Levée du mot d'ordre de grève: une sage décision

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Tue, 7 Feb 2017 Source: Rousseau-Joël Foute

Réunis à Bamenda le 3 février 2017, les syndicats des enseignants anglophones, représentés par SYNES Buea Chapter, CATTU, TAC, PEATTU, CEWOTU et BATTUC, après avoir procédé à un examen critique du suivi de la grève lancée le 21 novembre 2016 afin que le gouvernement résolve les problèmes auxquels le sous-système éducatif anglophone est confronté, ont pris la décision historique, à l'unanimité, de suspendre ce mot d'ordre de grève.

Les signataires de la Déclaration rendue publique à cet effet dans le chef-lieu de la région du Nord-Ouest, appellent, par conséquent, à la reprise effective des cours ce lundi, 6 février 2017, dès 7h30 précises. D'après les syndicats des enseignants anglophones, cette suspension du mot d'ordre de grève est motivée par quatre considérations.

En effet, les signataires de la Déclaration se disent conscients des mesures prises au profit du système éducatif dans le cadre des travaux du Comité interministériel ad hoc chargé d'examiner et de proposer des solutions aux préoccupations soulevées par les syndicats des enseignants anglophones.

Une évolution en somme positive qui nécessite, à leurs yeux, le retour des enseignants en classe, en espérant que pendant ce temps, les recommandations formulées seront mises en œuvre, et que les autres autorités compétentes vont continuer à délibérer sur les problèmes posés par la communauté anglophone.

Autre motivation, le fait que des efforts sont en train d'être faits afin que les différentes parties signent, valident et authentifient les résolutions et les délais d'exécution contenus dans les engagements pris lors des travaux du Comité ad hoc.

Le troisième argument, c'est que les signataires de la Déclaration de Bamenda se disent convaincus, après avoir consulté les leaders spirituels, qu'il faut tenir compte des principes relevant de la justice, de la paix et des droits de l'homme, notamment en ce qui concerne les élèves et étudiants dont les frais de scolarité ont déjà été payés par les parents.

Enfin - et c'est très profond -, les syndicats des enseignants anglophones se disent conscients du fait que les leaders syndicaux qui avaient appelé à la grève ont l'obligation, à un certain moment du processus, de demander aux enseignants de reprendre la craie, quels que soient par ailleurs les desiderata de la communauté, en conformité simplement avec les droits, les devoirs et les obligations à la fois des employeurs et des employés.

En conclusion, tout en remerciant les différents acteurs pour les énormes sacrifices consentis, les leaders syndicaux s'engagent à ne ménager aucun effort pour s'assurer que tous les acteurs de l'école ont fumé le calumet de la paix et travaillent avec dévotion afin que les élèves et étudiants rattrapent le temps perdu et se préparent convenablement à affronter tous leurs examens de fin d'année.

En outre, ils demandent aux enseignants de veiller à ce que les aspirations légitimes des apprenants se réalisent, et invitent ces derniers à faire preuve de responsabilité, de discipline, d'ardeur au travail et de crainte de Dieu, afin, in fine, d'aider à l'accomplissement des rêves si chers aux parents et à toute la communauté.

Cependant, les leaders syndicaux attirent l'attention sur le fait qu'ils se réservent le droit de lever la suspension du mot d'ordre de grève à tout moment, autrement dit, d'ordonner à nouveau le débrayage, dès lors qu'ils sont convaincus que le gouvernement ne remplit pas ou n'honore pas les engagements pris conformément aux résolutions et recommandations des travaux du Comité interministériel ad hoc.

Compte tenu de tout ce qui précède, force est de constater que les leaders syndicaux ont fait preuve d'une grande sagesse. Au demeurant, il transparaît à travers cette suspension du mot d'ordre de grève qu'ils ont décidé de reprendre le contrôle d'une revendication qui n'avait au départ qu'une connotation corporatiste, mais qui, au fil du temps, a été instrumentalisée par des politiciens en mal d'inspiration.

Auteur: Rousseau-Joël Foute