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Lycée bilingue de New Bell : Entre délabrement et célébration

Thu, 8 Oct 2015 Source: Lucienne Wouassi

Déjà 75 ans d’existence pour le Lycée Bilingue de New Bell. Situé en plein cœur du quartier New-Bell à Douala, l’établissement qui est une œuvre coloniale garde son visage ancien. Il est un peu plus de 10h dans ledit lycée ce mercredi 7 octobre 2015.

Les élèves sont dans leurs salles de classes respectives. Dans la cour, quelques enseignants vont et viennent et un groupe d’élèves vêtu de leur tenue de sport, s’attèle à reprendre dans un mouvement d’ensemble, les gestes de leur professeur.

Le lycée est visiblement grand, de nombreux bâtiments existent dans cette clôture, mais seulement l’état de ceux-ci est frappant. Ce sont donc des murs qui ont perdu leur éclat et leur beauté qui s’offrent à tous ceux qui entrent ici. Le modèle de construction également est ancien, même les toits ont pris un coup de vieux. Comme quoi, 75 ans c’est un peu trop.

Une autre particularité, l’établissement est entouré des marchés. D’ailleurs, les encadreurs en ont la parfaite conscience. «Nous avons fait appel aux autorités pour les nuisances sonores dont nous sommes victimes tous les jours. Nous sommes entourés des marchés qui existent depuis longtemps…», évoque Thamar Eboa, proviseur. Alors que faire?

La rénovation des bâtiments

Pour la célébration de cet anniversaire, les responsables dudit lycée ne veulent qu’une chose, améliorer ce temple qui a vu passer de nombreux cadres du pays. Au cours de la conférence de presse, qui s’est tenue ce mercredi au sein de l’établissement, le proviseur a déroulé le programme des activités et aussi évoqué les priorités.

«Nous voulons accroître la convivialité en vue d’atteindre de meilleurs résultats, améliorer les conditions d’encadrement des élèves», précise-t-elle, ceci à travers la création des espaces verts, des bancs publics et notamment la rénovation des bâtiments. C’est donc le début des activités d’une période de célébration, dont le lancement officiel est prévu pour le vendredi 9 octobre 2015.

Plusieurs articulations sont à l’ordre du jour, entre autres les expositions culturelles, des conférences-débats, carrefour-métier, Atelier de succès stories. «Nous voulons pendant cette période créer l’émulation chez les élèves à travers les carrefours futurs, amener le public à découvrir l’état vétuste dans lequel se trouve notre établissement», décline Dame Thamar Eboa.

Lycée des jeunes filles

Créé en 1940 par les colons, ce lycée figure sur la carte des tout premiers lycées du Cameroun. Dirigé préalablement par le colon Jean-louis, il s’agissait au départ de deux établissements à savoir l’école primaire et l’école supérieure des jeunes filles qui avait pour mission principale l’encadrement de ces dernières. Entre 1948 et 1961, l’établissement devient le collège moderne. Les changements continuent et de 1961 à 1976 on a le lycée des jeunes filles, ensuite de 1976 à 2009, place au Lycée de New Bell.

Et depuis 2009 jusqu’à cette date, c’est devenu le Lycée Bilingue de New-Bell qui compte aujourd’hui près de 4000 élèves. En 75 ans donc, l’établissement qui a vu défilé plus de 14 proviseurs, a connu beaucoup de changements et l’un des objectifs de cette célébration apprend-on est de ramener tous ceux qui y sont passés. «Nous voulons leur montrer le chemin parcouru, ce qu’est devenu l’établissement.

De même nous voulons que notre établissement retrouve son éclat sur le plan de la discipline et infrastructurel», explique le proviseur qui tend la main aux contributions externes et aux annonceurs pour la réussite de cet évènement. Ainsi pour éviter l’interruption de l’action pédagogique, on relève que les activités se dérouleront les mercredis, vendredis et samedis. C’est donc le vendredi 11 décembre 2015 que les activités seront clôturées par une soirée de Gala.

Réactions

Aristide Ekambi, ancien élève : «Nous allons supporter gratuitement les cours de mise à niveau…»

J’ai particulièrement été impliqué dans l’histoire de cet établissement, parce que quand j’arrive on se prépare à célébrer le cinquantenaire. On avait quasiment les mêmes besoins et mêmes problèmes qu’aujourd’hui. En tant que président de l’Unesco en 2004-2005, et président de la coopérative en 2006 avant l’obtention de mon baccalauréat, nous avons commencé justement à défendre les petits espaces verts qui existaient déjà dans le lycée.

Certaines de nos œuvres sont encore présentes. Quand j’arrive ici ce matin pour cette conférence à l’occasion de la célébration du 75ème anniversaire, je suis frappé par les efforts qui ont été faits par les enseignants pour continuer à maintenir ces espaces verts et aussi par l’engouement du nouveau proviseur qui veut poursuivre ce qui a été fait par ses prédécesseurs. Je souhaite que le lycée soit rénové, restauré. Nous avons une association des anciens élèves qui existent depuis trois ans, qui va pendant les congés de Pâques renforcer les efforts des enseignants, en ramenant les anciens élèves.

Parce qu’on a une forte promotion sortie de l’Ecole normale de Maroua, enseignants dans toutes les disciplines qui vont redescendre et supporter gratuitement les cours de mise à niveau pour les enfants qui préparent les examens. C’est l’une des actions qu’ensemble avec le proviseur, nous allons mener pour essayer de rehausser le niveau de nos cadets qui sont dans notre lycée.

Casimir Akono Medjo, élève en première A4 : «Nous sommes tous fouillés au niveau du portail»

J’ai choisi ce lycée à cause de sa proximité et depuis que je suis ici les cours sont bien dispensés. Les professeurs sont présents, car les surveillants s’assurent que tout le monde est là, ils veillent à la discipline. Les difficultés qu’on rencontre dans notre lycée, c’est la rigueur au niveau de la fermeture du portail le matin. Il y a les élèves qui arrivent en retard et se trouvent dans l’obligation de retourner à la maison parce qu’il n’y a plus de possibilités pour entrer. Il y a des salles qui étaient endommagées, mais les travaux ont été effectués.

D’ailleurs depuis que nous avons un nouveau proviseur, il y a beaucoup de sécurité. Nous sommes tous fouillés au niveau du portail le matin, parce que avant il y avait des élèves qui entraient avec les armes blanches et certains voyous entraient également pour arracher l’argent de poche aux élèves et même les téléphones pour ceux qui les avaient. Mais depuis un moment, tout le monde est filtré au portail, et il n’y a plus de craintes.

Auteur: Lucienne Wouassi