Arrivés au Gabon dans le costume de titulaires indiscutables avec les Lions indomptables, Nicolas Nkoulou et Vincent Aboubakar ont vite dû déchanter. Dans les discours et les attitudes du sélectionneur, on sentait clairement que Broos ne faisait pas d'eux des pièces essentielles de son dispositif où les Teikeu et Ndip Tambe avaient pris du galon, bien qu'étant des novices à ce niveau.
Les deux anciens ont été relégués sur le banc des remplaçants tout au long de la CAN Gabon 2017. Un statut peu habituel qu’ils ont accepté avec humilité, mais qui ne les a pas empêchés d’être les héros de la finale face à l’Égypte.
Avant le début de la Coupe d’Afrique des Nations Gabon 2017, Nicolas Nkoulou, défenseur de l’Olympique Lyonnais et Vincent Aboubakar, attaquant du Besiktas en Turquie étaient vus comme deux titulaires indiscutables dans le l’équipe du Cameroun. Mais dès l’entame des matches de groupe, le sélectionneur Hugo Broos a montré un tout autre plan. En défense, Teikeu et Ngadeu constituaient l’axe fort du sélectionneur tandis qu’en attaque, Robert Ndip Tambe était son choix préféré devant Vincent Aboubakar.
Après quelques défaillances observées en défense, Nicolas Nkoulou fit son entrée afin de la stabiliser contre la Guinée Bissau et le Gabon où il a été exemplaire. Suspendu pour le premier match, Aboubakar fut très vite remis sur le banc après une prestation moyenne contre la Guinée-Bissau. La qualification pour le second tour acquise, Hugo Broos n’a pas cru devoir remettre les deux hommes au premier plan dans son dispositif, bien qu’il avait annoncé en conférence d’avant Cameroun-Guinée-Bissau qu’il comptait sur l’expérience de Nkoulou en cas de qualification pour le second tour. Mais malgré leur statut, les deux joueurs d’expérience ont, il faut le souligner, gardé une discipline et un comportement exemplaires. Ils ont impressionné par leur esprit de groupe, leur calme et leur humilité face aux choix de l’entraineur sélectionneur belge. Ils ne se sont surtout pas lassés de parler à leurs jeunes coéquipiers comme l’a reconnu le gardien Fabrice Ondoua, parlant de Nicolas Nkoulou après le sacre.
« Respecter ceux qui ont vécu »
Mais comme le destin avait choisi son vainqueur et ses héros, Nkoulou, entré en cours de match suite à la sortie sur blessure d’Adolphe Teikeu, réussissait à museler l’attaque des Pharaons, en l’occurrence son feu follet Mohamed Salah. Cerise sur le gâteau, il marquait d’une tête rageuse le but de la reconquête (60e), alors que les Lions indomptables étaient menés depuis la 23e minute de jeu.Pour ce qui est de Vincent Aboubakar, en ayant un regard plus pointu, il fut le facteur X à partir des quarts de finale, ou plus exactement lors des matches à élimination directe par ses entrées fracassantes. Il a largement mis son talent au service du collectif. En quart de finale face au Sénégal, il marqua le dernier tir lors de la séance fatidique des tirs au but. D’ailleurs, quelques minutes avant la fin du temps réglementaire de cette rencontre, l’attaquant camerounais servait un caviar à Jacques Zoua Daogari qui refusait de donner plus vite la qualification aux Lions indomptables. En demi-finale face au Ghana, l’ancien joueur du FC Porto amorçait une contre-attaque foudroyante avant de glisser la balle à Christian Bassogog pour le but du K.O. (2-0).
Étant donné qu’on ne change pas l’équipe qui gagne, en finale, le coach Hugo Broos refaisait confiance au même onze qu’en demie. Mais à la première mi-temps, l’attaque s’était montrée presque inexistante et la défense flottante. Le patron de l’encadrement technique des Lions n’avait autre choix que de jeter ses dernières forces dans la bataille, alors que l’équipe était menée par un but à zéro. Et comme lors des deux précédents matches, Aboubakar entré à la place de Ndip Tambe apportait du répondant et délivrait finalement le Cameroun dans le money time d’un but somptueux, symbole de sa détermination. Un but qui lui permettait d’atteindre la mission qu’il s’était fixée avec ses coéquipiers, à savoir : ramener le trophée au Cameroun sans état d’âme et en toute humilité.
À l'heure du bilan, il y a lieu de constater que cette victoire finale et cette 5e étoile conquise dans une CAN sont le fruit de la détermination d’un groupe de joueurs que personne n'attendait, elle sonne également comme une réponse de Nicolas Nkoulou et Vincent Aboubakar à tous ceux qui les considéraient presque comme des "has been" et qui étaient prêts à les placardiser longuement. Ces deux joueurs ont ainsi fait leurs, cette sagesse populaire qui appelle à «respecter ceux qui ont vécu».