campagne contre Emmanuel Leubou en l’accusant d’avoir touché à partir de matricules fictifs 2601 salaires par mois.
Ces cybercriminels ont même poussé le bouchon plus loin en affirmant que Leubou a fabriqué des matricules pour permettre à certains opposants Bamilékés vivant à l’extérieur de percevoir des salaires chaque fin du mois. Ils se sont attaqués à certains journalistes tels J.Remy Ngono, Mimi Mefo, Jean Bruno Tagne, Cedric Noufele en les présentant comme étant des fonctionnaires fictifs ayant touché des salaires sur le dos du contribuable camerounais. Le plus effarant est que beaucoup de journalistes camerounais s’en sont faits l’écho sans le moindre recul.
Un journaliste précédemment en service dans une radio privée très célèbre à Yaoundé, aujourd’hui propriétaire de radio, s’est même fendu d’un éditorial à travers lequel il accusait Mimi Mefo, journaliste précédemment en service à Equinoxe TV aujourd’hui free-lance en Angleterre, d’avoir perçu des salaires fictifs alors qu’elle n’a jamais été fonctionnaire de sa vie.
Le drame est que tous ces journalistes camerounais qui se sont faits le relais de ces cyber-criminels proches du régime de Biya n’ont pas daigné produire aux Camerounais les matricules fictifs en question, dire en quoi ils sont fictifs, quel montant global a été perçu à partir de ces matricules litigieux et pendant quelle période, à partir de quel numéro de compte bancaire et sur la base de quel numéro de carte d’identité de l’argent a été encaissé. Rien de tout cela.
On a comme le sentiment que certains confrères de la presse camerounaise se sont laissés embarquer, quand ils n’en faisaient pas partie, par le train de la propagande lâchée par le réseau mafieux d’avances de solde et de pensions fictives au ministère des Finances en vue de distraire les Camerounais des vrais enjeux de l’affaire Emmanuel Leubou. Mais comme le mensonge n’a pas de longues jambes, les Camerounais ont fini par se rendre compte de la réalité. Et cette réalité est que si depuis plus d’un an, Emmanuel Leubou n’est pas jugé, c’est que le problème se trouve ailleurs, c’est qu’il est un empêcheur de piller en rond.
Cette réalité est que c’est Sarah Itambi Amougou, l’épouse de l’homme d’affaires Jean Pierre Amougou Belinga, du haut de sa fonction d’avocate générale à la cour suprême et fort de sa proximité avec le tout puissant ministre de la Justice, Laurent Esso, ami de son mari, qui coiffe ce réseau d’avances de solde fictives qui permet d’engraisser la plupart des hauts fonctionnaires de la République y compris elle-même et si possible son mari. Si des journalistes camerounais avaient courageusement abordé le problème sous cet angle dès le déclenchement de l’affaire Emmanuel Leubou, toutes ces informations tirées par les cheveux sur cette affaire n’auraient pas prospéré. Mais hélas !