Lorsque le MRC sera au pouvoir, il garantira la liberté de la presse

Maurice Kamto Camerounweb 45 La liberté des médias ne sera jamais la liberté de haïr

Tue, 18 Feb 2025 Source: Kand Owalski

Raoul Christophe Bia, un ancien étudiant en journalisme qui n'a pas achevé ses études, a cru bon de nous gratifier d’une sortie aussi inspirée qu’incongrue. Une déclaration vidéo où il s'indigne que le MRC refuse de cautionner des médias qui ont fait de la haine leur ligne éditoriale. Lui qui, en d’autres temps, se faisait l’ardent serviteur d’une chaîne spécialisée dans la désinformation et la promotion de la haine, parle de ''dictature aux médias'', comme si exiger un débat honnête revenait à priver la presse de sa liberté, comme si refuser la diffamation et le tribalisme signifiait s'opposer à l'information.

Il me tient à cœur de rappeler à ce cher Raoul – puisque ses souvenirs semblent s’être volatilisés – que depuis sa création en 2012, le MRC et son président ont été la cible d’attaques haineuses et tribalistes incessantes sur les chaînes de télévision et de radio pro-Biya, dans une certaine presse à gage et sur les réseaux sociaux. Pourtant, jamais ce parti n’a cherché à « imposer » quoi que ce soit aux médias. Au contraire, il s’est plié en quatre pour défendre la liberté de la presse et la protection des journalistes. Ce qui, soit dit en passant, le différencie assez nettement du RDPC – ce parti qui, non content de bâillonner la presse indépendante, l’étouffe parfois dans son sommeil.

Car voyez-vous, Raoul, lorsqu’un régime fait assassiner Samuel Wazizi – au point que sa famille n’a même pas pu récupérer son corps –, lorsqu’il élimine Martinez Zogo, met fin aux jours de Pius Njawe, enferme Mimi Mefo et tant d’autres, on attendrait d’un défenseur de la liberté d’expression une indignation, ne serait-ce que polie. Mais non. Silence radio. Il faut croire que pour certains, la liberté de la presse se défend avec plus d’ardeur lorsqu’elle permet de diviser que lorsqu’elle risque de déranger.

Mais passons. Ce qui est l'objet de toutes les curiosités ici, c'est que cet homme, qui aujourd'hui prétend être un défenseur du journalisme, a lui-même travaillé dans une chaîne de télévision dont la mission principale était de semer la haine et la division. y insultait ceux qui critiquaient le régime, attisait le tribalisme, répétait les slogans dictés par ses commanditaires. Puis un jour, il a quitté ce rôle et a même présenté des excuses publiques. Ce qui signifie qu'au fond, il sait que son travail servait une cause indéfendable.

Et maintenant, que demande Raoul Christophe Bia au MRC ? De se taire face à ces pratiques odieuses et criminelles qu'il a lui-même reniées il y'a quelques années dans un sursaut de clairvoyance. Il voudrait que l'on considère comme une évidence que la liberté de la presse inclut le droit de manipuler, de mentir, d'inciter à la haine. Mais il se trompe.

Car soyons clairs : la liberté des médias ne sera jamais la liberté de haïr et de diviser. Cette liberté ne sera jamais confondue avec le droit d'empoisonner l'opinion publique.

Lorsque le MRC sera au pouvoir, il garantira la liberté de la presse, la vraie. Celle qui permet de critiquer, de questionner, de révéler les faits. Mais il appliquera aussi, sans faiblir, l'article du Code pénal contre le tribalisme. Car une société qui tolère la haine organisée sous prétexte de liberté finit toujours par devenir la prison de ceux qui y croyaient encore. À propos, si le régime Biya n’avait pas lui-même intérêt à attiser ces tensions, il aurait déjà appliqué cette loi et fermé ces médias ségrégationnistes qui ne connaissent d’autre vocation que la discorde.

Au demeurant, Raoul Christophe Bia peut bien continuer à inverser les rôles. Après tout, peut-on vraiment lui reprocher de s’indigner à contretemps ? Il a simplement appris à prêcher la vertu comme on prêche l’abstinence dans un bordel : avec beaucoup d’enthousiasme, mais un certain manque de crédibilité !

Auteur: Kand Owalski