Drôle de célébration de la Journée internationale de la démocratie au Cameroun. À cette occasion, lors du lancement de la campagne « Tournons la page » au Cameroun, le Réseau Dynamique Citoyenne a organisé un atelier sur le thème : « Gouvernance électorale et alternance démocratique ».
L’évènement organisé au Palais des Sports à Yaoundé a viré au cauchemar. Les organisateurs s’en sont tout bonnement tiré avec une garde à vue de quinze jours, renouvelable une fois sur ordre du gouverneur de la région Centre. Pas moins ! Il faut craindre pour eux une longue détention préventive.
En effet, quasiment une semaine après son interpellation, la tête de proue, Jean Marc Bikoko reste toujours privé de liberté. Les participants au colloque ont été évacués de force par la police. Puis il y a eu des coups, les appareils de projection ont été endommagés, les caméras et les téléphones des participants et des journalistes arrachés.
Tous ceux qui arboraient les tee-shirts confectionnés pour la campagne sur lesquels était inscrit un slogan pour l’alternance démocratique au Cameroun ont été déshabillés, y compris les femmes.
Une violence inouïe des forces de maintien de l’ordre, dans le sillage de la célébration de la Journée internationale de la démocratie. Les autorités ont beau expliqué que Jean-Marc Bikoko et son organisation n’avait pas obtenu l’autorisation de tenir cet événements, cette brutalité policière est disproportionnée.
Les arrestations qui l’ont suivi et la garde à vue administrative décidée par l’autorité dépassent l’entendement et soulèvent des questions cruciales : Est-il désormais interdit de réfléchir sur l’avenir du Cameroun ? Le débat sur l’alternance au sommet de l’Etat est-il tabou dans notre pays ?
Au delà, pourquoi les manifestations publiques civiles sont-elles systématiquement interdites lorsqu’il s’agit d’interpeller le pouvoir ? Le durcissement du régime inquiète et tend pourtant à se banaliser dans une quasi-indifférence. Hier c’était La Grande Palabre, conférence mensuelle de débat sur les sujets d’intérêt commun, systématiquement interdite par les autorités administratives et les promoteurs harcelés.
Cette initiative citoyenne de débat a été étouffée au point de s’essouffler. Sans être exhaustif, on a aussi vu les autorités administratives, flanquées des forces de maintien de l’ordre prendre d’assaut, pour interdire une réunion, le siège du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, parti politique de l’opposition. En janvier dernier, des syndicalistes ont été arrêtés.
Ils ont passé 15 jours en garde à vue pour « apologie du crime, sédition et activités terroristes ». Ils avaient fait publier un préavis de grève dans lequel ils demandaient la baisse du prix du carburant. A cette ambiance déjà lourde, s’est ajoutée une loi sur le terrorisme.
Dorénavant, toute grève, manifestation publique peut être assimilé à un acte de terrorisme puni… de la peine de mort. Quid des traités et conventions dont le Cameroun est partie, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention contre la torture et autres peines ou traitements et cruels, inhumains ou dégradants ?