Le petit fils de Joseph Kadji De fosso s’est marié il y a quelques jours à Bafoussam, région de l‘Ouest Cameroun. Il épousait la fille d’un richissime homme d’affaire camerounais, tous Bamilékés de la région de l'Ouest.
Pourquoi tant de polémiques sur un mariage traditionnel (Religieux) au point de susciter la réaction irascible par personnes interposées des pontes du régime pour qui les grands évènements doivent se faire à Yaoundé ou à défaut à Douala ? Il est clair que la polémique sur l‘invitation des artistes internationaux n’est qu’un arbre qui cache la forêt. Les Takam II étaient présents, ne sont-ils pas artistes ? Des groupes de danse traditionnels étaient présents, ne sont-ils pas artistes ? Ou tout simplement ils auraient voulu voir parmi les artistes invités des non Bamilékés pour réaliser qu’ils y avait des artistes camerounais ?
Ce Weekend, Sylvestre Ngouchinghe mariait sa fille au petit fils de Gilbert Kadji. Souvenons-nous des années 1990 alors que le tribalisme d’Etat faisait son nid au Cameroun. Gilbert Kadji prenait des positions ou décisions qui rappelaient que les bamilékés sont aussi là, et qu’il fallait compter sur eux comme étant particulièrement des bamilékés, contribuant eux aussi par leur particularisme à l’enrichissement de l’identité nationale commune et non pas comme des camerounais s'effaçant derrière une certaine identité camerounaise universelle mais vide d’une appartenance quelconque à une culture particulière.
Trente ans après, c’est le petit fils de Kadji le traditionaliste vient d’organiser avec faste un mariage traditionnel africain et bamiléké. Il met en scène une culture, une tradition qui avait tendance à être éclipsée par les deux autres formes de mariage qui nous sont venus de l’Occident par la colonisation (religieux chrétien et civil). Une première ! Quand on sait que les plus grosses dépenses et l’invitation des personnalités de marque ont toujours été réservées à l’organisation des célébrations pendant et après (soirée) le mariage à l’église et à la mairie. Le mariage traditionnel se fait de nos jours de façon presque discrète dans un cercle très restreint avec pour seul but de « vite » s’acquitter des obligations traditionnels pour passer plus tard aux choses « sérieuses ».
On le sait très bien, beaucoup disent que le mariage traditionnel est le plus important, mais cela ne se traduit jamais sur le plan des actes. Le désormais couple Kadji nous a ainsi montré comment on organise un mariage traditionnel africain si l’on considère vraiment cette célébration comme étant la partie la plus important de l’officialisation d’une vie maritale. Ils ont fait venir à Bafoussam des artistes Africains de renom et même du côté de nos frères antillais avec le légendaire groupe Kassav.
Organiser et mettre autant de moyens pour une célébration dans une ville non capitale nous rappelle aussi la nécessité de renforcer les identités culturelles particulières du Cameroun pour enrichir la culture commune camerounaise, et la meilleure forme d’état au monde qui concoure à celle de l’Etat fédéral. Sans ce renforcement vital, le résultat sera toujours une sorte de culture camerounaise s’accommodant à une folklorisation des identités particulières et en proie à la menace de la civilisation de l’universel occidental.
« Je suis sure que cette idée vient du petit fils de Kadji, son grand père tout craché » lance un septuagénaire